Le CROUS n’est pas le goulag

Souffrance au travail, régression et déstabilisation des conditions de travail, ça suffit !
Le 4 février 2014, 8 salariées (sur 35) du CROUS de Nanterre se sont mises en grève pour revendiquer une augmentation de salaire.

Le CROUS n’est pas le goulag !

Souffrance au travail, régression et déstabilisation des conditions de travail, ça suffit !
Le 4 février 2014, 8 salariées (sur 35) du CROUS de Nanterre se sont mises en grève pour revendiquer une augmentation de salaire.

La grève est passée largement inaperçue. Très faiblement ou pas relayée du tout sur le campus, deux semaines plus tard, pendant qu’on pense l’émancipation entre intellectuels pendant les vacances universitaires, personne ne s’émeut plus (et souvent n’est au courant) de la surcharge de travail pour les rares salariés restés sur le campus.

Alors où en est cette augmentation de salaire ? Et au CROUS de Nanterre, tout est rentré dans l’ordre ?
Aucune réponse de la direction depuis le 4 février à la revendication des salariés : ni du ministère ni des syndicats. Entre deux regards inquisiteurs de petits chefs aux aguets, plusieurs des grévistes du 4 février n’ont pas baissé les bras mais brossent un tableau très sombre du travail au CROUS. Toujours remontées, les salariées sont en colère mais aussi épuisées, physiquement et de plus en plus moralement.

Le travail a augmenté démesurément les dernières années. Comme souvent, le salaire n’a pas suivi, l’ancienneté étant à peine prise en compte. Les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles. Et pour cause : les départs à la retraite non remplacés se sont multipliés, les congés-maladie aussi. Les personnes restantes travaillent de façon désormais permanente en sous-effectif et tombent elles-mêmes, du coup, de plus en plus malades.

Mais, comme au CROUS, on n’arrête pas le progrès, les salaires des personnels sont désormais indexés sur les recettes de l’institution : comprendre, si le CROUS vend beaucoup, les salariés seront bien (ou déjà normalement) payés. Ce qui signifie aussi qu’on s’éloigne dangereusement de toute notion de service public. En effet, depuis un bon moment, les cafétérias vendent beaucoup plus (et de façon beaucoup plus rentable) que les pauvres repas subventionnés et à perte du resto U. Pourtant, à l’évidence, c’est au resto U et ses centaines de repas par jour que l’on a besoin de mains pour les distribuer les repas. La direction s’en moque : les cafeterias sont rentables, c’est là que le personnel sera. En attendant, celles et ceux qui restent au resto U triment deux fois plus. Et comme dans les cafétérias on n’a pas embauché pour autant non plus, la hausse de l’activité conduit là aussi à un rythme effréné.

Les salariées ont demandé à plusieurs reprises, avant le 4 février, d’embaucher du personnel face à ces besoins criants. Au lieu de ça, la direction envoie des vacataires que les salariées doivent elles- mêmes former, et dont la précarité de la situation et la rotation très rapide empêche toute stabilité au travail. Dans le même sens, aucune visibilité dans leur calendrier pour les travailleuses : la plupart arrive le matin sans savoir où (dans quel bâtiment ?) et quelle tâche (à la cuisine, en caisse, etc.) sera
effectuée dans la journée. Tout est toujours à flux tendu, appris au dernier moment et en sous effectif. Forcément l’anxiété, le stress et la souffrance au travail se multiplient.

Certaines des salariées ont fait valoir à plusieurs reprises des attestations de médecins concernant leur état de santé et prescrivant l’arrêt des très nombreuses allées et venues que sont obligés d’effectuer les agents d’un poste à un autre sur le campus et au-delà. Car le CROUS ne s’arrête pas à Nanterre : les sites concernés et sur lesquels le personnel peut être déplacé, s’étendent du site de Nanterre à celui de l’IUT de Ville d’Avray en passant par des unités à Asnières-Gennevilliers et jusqu’à Saint-Cloud [1]

Le 4 février, devant cette dégradation tous azimuts, les grévistes ont suivi l’appel national de la CGT dans les différents CROUS de France et revendiqué une augmentation de salaire. Un geste minimal compte tenu de la surcharge de travail effectuée par 35 personnes, contre plus de 70 les années précédentes à Nanterre, unité massive au sein de l’académie de Versailles. A cette revendication, la direction a rejeté toute augmentation et toute embauche pour soulager un peu le travail, au principe qu’il n’y avait « pas assez de rentrée d’argent pour le nombre que vous êtes ».
Et alors, au CROUS, pendant la grève, que fait la direction ?
Le jour où le personnel revendiquait une augmentation de salaire, la direction a fait venir des vacataires pour les remplacer. Grève inaperçue, droit (pourtant constitutionnel) bafoué.
Mais les conséquences de la régression des conditions de travail ne sont pas que financières (pour les salaires) ou même productives (autant ou plus de boulot à moins d’agents). Le contrôle et une surveillance hiérarchique très pyramidale sont extrêmement pesants. Surtout, la déstructuration et l’instabilité au travail se répercutent dans les relations entre collègues : la solidarité est en chute libre, le surveillance des uns sur les autres se multiplie, poussant à des délations toujours plus fréquentes les petits chefs refoulés auprès de leur hiérarchie.
Nous, étudiants, doctorants, chercheurs et personnels de cette université engagés à la Fédération des travailleurs de l’éducation de la CNT,

Exigeons le respect pour les personnels qui nous nourrissent ! Et la satisfaction des revendications des salariés !

Notes

[1Depuis plusieurs années, le CROUS a signé une « charge de mutualisation », un beau terme pour expliquer que la direction peut déplacer sur ces différents sites le personnel. Mais la nouveauté est son usage intensif par la direction. D’ailleurs, si le déplacement de Nanterre à Ville d’Avray (d’une unité à une autre) nécessite l’accord des salariés, sur l’unité (Nanterre dans son ensemble), ceux-ci n’ont pas leur mot à dire sur leur déplacement, de plus en plus fréquents compte tenu de la pénurie de main d’oeuvre..

Mots-clefs : université | grève
Localisation : Nanterre

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