Le lundi au soleil : jour de grève reconductible dans le 19e...

Récit subjectif d’une journée de grève d’une instit en grève reconductible dans le 19e arrondissement

5h, RDV sur le piquet de grève du dépôt RATP situé au 168, avenue Jean Jaurès à Pantin. Il pleut, il vente, il fait froid… mais on est là ! Et on est beaucoup. Des salarié·e·s de la RATP, des profs, des instits, des étudiant·e·s, des chômeurs et chômeuses. L’ambiance est bonne, café, ponchos en sac poubelle, résistance face aux quelques flics qui nous poussent vers 7h du matin. En tout sur 100 bus censés circuler le matin aux heures de pointe, moins de 10 ont pu sortir. Et parmi ceux-là il y en a qui ont dû rentrer, car ils n’étaient pas assez nombreux pour circuler sur leur ligne.
En tout, une centaine de personnes passent sur le piquet. RDV est donné pour le lendemain matin.

8h20, diff de tract devant l’école. Les parents présent·e·s sont plutôt sympas à part un qui nous traite de gauchos qui auraient voté pour Macron. Deux parents ont amené du café et nous laissent un thermos en nous encourageant à continuer.

9h30, AG de grévistes du 1er degré 19e. On est 35 présent·e·s (on est plus que ça en grève, mais bon pendant la grève on peut aussi se reposer ou faire ce qu’on veut). L’ambiance est bonne, en chaussettes ou pieds nus pour ne pas salir et se faire sécher les pieds. On reparle de nos revendications. Le retrait du projet Delevoye bien sûr, mais aussi nos conditions de travail et pour plusieurs, rêvons un peu, la destitution de ce gouvernement et le rêve de changer le monde… On s’organise pour les tournées d’écoles, l’interpro, on reparle de la caisse de grève, de la nécessité de faire des actions, de la structuration du mouvement (les collectifs de grève, les représentant·e·s de collectifs qui doivent tourner, le rapport aux organisations syndicales, etc.). Plusieurs rdv sont donnés : demain en AG (10h, bourse du travail) et en manif (sur place au croisement bd des Invalides rue de Varennes ou rue Lafayette avec cheminots gare de l’Est et gare du Nord), mercredi dans un bar pour écouter ensemble les annonces du 1er sinistre… cet après-midi au lycée Diderot où Blanquer et Schiappa doivent venir à l’occasion de la journée de la laïcité.

11h30, on commence des tours d’école pour parler de la grève de demain et de jeudi et bien sûr de la reconductible. Dans mon groupe, on fait 2 écoles, on appose quelques affiches et puis on décide d’aller manger puis de passer à l’hôpital Robert Debré où on a un contact. Avec nous, on a une banderole pour l’accueil de Blanquer et Schiappa. Alors qu’on marche tranquillement on croise un gars cagoulé et tenant une sorte de pied de biche qui court dans un sens inverse au notre. Un autre gars du même genre pressé suit. Un blocage de lycée dans le 93 ? Trois flics suivent mollement. L’un d’eux s’arrête, veut voir notre banderole, savoir où on va, lire notre banderole et patati patata. Nous on va manger et ça ne le regarde pas tout ça, mais il nous prend la tête, fait sa petite crise d’autoritarisme typique de personne dépositaire de l’ordre public. Bon, on continue notre chemin et il s’énerve tout seul, même ses collègues trouvent qu’il abuse.

Après une collation sur le pouce, on va à l’hôpital Robert Debré pour essayer de rencontrer des salarié·e·s et discuter avec des syndicats sur place via un camarade. Bon, c’est compliqué, car le tram ne va pas jusque là bas. Terminus porte de Pantin, tout le monde descend, l’occasion de faire le reste du chemin en déployant notre banderole, en diffant des tracts, en discutant avec des gens. Quelques coups de klaxon saluent notre mini cortège. À Robert Debré il y a des affiches pour appeler au lendemain, mais les gens qu’on rencontre nous disent que les soignant·e·s préparent surtout la journée de mobilisation pour l’hôpital public du 17 décembre (voir https://paris.demosphere.net/rv/74875).

14h30, rdv devant le lycée Diderot. Blanquer et Schiappa ne sont pas là. Il parait que Blanquer est à la Sorbonne. Beaucoup se doutaient qu’ils ne viendraient pas et on n’est pas hyper nombreux·euses. Du coup à quelques un·e·s on va au rectorat, on déploie une banderole et on chante les chansons des Gilets jaunes. On improvise des slogans « Jean Michel, on a très bien compris, pâtes et riz ça suffit » (référence à nos retraites qui ne baisseront pas, on n’a pas tout compris, pauvres écervelé·e·s que nous sommes) et on part avant que les vigiles nous somment de le faire aux cris de « Lundi mardi mercredi jeudi vendredi on reviendra parce qu’on est en grève ».

Fin de partie pour moi. Des camarades vont à diverses AG et réunions en fin d’après-midi ou soirée (place des Fêtes, collège Méliès, maison de la grève dans le 13e… D’autres vont poser des banderoles ou autres. Et plusieurs autres groupes ont fait d’autres choses ailleurs. Et on parle, on rit, on réfléchit, on apprend à se connaître… le fait qu’on s’arrête de travailler permet de rêver que peut-être… Et c’est chouette !

Une gréviste en reconductible parmi d’autres.

Localisation : Paris 19e

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