Jeudi 24 mai dans la nouvelle salle des pas perdus, au TGI des Batignolles, sur les visages des parents de lycéen.ne.s arrêtées mardi 22 au lycée Arago après la manif des fonctionnaires, il y avait notamment l’incompréhension et la colère : mais quel est donc ce traquenard dans lequel ils et elles sont tombé.e.s ?
Une vieille idée (de gauche) court depuis les années 1968 : il faut rendre manifestes et visibles la violence policière et la brutalité de la répression, car alors, la population les condamnera et s’y opposera. Mais depuis ? Combien d’encagé.e.s ? Combien de mutilé.e.s ? Combien de tué.e.s ? C’est à pleurer de rage, mais la guerre sociale ne connaît qu’un vainqueur : l’État et ses soutiers (AFP, juges et flics, liste à compléter). En tout cas, pour le moment ! Et tout grain de sable est bon à essayer pour enrayer la surpuissance d’État !
Hier et aujourd’hui, dans les commentaires sur l’événement #Arago, on lit toujours les mêmes mots : « violences policières démesurées », « matraquages non-réglementaires au niveau du visage », « caractère arbitraire et souvent injustifié (sic) des interpellations », « abus (sic) d’autorité sur mineurs », … Mais qui voudrait d’un coup de tonfa qui serait « réglementaire » ? d’une répression policière qui ne serait pas « aveugle », mais « éclairée », « bien guidée » ? et d’une violence d’État qui serait « mesurée », « proportionnée » ?! Ou, tout simplement, de l’exercice d’une « autorité » qui ne serait pas abusif ?!
Depuis quelques jours à Paris, mais peut-être aussi dans d’autres villes, un tract circule, dont la proposition est hyper simple : bloquer le bac.
L’idée est excellente ! Sur le plan pratique, d’abord : les centres d’examen (= les lycées) sont très nombreux et répartis partout dans les académies : autant de lieux d’action possibles, qui ne pourront pas tous être occupés massivement par la police (une situation inverse du 22 mai, où le seul lycée Arago concentrait l’action à l’endroit même d’une présence policière massive).
Les modalités d’action sont infinies : refus de composer, boules puantes, alarmes incendie, coupures d’électricité, refus de surveiller, blocage physique de l’accès au bâtiment, refus de corriger, … Empêchements divers et variés, qui ne nécessitent pas tous d’être réalisés par beaucoup de personnes à la fois.
L’idée est aussi excellente, car si l’Education nationale est la première école de la citoyenneté, le bac en est le passage rituel. Bloquer le bac, c’est aussi refuser la paix citoyenne, qui se paie toujours de combien d’enfermé.e.s ? combien de mutilé.e.s ? combien de tué.e.s ?