Pendant que les étudiant-e-s et lycéen-ne-s s’organisent un peu partout contre l’augmentation croissante de la précarisation de leurs conditions d’existence, quelques 100 000 à 200 000 diplômé-e-s de fraîche date, ex-boursie-r-es, peinent à vivre avec la bourse d’Aide à la Recherche du Premier Emploi. Les conditions pour obtenir cette prolongation de 4 mois maximum de leur bourse sur critères sociaux sont strictes : il faut avoir obtenu un diplôme depuis moins de 4 mois, ne pas demander le RSA, ne pas travailler à plus de 78% du SMIC net, et avoir moins de 28 ans. Cette aide, accordée pour la « jeunesse » aux orgas étudiantes dans le cadre de la Loi Travail [1], impossible de l’obtenir directement après l’année scolaire (juin, ou septembre). En effet, il faut d’abord attendre l’obtention du diplôme pour faire la demande, et une fois la demande validée, le versement du CROUS.
Or, il faut généralement plusieurs semaines voire plusieurs mois aux administrations pour délivrer leurs attestation de diplômes aux étudiant-e-s, qui ne touchent pas de bourse en été. Pour celles et ceux qui finalisent un Master ou équivalent, et doivent rendre un mémoire, il est risqué de travailler à temps plein ou partiel, au moment même où toute leur attention doit être focalisée sur la réussite de leur diplôme. Pas qu’on soit spécialement favorable au système scolaire et à son fonctionnement actuel, mais force est de constater que celleux qui peuvent se reposer sur une aide familiale pour se concentrer sur leur diplôme ont plus de chance d’arriver à leurs fins [2].
Il faut donc compter environ cinq mois sans revenus avant de voir la couleur de cette aide subsidiaire de quatre mois seulement ! Elle est pourtant censée aider les jeunes diplômé-e-s à trouver un emploi dans de bonnes conditions : autrement dit, leur permettre de rester dans leur logement, et de survivre le temps de trouver un boulot stable, le temps de « se retourner », en gros.
Le fait est que s’il y a bien un moment où il est encore plus dur de travailler pour les étudiant-e-s c’est pendant les périodes d’examens, de rédactions de mémoires et dossiers. Certain-e-s vont donc risquer de rater leur diplôme en travaillant, en prévision du moment où ils n’auront plus de bourse ; quand d’autres ne prendront pas ce risque mais seront sans ressources aucunes dès le mois de juin (c’est-à-dire plusieurs mois avant la fin de leur année scolaire, pour les étudiant-e-s en Master qui souvent rendent leur mémoire en septembre/octobre !). Notons que si le versement de l’ARPE ne survient pas dans la continuité de la bourse scolaire, les étudiant-e-s ne peuvent logiquement pas continuer de payer leurs loyers.
La logique induite par cette bourse est donc de trouver-un-travail-pendant-ses-études-qui-permettra-de-trouver-un-logement-et-de-survivre-en-attendant-de-trouver-un-vrai-travail… En fait, cette aide sociale ne change rien aux galères qu’elle serait censée éviter : échec au diplôme, perte du logement, retour chez les parents, endettement...
Mais en plus d’infliger tant d’embûches à celles et ceux qui comptent sur cette aide, les bourses de 300 000 étudiant-e-s [3] parisien-ne-s n’ont tout bonnement pas été versées par le CROUS depuis le mois de janvier, faute de fonds disponibles.
Généralement versées les deuxième ou troisième semaines du mois, elles n’ont pas été versées ce mois de janvier 2018, et pour l’instant, aucun virement n’est prévu. Depuis la mi-décembre, c’est donc autant d’étudiant-e-s qui doivent être sans ressources à moins qu’ils ou elles travaillent. Un retard qui a du légèrement compliquer le début de l’année de milliers de personnes ; qui n’a pas été annoncé, et en a inquiété plus d’un-e. Au téléphone, on nous explique que les versements devraient avoir lieu en février, mais qu’il n’est pas possible de savoir quand…
Une mesurette de plus pour calmer les esprits qui peine à correspondre à ses effets d’annonce ! Face à l’évidente précarité de cette situation, réclamons le versement des bourses au plus vite ! Déboursez pour les boursiers !!
Une ex-boursière dans la misère