LE MOUVEMENT CONTRE LE PLAN HIRSCH
Aux premiers jours de l’année 2015, Martin Hirsch, devenu directeur général de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (APHP) indique dans ses vœux au personnel son intention de modifier les horaires de travail.
En mars, il dévoile dans une interview son plan. Celui-ci vise à supprimer des jours de repos, généraliser l’alternance matin/après-midi, et plus généralement à réorganiser le temps de travail au détriment des hospitaliers. Il présente cela comme un moyen d’éviter la suppression de 4000 emplois.
Se déroule alors un long mouvement de refus du plan Hirsch, allant de manifestations en tout genre à la grève.
Tout démarre fin mars lors d’un mouvement du personnel ouvrier de St Antoine en grève contre le regroupement de la plate-forme des services techniques avec l’hôpital Tenon. C’est l’occasion pour les syndicats d’informer l’ensemble du personnel des deux hôpitaux de l’importance de ce qui allait devenir le plan Hirsch.
L’information s’est répandue progressivement dans les autres hôpitaux. Mais c’est seulement début mai que les syndicats se sont réunis et ont décidé un rassemblement devant le siège de l’AP-HP pour le jeudi 21 mai qui a été un succès.
A ce rassemblement, l’intersyndicale n’annonçait aucune suite. Les syndicats, en particulier la CGT, auraient voulu se contenter de négociations et d’une manifestation. Mais, dès que le projet a été connu, une forte partie du personnel a exprimé un refus pur et simple. D’où le slogan :
« Ni négociable, ni amendable, retrait, retrait, retrait ».
L’unanimité des réactions du personnel, choqué par le plan, et la forte mobilisation amènent Martin Hirsch à un premier recul, sinon sur le fond, du moins dans les délais.
Commence alors une longue suite de rencontres avec les syndicats ponctuées par de nouveaux appels à des rassemblements ou manifestations :
jeudi 28 mai,
4 juin, 11 juin,
18 juin, 25 juin.
C’est une forte minorité qui fait le succès des journées de grève, des assemblées générales et des manifestations, entraînant ponctuellement de nouveaux participants.
Le mouvement est diversement suivi selon les hôpitaux, mieux suivi là où les militants syndicaux sont enthousiastes et favorables à la grève
La direction de son côté, organise des réunions de présentation de son plan auprès de l’encadrement. Dans certains hôpitaux, les réunions sont systématiquement envahies et la réunion empêchée.
Mis en sommeil durant les congés d’été, le mouvement ne mobilise plus qu’une minorité à l’automne. Finalement, Hirsch signe un accord avec la seule CFDT, ce qui marque un nouveau reflux du mouvement.
Mais çà et là, de la rentrée de septembre jusqu’à aujourd’hui, des petites minorités ne renoncent pas, communiquent par les réseaux sociaux et mènent leurs propres actions.
Ces petites minorités agissent en marge des syndicats, tout en participant aux actions organisées par l’intersyndicale, ce qui ne les empêche pas de subir leur méfiance et parfois leur hargne.
L’intersyndicale, quant à elle, organise quelques actions d’éclat, « occupation » du siège pendant deux jours, envahissement de l’hôtel Scipion lors des vœux du directeur.
Elle appelle à quelques rassemblements à l’occasion des rencontres avec la direction qui mobilisent peu de personnel.
Les raisons de se mobiliser ne manquent pas à l’AP-HP, car d’autres attaques se déroulent qui concerne tout autant le personnel : la loi Touraine, qui prépare des restructurations de tout le secteur hospitalier avec réduction d’effectifs à la clé, et bien sûr la loi El Khomri.
Ceux qui ne désarment pas contre le plan Hirsch bien sûr participent aux manifestations contre la loi Travail. Certains, en partie lassés de la faible mobilisation sur l’hôpital, ont vite été attirés par l’opération Nuit Debout place de la République.
Si l’ambiance combative qu’ils y rencontrent a le mérite de contribuer à maintenir le moral, cela aussi permet aux hospitaliers de se faire connaître, de mettre au courant la population des problèmes de l’hôpital et de la santé en général dans notre pays.
Bien sûr le rapport de force doit se faire dans les hôpitaux avec nos directions et seul le personnel à ce pouvoir. Sans eux, les syndicats seuls ne pourront pas maintenir le cap.
Ainsi Hôpital Debout a vu le jour. « Nous sommes présents sur la place car nous croyons que ce sont les citoyens, les usagers et les personnels qui doivent décider ensemble de la santé que nous voulons pour demain, une santé juste, équitable et qui n’a pas de prix. »
Toujours est-il que la réorganisation prévue au départ pour l’été 2015 n’est toujours pas faite. La majorité du personnel y est toujours hostile et ne se voit pas supporter les nouvelles conditions de travail qui sont censées être mises en place au plus tard le 1er septembre 2016.
La convergences de nos luttes hospitalières nous mènent à penser qu’elles doivent aussi converger vers d’autres secteurs et vers un refus de la loi travail et son monde qui aujourd’hui maltraite tous les secteurs de notre société.