Chantier d’analyse de classe (2e session)

Le vendredi 19 novembre s’est tenue à Paris la première discussion publique d’un chantier collectif d’analyse de classe, qui se veut régulier et ouvert, et donnera lieu à un compte-rendu disponible dans le mensuel Courant Alternatif. Nous invitons toute personne intéressée à nous rejoindre au prochain rendez-vous (« Définir le prolétariat à partir de ses luttes »), à nous contacter, à nous envoyer des textes d’analyse... Rendez-vous le 28 janvier 2022 à 19h dans les locaux de l’école émancipée.

Chers camarades, chers compagnons de lutte,

Comme nous l’avons décidé collectivement à la fin de la rencontre du 19 novembre, nous poursuivrons ensemble notre chantier d’analyse de classe le vendredi 28 janvier.

Nous avons tous fait le constat que cet espace ouvert avait permis d’ébaucher des liens entre des personnes d’horizons divers partageant une même base de pratiques de lutte, d’élaborer collectivement et convivialement un discours matérialiste de classe, et de nous donner un horizon pour une étape ultérieure.

À la suite de ces échanges, nous avions donc prévu de poursuivre ce chantier en partant de nos expériences et analyses de luttes concrètes. « Définir le prolétariat à partir de ces luttes » sera donc le thème de la discussion du 28 janvier.

Nous espérons vous y retrouver (encore plus !) nombreux !

Pour les personnes présentes et pour celles qui nous rejoignent en cours de route, vous trouverez ici (et dans Courant Alternatif) un compte rendu de la première discussion ainsi qu’un texte qui repose la question des objectifs de ce chantier.

Salutations libertaires,

Pourquoi ouvrir une série de débats sur l’analyse de classe ?

Nous n’avons pas besoin de ce chantier ni de tellement d’analyses pour savoir que le capitalisme est synonyme de misère, de chômage, de précarité, de destruction de la planète, de guerres, d’oppressions de toutes sortes (patriarcat, colonialisme, racisme…). Et nous n’avons pas besoin de ce chantier pour dénoncer tous ces maux, nous le faisons déjà au quotidien. Nous n’en avons pas besoin non plus pour rejoindre et renforcer dans la mesure de nos moyens les mouvements de résistance.

Alors que cherchons-nous ?

Tout d’abord, le capitalisme semble faire preuve de remarquables facultés de résilience et d’adaptation. Souvent donné pour moribond, il semble chaque fois renaître plus fort de ses cendres. Mis en faiblesse par les résistances populaires armées au fascisme au sortir de la seconde guerre mondiale, il s’est adapté en achetant la paix sociale par un compromis, le compromis fordiste, à la base de la croissance des « trente glorieuses », époque de conquêtes ouvrières (retraite, sécurité sociale, CDI, mensualisation, etc.). Dès qu’il l’a pu, il a rompu avec ce compromis à la suite de la « crise pétrolière », à coup de mondialisation, offensive libérale, dérégulation, et surtout grâce au pouvoir croissant de la finance. Depuis des années, nous (dans un sens large, allant jusqu’aux réformistes et aux syndicats) allons de défaites en défaites, et vivons une régression sociale très importante par rapport à la période des 30 Glorieuses, sans être pour autant (pour le moment) retombé·es dans la misère ouvrière du 19e siècle, du moins dans les pays développés. Il faut avoir ce temps long en mémoire si on ne veut pas tomber dans le piège du regret de la période de croissance bénie, regret qui mène dans une impasse, celle de se réfugier dans le giron d’un État protecteur mythifié, sans compter que cette croissance ne peut qu’aggraver la destruction de la planète. Si on veut combattre efficacement le capitalisme, il faut le connaître et en comprendre le fonctionnement.

Notamment, une de ses forces, c’est qu’il a toujours su s’appuyer sur nos divisions, nous ne parlons pas seulement ici des divisions idéologiques, mais des divisions en terme de situations matérielles réelles. À la fin du 19e siècle aux États-Unis, le taylorisme a été inventé pour casser les syndicats blancs en embauchant de la main d’œuvre noire ou immigrée non qualifiée. Il a été introduit en France à la faveur de la 1re guerre mondiale pour utiliser la main d’œuvre féminine et coloniale. Le capital a toujours su s’appuyer sur l’existence de plus déshérité·es (existence dont il est responsable évidemment) pour saper les conquêtes qu’il avait été obligé de concéder, et s’il a pu si bien et si facilement le faire, c’est aussi parce que ces déshérité·es étaient méprisé·es et laissé·es de côté par les prolétaires mieux lotis qui avaient su s’organiser. Rappelons que jusqu’au début du 20e siècle, beaucoup de syndicats CGT en France, sous l’influence des proud’honiens, refusaient l’adhésion des femmes, voire avaient une clause d’exclusion des syndicalistes dont les femmes travaillaient. Si nous voulons être efficaces contre le capital, il ne suffit pas de brandir le slogan (vrai) de l’unité de classe, d’un intérêt commun contre le capital. Il nous faut aussi avoir une idée de l’état réel des situations, pour être capables de montrer que la solidarité n’est pas un sentiment moral, c’est une nécessité de lutte.

Il y a une autre direction qui motive ce chantier. Nos idées ne « parlent » aux prolétaires à qui nous nous adressons que si elles sont en phase avec ce qu’ils et elles vivent, si elles s’appuient sur leur réalité. Sinon, ce sont de grandes phrases creuses. Et pour les grandes phrases creuses, les politicien·nes et démagogues de tout poil sont bien meilleur·es et bien plus professionnel·les que nous. Or, la majorité d’entre nous n’ont pas les deux pieds ancrés dans la réalité ouvrière. Ceci nous oblige à un travail d’enquête pour nous mettre au fait des choses. Ce n’est pas en criant plus fort que les autres que le capitalisme c’est la misère que nous avancerons d’un pouce vers le schmilblick. Au fond du misérabilisme, il y a du mépris pour les victimes du capitalisme. Personne ne supporte le mépris, et surtout pas ceux et celles qui sont prêt·es à se révolter.

Groupe Île-de-France de l’Organisation Communiste Libertaire

Vous pourrez retrouver ci joint le compte rendu du débat qui a eu lieu en Novembre dernier :

Compte rendu du débat d’analyse de classe

Note

8 impasse Crozatier, 75012 Paris. Métro Gare de Lyon ou Faidherbe.

Localisation : Paris 12e

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