Cet échange de tweets est assez révélateur des mythes qui entourent l’arrivée des nazis au pouvoir et du régime qui l’a précédé : la République de Weimar. Jamais Hitler n’est arrivé au pouvoir par la voie démocratique. Autrement dit, jamais il n’a été élu chancelier. Les chanceliers étaient nommés. C’est Von Papen qui proposa sa nomination à Hindenburg ; celui-ci finit par l’accepter après y avoir été longtemps réticent. Hitler arriva même au pouvoir alors que son parti subissait un reflux électoral. Von Papen fut d’ailleurs traduit devant le tribunal de Nuremberg en 1945 et, fait notable, fut acquitté malgré l’opposition des Soviétiques à cet acquittement.
Quand le SPD réprimait la révolution allemande et instrumentalisait les corps francs
Certes, le KPD (parti communiste allemand) mena occasionnellement des actions communes avec le parti nazi contre des meetings du SPD, le parti social-démocrate allemand. Mais, lorsqu’on prétend se pencher sur l’accession d’Hitler au pouvoir, on ne peut faire l’économie de considérer ce qui s’est passé en Allemagne après la première guerre mondiale. En 1918, les marins de Kiel, refusant de se lancer dans une nouvelle opération militaire, allumèrent la mèche de la révolution allemande. Le ras-le-bol de la guerre et des conditions sociales qu’elle générait, ainsi que l’exemple de ce qu’on appelle la révolution russe, conduisirent une partie significative de la population allemande à se mobiliser, à exiger l’arrêt de la guerre et à exprimer la volonté de donner le pouvoir aux travailleurs. L’empereur allemand Guillaume II abdiqua, mais la signature de l’armistice ne calma pas les esprits. Bien au contraire, les volontés révolutionnaires continuèrent de s’exprimer.
Ce fut le parti social démocrate qui prit le pouvoir en novembre 1918. Ebert fut nommé (et non élu) chancelier. La République de Weimar vivait ses premières journées. Noske fut le ministre de la guerre du gouvernement. Le rôle politique du SPD au pouvoir fut de mater et briser l’élan révolutionnaire porté notamment par les spartakistes (KPD) et les conseils ouvriers de Bavière. Pour ce faire, le SPD s’appuya sur la multitude de corps francs composés essentiellement de soldats démobilisés voulant à tout prix faire rendre gorge à ces « maudits rouges qui étaient la cause de la défaite allemande » [...] .
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