Ni label ni prison

Le 30 septembre 2020 a été inauguré le label PEPs : "Produit en Prison" que le ministère de la justice et l’agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle ont eu l’audace de créer. Les entreprises labélisent ainsi leurs produits lorsqu’ils ont été fabriqués par des prisonnier.e.s. Ce label, qui se présente comme « solidaire et inclusif » labélise dans les faits l’exploitation du travail de personnes qui sont déjà précaires.

Le Genepi dénonce le label Pep’s qui sert uniquement à justifier et à légitimer le système carcéral. C’est un effet de communication de plus pour cacher la machine oppressive et destructrice qu’est la prison.

prison = lieu d’exploitation

Le label dit vouloir « revaloriser l’image du travail pénitentiaire » alors que la réalité des conditions de travail pénitentiaire est scandaleuse. En effet, dans cette zone de non-droit social, il n’y a pas de contrat de travail, ni d’indemnité en cas de chômage technique. Par ailleurs, le travail en prison n’ouvre pas de droits aux allocations chômage. Les arrêts maladie et la reconnaissance des accidents du travail n’existent pas, et il n’y a pas non plus de médecine du travail. L’encadrement de la durée du travail est une illusion et il n’y a pas de jour de repos garanti. Il n’y a pas non plus de revenu minimal indexé au smic horaire. En théorie, la rémunération varie entre 20% et 45% du smic horaire, mais la plupart du temps les détenuEs sont payéEs à la pièce, au mépris de la loi. La cotisation pour la retraite ne se fait pas non plus selon les mêmes règles que dans le droit commun : pour chaque année travaillée, unE actif.ve valide 4 trimestre contre 1 à 3 pour les détenuEs. Enfin, il n’y a pas de droits syndicaux : les détenuEs ne peuvent pas faire valoir leurs droits au risque de représailles de l’administration pénitentiaire. Cette exploitation des travailleurs et des travailleuses au service du profit est organisée par l’État et est permise par un ministère de la Justice vantant non sans cynisme la « souplesse », la « réactivité » et la « disponibilité totale » des personnes détenues. Cette exploitation de la main-d’œuvre carcérale par des entreprises privées se fait sous couvert de « réinsérer professionnellement » les détenuEs. La réinsertion est une des rhétoriques utilisées par l’État pour justifier son système répressif. Pourtant, la simple existence de la prison — dont l’objectif et l’effet est de marginaliser les personnes détenues — rend le concept de "réinsertion" profondément hypocrite.

Le travail carcéral : outil de contrôle social

En prison, le travail est utilisé comme un outil de gestion de la détention et comme un moyen de contrôle social par l’administration pénitentiaire, qui décide de qui a un travail, de qui peut le garder et de quel travail il s’agit, sans avoir à se justifier de ses décisions. Les remises de peines supplémentaires sont entre autres conditionnées par le fait de travailler ou non : le travail carcéral permet donc de facto d’être libéré plus vite. Pourtant, unE détenuE sur quatre a accès au travail, ce qui oblige à la fois les détenuEs qui ont accès au travail et celleux qui cherchent à y avoir accès à ne pas se révolter. Ce travail est par ailleurs bien souvent nécessaire pour survivre en prison, car la vie en prison coûte cher  : tout ce qui n’est pas considéré comme strictement nécessaire par l’administration pénitentiaire (qui leur donne des repas immangeables et un kit d’hygiène qui n’est jamais suffisant) doit être acheté au prix fort par les détenuEs, qui perdent les aides sociales qu’iels pouvaient avoir dehors et que les familles, souvent extrêmement précarisées par la perte d’un revenu, ne peuvent pas toujours soutenir.

Le capitalisme au feu, les prisons au milieu

La prison profite à l’État et aux grandes entreprises, c’est un maillon essentiel du capitalisme. D’abord, l’État criminalise stratégiquement certains moyens de production (deal, travail du sexe…) et de répartition des richesses. Le système prison-justice va jouer un rôle clé de marginalisation des classes populaires et notamment des personnes racisées de classes populaires qui composent la majorité des détenuEs. Une fois en prison, la force de travail des détenuEs est réappropriée par l’État et les grandes entreprises afin de se faire de l’argent sur leur exploitation.

Nous, militantes anticarcérales, dénonçons l’exploitation en taule par l’état et les entreprises privées

Contre l’exploitation et l’enfermement
ni label, ni prison

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