Depuis les « affaires » Dieudonné, les Jours de colère et les dernières frasques de Jean-Marie Le Pen, l’antisémitisme semble de retour. En réalité, il n’a jamais disparu, mais il était peut-être moins visible et peut-être qu’à force de crier au loup les médias avaient saoulé les gens.
Avant toute chose, une question de terme. Nous pensons qu’il faut utiliser le terme « antisémitisme », même si étymologiquement il n’est pas exact (tous les juifs ne sont pas sémites et tous les sémites ne sont pas juifs) étant donné que c’est le terme qu’utilisent la plupart des Juifs pour parler de cette oppression.
Le constat qu’on peut faire, c’est en tout cas une restructuration de l’antisémitisme.
Tout d’abord, c’est la fin de l’antisémitisme traditionnel du FN. Sans entrer dans les détails, force est de constater que leur image s’est lissée, au moins sur cette question, et les dernières sorties de Jean-Marie Le Pen servent aussi cette image, finalement. En effet, elles donnent l’impression que l’antisémitisme, c’était avant, mais que dans le nouveau FN de Marine Le Pen les choses sont claires là-dessus.
On peut aussi constater que tous les politiciens de toutes les chapelles, ainsi que tous les journalistes, sont unanimes sur cette question. De même qu’au FN ils ne voient aucun problème à l’islamophobie ou au racisme anti-Rrom, ils ne laisseront jamais passer la moindre remarque antisémite. Et ils passent des heures à se demander si telle attaque contre telle personnalité juive est antisémite ou non. Il est évident que cette clarté est de façade et leurs luttes médiatiques, parce que axées sur un antiracisme moralisateur et clairement à double vitesse, sont inefficaces, voire contre-productives.
De fait, la lutte contre l’antisémitisme semble être devenue, pour les esprits faibles, le centre du « système », vu que c’est la seule chose (si on ne creuse pas trop) qui semble relier tous les partis et tous les médias. Cela permet donc à un couple Soral-Dieudonné de prospérer sur la théorie du complot juif. Classique, certes, mais toujours efficace.
Du côté antifasciste radical, on constate un total abandon de cette lutte. On peut donner comme exemples les mois où Dieudonné a été sur le devant de la scène médiatique et où, un peu partout, être antisémite était quelque chose d’acceptable. Pendant ce temps, les organisations antifascistes n’ont fait que sortir des textes. De bons textes, sans doute, mais rien de concret.
Ou encore, on peut constater que les meurtres antisémites sont systématiquement oubliés dans la liste des crimes racistes cités régulièrement. Ou bien, le 7 juin dernier, lors de la manifestation en hommage à Clément Méric, le mot « antisémitisme » n’a pas été prononcé dans la moindre prise de parole finale, alors même que quatre personnes avaient été assassinées une semaine auparavant devant le Musée juif de Bruxelles. La liste est longue, mais c’est à se demander si, pour les antifascistes, l’antisémitisme n’existe pas, ou si le fait qu’il semble combattu médiatiquement nous pousse à ne pas en parler.
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