Polémique du burkini : de l’infantilisation des femmes musulmanes

Comment au-delà de la violence du racisme et du sexisme d’État, le débat autour du burkini nous révèle encore une fois le traitement inégal des femmes face à la liberté de faire leurs choix, de contrôler leurs corps et d’être considérées comme des adultes à part entière dans un climat ambiant d’islamophobie institutionnalisée.

Une femme musulmane est un mammifère bipède, caractérisé par la présence d’un télencéphale hautement développé et du pouce opposé, un être humain en somme. Son télencéphale hautement développé lui permet notamment de prendre des décisions. Une femme musulmane voilée a effectué deux choix : croire en un Dieu et ne pas exposer son corps et ses cheveux aux yeux des autres dans le cadre de sa religion. Certaines femmes voilées ont également fait le choix d’aller à la plage.

Un homme blanc est un mammifère bipède, caractérisé par la présence d’un télencéphale hautement développé et du pouce opposé, un être humain en somme. Certains hommes blancs se permettent de remettre en cause les décisions de ces femmes musulmanes et veulent les empêcher de porter le burkini pour aller à la plage tout en respectant leurs convictions religieuses.
De quel droit ? Aucun.
Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’ils sont incapables d’imaginer 30 secondes la violence que peut ressentir une femme lorsque le pouvoir de l’État s’abat sur son corps et tend à réduire à néant son libre arbitre. Ces hommes blancs qui se permettent d’ignorer cette violence nous parlent en revanche de la prétendue violence qu’ils ressentent face à des femmes qui se voilent après des années de combat de libération de la femme. Mais ces hommes blancs, sous couvert de « féminisme », sont avant tout sexistes et racistes : ils considèrent les femmes voilées, des mammifères bipèdes, caractérisés par la présence d’un télencéphale hautement développé et du pouce opposé, des êtres humains donc, comme des enfants irresponsables, inaptes à prendre leurs propres décisions, assurément soumises et qu’il faudrait libérer d’une forme de domination. Sauf que dans ce cas, le seul oppresseur, c’est eux.

Manuel Valls est un mammifère bipède, caractérisé par la présence d’un télencéphale hautement développé et du pouce opposé, un être humain en somme. Malgré le rapport du Conseil d’État invalidant les arrêtés anti-burkini, dénonçant donc au-delà de leur sexisme et leur racisme, l’illégalité de ces arrêtés portant gravement atteinte aux libertés fondamentales, cet être humain continue de les défendre, dénonçant le burkini comme un « symbole d’un islamisme mortifère ».
Pourquoi ? Peut être parce que le télencéphale hautement développé de Manuel Valls est déficient. Autrement, l’amalgame entre des femmes qui ont fait le choix de croire en un Dieu, de porter le voile et de ne pas exposer leur corps aux yeux d’autrui dans le cadre de leur religion puis d’aller à la plage tout en respectant leurs convictions, avec des barbares qui tuent aveuglément au nom d’une idéologie qui n’a rien à voir avec l’islam, lui serait automatiquement apparu comme obscène, haineux et incroyablement dangereux.

Note

Pour celleux que ma définition de l’être humain intrigue, je vous renvoie au court-métrage Ilha das Flores réalisé par Jorge Furtado en 1989 (pas mal aussi en terme de prise de conscience) :

Mots-clefs : islamophobie

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