Rapide remarque sur la mobilisation à la fac : le noyautage, frein à la mobilisation.

Voila un petit texte pour raconter de manière succincte comment le NPA a (déjà) réussi à inhiber toute volonté de lutte dans deux universités, Saint Denis 8 (Paris 8) ainsi que Tolbiac (Paris 1).

Petit communiqué sur de récents évènements s’étant déroulés à Paname dans un contexte de mobilisation.

Voilà, c’en est trop, comme d’hab’. Comme d’hab’ c’est toujours la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Certes, des choses bien plus graves méritent de l’attention, de la mobilisation mais le contexte politique sur les universités de Paris et sa banlieue impose quelques dénonciations de récupération politique.
Non, non ne sera pas abordée ici la question de l’UNEF, de ses magouilles lors des diverses élections aux conseils centraux des universités, à ses tristes négociations se faisant discrètement avec le gouvernement. Les premiers et premières act-eur/rice-s de cette pratique sont bien évidemment… TADAAA ! Vous allez voir.

Pour contextualiser rapidement et de manière tristement schématique : Depuis la mobilisation des gilets jaunes qui occupe de manière omniprésente les médias, une nouvelle lutte est venue agiter le paysage des revendications du dit « pays des droits de l’homme ». En clair l’augmentation des frais d’inscriptions pour les étudiant-e-s étrang-er/ère-s hors Union Européenne. Ajoutez à cela la mobilisation des lycées contre la loi ORE et contre Parcoursup.

La réaction de la communauté militante étudiante à été assez vive sur Paris, avec déjà plusieurs rassemblements et manifs sauvages (faites et encore prévues) devant Campus France, à Saint-Michel et dans les beaux quartiers etc. Ajoutez à celà le nombre de lycées bloqués, les étudiant-e-s et lycéen-ne-s manifestant les samedi aux côtés des gilets jaunes et bien souvent avec des banderoles et des cortèges revendiquant spécifiquement la fin de cette taxe raciste. Des étudiant-e-s autonomes de Saint Denis 8 sont, mardi matin, partis aider les lycéen.ne.s à bloquer, leur filer des tracts anti-répression etc.

Très simplement au bout de ces (plus ou moins de mémoire) deux semaines de mobilisation, un constat s’impose. De moins en moins de personnes aux rassemblements devant Campus France, en manif étudiant-e-s alors que les lycées, eux, continuent de se mobiliser contre la loi ORE et Parcoursup. Comment cela se fait-il ? Les étudiant-e-s seraient-iels moins solidaires ? Certainement pas.

Une des tristes raisons est plutôt la stratégie de récupération politique et de noyautage des luttes mise en œuvre, et je dois dire d’une rare efficacité en matière de sabotage, par le NPA.
En effet, on constate que tous les messages, toutes les déclarations, toutes les tirades en AG, tous les actes des membres du NPA, quelle que soit l’université en question, répondent à la même logique, se font écho, tendent vers les mêmes objectifs quel que soit le contexte des universités spécifiques. Ces évidentes stratégies de parti montrent bien l’intérêt propre du NPA à faire croître ses propres rangs, à recruter et à rameuter les étudiant-e-s dans telles ou telles manifs n’ayant rien à voir avec leurs revendications initiales. Et tout cela avant même de penser à l’intérêt général et ici, à celui des étudiant-e-s étranger-e-s, juste pour tendre vers la « convergence des luttes »… « Convergence » : sur les universités, mot utilisé uniquement, et à tout bout de champs, par le NPA, pour justifier de manière absolue n’importe qu’elle décision.
Cette convergence, toujours à sens unique (demander aux lycées d’aller dans les facs, demander aux dyonisien.ne.s [1] d’aller à Paris) ne fait qu’invisibiliser les revendications étudiantes.
Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, aller en tant qu’étudiant-e-s soutenir un secteur en lutte, qu’on ait un lien direct avec ou pas c’est très bien, je n’ai pas à juger de ça. Mais utiliser une mobilisation étudiante, une cause bien précise comme « levier » (terme employé par un membre du NPA « CCR » de Saint-Denis 8 ») pour leur « mobilisation plus large » c’est ignoble.

De manière plus précise et à titre d’exemple, cette semaine (la semaine du 10 décembre), plusieurs étudiant-e-s des université de Paname ont bloqué l’accès à leurs sites. Pertinent ou pas (là n’est pas la question) le NPA a soutenu, appelé aux blocages et craché sur le blocage presque un jour sur deux (et des jours étrangement bien spécifiques).

Voyons ça ensemble.

Mardi 11, 6h30, devant Saint Denis 8, un petit groupe se retrouve pour bloquer la fac. Pas assez nombreu-x/ses, iels se décident à prêter main-forte aux lycéen.ne.s de Saint Denis. Parmi ces étudiant-e-s, que des autonomes, aucun membre du NPA pourtant présent-es au comité de mobilisation de Paris 8 Saint-Denis de la veille.
En effet, lors de ce comité de mob, le blocage est avancé pour les raisons que le nombre de dyonnisien.ne.s allant en manif étudiant.e.s diminue depuis la semaine dernière ; que lundi 10 la présidence à annoncé qu’elle ne soutiendrait aucune banalisation de cours ; et surtout qu’il y a une manif lycéenne et étudiante à midi à Saint-Michel.
Les membres du NPA qui n’avaient pas lancé l’idée critiquent alors l’idée du blocage, la tension monte, le CCR invoque la « légitimité souveraine des AG » etc etc.

À Paris 1 Tolbiac, pour mercredi et jeudi, le NPA (via son asso le Poing levé) ne se mouille pas et se prononce pour des blocus partiels (iI est amusant de noter que lors des blocus de Tolbiac cette semaine, les membres NPA ont pu être vus posés avec leurs ordis couverts d’autocollants « mai 68 » devant leurs camarades non-encartés qui elleux s’activaient). Mercredi le NPA n’a donc aucunement aidé les autres militant-e-s sur leur université.

Pourtant, à Paris 8, lors de la dernière AG, qui propose le blocage de Vendredi ? Vous l’avez… Oui ! Le NPA. Pareil pour Paris 1.
Mais alors pourquoi pas mardi ? Pourquoi pas jeudi alors qu’il y avait un rdv devant Campus France ? Pourquoi ?
La convergence des luttes. Emmener dans x manifs qui n’ont rien à voir un mouvement qui ne s’est même pas encore affirmé.

Si je puis me permettre d’ajouter un mot : à leur initiative, ces dernier-e-s se mobilisent notamment au travers d’un assemblée générale inter-facs (avec délégation), iels fétichisent les assemblées générales et condamnent fermement toute action autonome, n’émanant pas des AG (sur lesquelles le NPA n’a aucun contrôle). En bref, si vous voulez contrer toute volonté d’initiative, de mobilisation et de solidarité prenez votre carte au NPA.

Voilà flemme de ces méthodes bureaucratiques pétées.

Notes

[1Dyonisien-ne-s : habitant-e de St Denis.

Localisation : région parisienne

À lire également...