Rénovation urbaine, vidéosurveillance et gentrification : que restera-t-il de Nanterre après le Grand Paris ?

Acte 1 des débats critiques sur la rénovation urbaine à Nanterre : Le Petit Nanterre.

Au coeur de la transformation d’un des quartiers emblématiques de Nanterre, réflexion avec des auteurs et des acteurs de la lutte contre les projets de rénovation urbaine, bulldozer de la destruction des villes populaires et des luttes urbaines, outil de destruction massif de la politique dans la cité.

samedi 03 octobre à 15h, au centre social Valérie Méot (Petit Nanterre)

Que restera-t-il de Nanterre avec le Grand Paris ?

Premier acte des débats autour d’une rénovation urbaine à marche forcée à Nanterre.

Avancée de la Défense à toute vitesse, expulsion des indésirables sur ce qui reste d’espaces informels, gigantisme des constructions et des axes, clôture et invisibilisation des anciennes cités HLM par la hauteur des nouveaux projets, explosion des prix de l’immobilier et locataires prisonniers d’un marché empêchant tout déménagement, décohabitation…

Récurrent, voire évident et partout le même, le processus de rénovation urbaine atteint à Nanterre un degré et une accélération à la limite du caricatural, malgré la mise en avant des redistributions sociales par la municipalité postcommuniste ou sa négociation d’un plan d’occupation des sols imposant à tout nouveau projet 60% de logements dont 40% de logements sociaux. Mais à quel prix ? Celui, évident une nouvelle fois, du remplacement de populations, d’une gentrification de la ville populaire en voie de disparition et de séparation : vieux-centre vidé en quelques années de ses résidents désargentés, invasion des classes supérieures et de la petite bourgeoisie de l’ouest parisien au détriment des employés et ouvriers. L’emploi explose dans une ville où l’on compte désormais plus de 120 000 emplois pour 90 000 habitants mais avec un taux de chômage souvent inchangé dans les grands quartiers d’habitat social. Cherchez l’erreur.

Touche particulière, là où le changement brutal peut parfois faire débat voire conflit, le débat est ici absent. Comme silencieux. Peu de contre projets, de débats et d’alternatives face à une communication parfaitement rôdée. Faire place nette. Après la stigmatisation (des bidonvilles, de la galère des années 1980 ou de la banlieue ouvrière), la rénovation. Chacun doit y trouver son compte et se réjouir d’un Nanterre à l’image rehaussée. Au sens propre, revalorisé, comme celui de sa valeur sur le marché, ses trois ou quatre nouvelles gare et centres commerciaux à venir, multiplex.

Exemplaire : dans le quartier le plus populaire et à l’histoire aussi chargée que le « Petit Nanterre », emblématique des bidonvilles des années 1960 et d’une ville communiste dès cette époque coupée des logements spéciaux pour immigrés (bidonvilles, foyers, cités de transit, d’urgence), aux rénovations précoces dès la fin des années 1970, la rénovation transforme en quelques mois le quartier en jolis carrés colorés inaccessibles. Sans que les habitants aient leur mot à dire. Voire qu’ils aient tout simplement le temps de le dire, vue la vitesse des travaux.

Quoi de mieux, pour un premier acte sur la rénovation, que d’intercaler une réflexion critique entre deux procédures de « consultation des habitants » dans ce quartier. « Consultation » alors que le projet a déjà largement changé l’espace et que tout semble en grande partie « acté ».

Au menu : réflexion sur cette transformation des villes avec Jean-Pierre Garnier et débat sur les moyens d’agir et les expériences différentes face à la rénovation avec des membres du Journal Charivari, le journal qui déboite la rénovation urbaine, basé à Ivry.

La rencontre se tiendra grâce à l’aimable accueil d’un des centres sociaux associatifs de la ville qui continue de prolonger pour sa part la solidarité qui résiste au Petit Nanterre et qui se retrouve en première ligne depuis l’été dans l’accueil et le soutien aux réfugiés explusés de La Chapelle, de la mairie du 18e ou d’Austerlitz et maltraités dans l’hôpital-prison pour sans abri où ils ont été balancés, comme souvent, bien loin, et invisibilisés.

Débat organisé par la CNT Nanterre et la librairie autogérée et itinérante.

Note

Pour lancer une lutte contre les grands projets inutiles et déshumanisants sur Nanterre, même s’ils paraissent bien avancés et qu’on se sent impuissants face à l’avancée : ledesautorisant@gmail.com

Localisation : Nanterre

À lire également...