Quatre incendies volontaires se sont déclenchés ces derniers jours dans le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot. Parmi les trois qui ont eu lieu dans le CRA n°2, le plus violent s’est propagé samedi après-midi, deux camions de pompiers et un hélicoptère ont alors été réquisitionnés, l’incendie ayant fait au moins quatre blessés. Les deux autres ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi. Dans le CRA n°3, le feu a pris dans la soirée de dimanche.
Le CRA du Mesnil-Amelot est une fiction administrative qui regroupe dans une même enceinte deux centres, avec dans un bâtiment attenant un tribunal délocalisé. C’est le plus grand CRA de France situé stratégiquement au pied des pistes de l’aéroport de Roissy. Toute la violence de la politique d’enfermement et d’expulsion menée par l’État à l’égard des personnes étrangères s’y cristallise.
Suite au premier incendie, les femmes enfermées au CRA n°2 ont été transférées vers le CRA de Paris – Cité, certains hommes l’ont été vers le CRA n°3 ou celui de Palaiseau, d’autres personnes que l’administration ne pense pas parvenir à expulser ont été libérées. La soixantaine d’hommes toujours enfermée est désormais regroupée dans les deux bâtiments encore ouverts et accessibles, dont celui de la zone femme-famille où le chauffage ne fonctionne pas correctement.
Deux personnes soupçonnées d’être à l’origine du premier départ de feu de samedi ont été hospitalisées. Elles auraient toutes deux été placées en garde à vue pour comparaître devant la justice suite aux dégradations.
L’administration a jugé utile de priver toutes les personnes enfermées de leur droit de recevoir des visites, et ce depuis samedi. Elles sont ainsi plus isolées que jamais, alors même qu’elles viennent de vivre une expérience traumatisante qui s’ajoute au caractère anxiogène de la privation de liberté. Par ailleurs, les effets personnels restés dans les bâtiments qui ont pris feu sont inaccessibles y compris pour les quelques personnes libérées.
Les CRA prennent régulièrement feu suite aux actes de désespoir des personnes enfermées [1]. Mais celles-ci sont les premières victimes de cette violence institutionnelle. La Cimade demande la libération immédiate de toutes les personnes actuellement encore retenues au CRA du Mesnil-Amelot.
L’obsession sécuritaire qui guide la politique menée par le gouvernement à l’égard des personnes étrangères doit cesser. Elle ne fait que générer violence et désespoir. Une autre logique doit voir le jour avec la fermeture de tous les lieux d’enfermements : centres et locaux de rétention administrative.