Entiérement pompé du blog Quartiers Libres
Le 26 mai 1967, une réunion de négociation entre le patronat et la délégation syndicale de l’UCGT [1] se tient à la chambre du commerce de Pointe-à-Pitre.
La foule est venue en masse pour soutenir les revendications des ouvriers. Les négociations ont lieu la veille de la commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe. La rumeur selon laquelle les négociations ont échoué ainsi qu’une phrase prononcé par un des patrons
« Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail ! » se propage.
Les gens présents sur place se révoltent.
Les CRS tirent. L’une des premières victimes des tirs est Jacques Nestor militant indépendantiste du Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe.
Les émeutes durent trois jours. Aujourd’hui on ne connaît toujours pas le bilan exact de la répression.
Il n’y a que 8 morts recensées officiellement : Jacques Nestor, Ary Pincemaille, Olivier Tidas, Georges Zadigue-Gougougnan et Emmanuel Craverie sur Pointe-à-Pitre, Jules Kancel, Aimé Landres, Camille Taret pour la commune des Abymes.
On estime à plusieurs dizaines le nombre de personnes tuées par les forces de l’ordre durant ces trois jours de révolte.
Des dizaines militants syndicalistes et politiques et de participants à la révolte sont traqués, arrêtés, jugés et emprisonnés.
18 leaders indépendantistes du G.O.N.G sont jugés à Paris l’année suivante. Aimé Césaire et Jean Paul Sartre assistent au procès en soutien aux militants accusés à tort d’avoir fomenté les évènements des 26, 27 et 28 mai 1967.
Puis, c’est la chape de plomb.
Ce ne sera qu’en 2017 et la déclassification du secret défense de l’affaire soit 50 ans après, que les familles pourront peut-être connaitre la vérité. Les archives des hôpitaux et des services publics ont été détruites par les autorités afin que rien ne filtre.
Il n’y a plus de présence de Compagnies Républicaines de Sécurité en Guadeloupe après ce drame.
Jacques Foccart est impliqué dans la mise en place de la répression contre les militants, ce qui permet au passage de rappeler l’aspect colonial de la répression.
Comme pour tous les crimes policiers ou d’État, aucune enquête n’a été ouverte, aucun responsable n’a été mis en cause.
Le 30 mai 1967, les autorités et le patronat sont obligés de faire de grosses concessions face à la tournure que prennent les évènements en raison de la mobilisation et de la pression populaire.
Les ouvriers obtiennent une augmentation de 25% des salaires alors qu’ils ne demandaient que 2,5% initialement.
Les acquis sociaux et les combats pour la dignité ne se font pas par le vote, mais par le rapport de force et au prix du sang versé.