« La police d’Hambourg a tellement échoué à maintenir l’ordre qu’il lui faut maintenant réussir sa traque »

Un an après la contestation du G20 d’Hambourg, une traque européenne vient d’être lancée contre des personnes accusées d’avoir participé aux actions qui ont mis l’État allemand en échec. Un membre de la Legal Team du contre-sommet revient sur un an de répression et analyse la coordination de cette répression européene.

Orel, activiste allemand membre de la legal team des manifestations anti G20 était de passage à Dijon. Nous [Dijoncter.info] lui avons posé quelques questions sur la répression post G20, dont les vagues s’enchaînent jusqu’à l’actualité brûlante.

Est-ce que tu peux nous redire quelques mots sur ce qui s’est passé à Hambourg ?

Alors en juillet dernier, il y a eu un G20 à Hambourg, avec une mobilisation assez spectaculaire de mouvements disons post-altermondialistes.
Ça a été une des mobilisations anti-capitalistes les plus impressionnantes de ces dernières années.
C’était autour du 7 juillet, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont réunies, pendant que les dirigeants du G20 se retrouvaient au plein cœur de Hambourg. Le lieu a été choisi en plein centre de cette ville « métropole » émergente, nom que se donnent toutes les grandes villes capitalistes du monde occidental, qui ont toutes l’espoir de profiter de ce genre d’évènement pour se donner une image de ville sous contrôle.
En réalité, le sommet a été largement perturbé par ces contestations, et Hambourg a complètement échoué dans sa démonstration du maintien de l’ordre, malgré une répression féroce.
Des perquisitions avaient déjà eu lieu des semaines avant la tenue du sommet, et quelques jours avant, la police a empêché les gens de construire des campements qui avaient pourtant été légalisés par des tribunaux.
Dès le début du sommet, les flics ont fait preuve de beaucoup de violence alors qu’aucune manifestation n’avait encore eu lieu et le soir du 6 juillet la vapeur ne pouvait plus tenir dans la casserole...
S’en sont suivis deux jours et trois nuits d’émeute. Il y a eu beaucoup de casse, les gens ont commencé à se confronter de plus en plus à la police. Aujourd’hui on sait que la ville d’Hambourg a mobilisé 31 000 policiers.

Les manifestant·es n’ont jamais pu s’approcher du sommet, et ont fait face à une violence policière qu’on n’avait jamais vue, avec des flics en voiture qui essaient d’écraser des gens, des manifestant·es qui ont chuté d’un mur de 4 mètres de haut et qui se sont brisés les os.
Beaucoup de gens ont fini à l’hôpital durant le sommet, et à deux reprises des policiers en civil qui avaient été démasqués ont sorti leur arme et braqué la foule.
L’un des acteurs principaux de cette répression c’est Hartmut Dudde, un chef de la police parti en retraite et qui a été rappelé spécialement pour l’occasion. Il est connu pour des opérations de police jugées illégales à posteriori, notamment concernant des actions anti-nucléaires dans le Wendland où ce type a vraiment fait n’importe quoi. Il s’est détaché de toutes les décisions de justice qui avaient légalisé les manifestations. Son retour a été accompagné d’un effet d’annonce : "Voilà, on va faire diriger la police par un hardliner, un mec ultra dur qui va s’occuper d’être l’exécutif du Capital et qui se fout des soi-disant droits citoyens". Et c’est effectivement ce qu’on a vu pendant ces journées.

L’accompagnement médiatique qui avait été initialement très critique sur l’action policière, a complètement changé de ton une fois que des émeutes ont éclaté le soir du 6 juillet. La propagande allant grandissante, les médias décriaient la violence des manifestant·es alors qu’on avait affaire à une orgie de violence policière.
Le sommet s’est terminée le 8 juillet, avec une grande manifestation d’une centaine de milliers de personnes. Malgré cette répression terrible, je pense que pour la contestation politique, la mobilisation a été un succès pour la scène radicale de gauche.

Après ce sommet, vous avez fait face directement à une répression très dure.

Oui, la répression n’a fait que grandir par la suite. L’interdiction d’un site alternatif, Indymedia Linksunten, a donné lieu à une perquisition en août. Puis, de plus en plus de perquisitions se sont enchaînées pendant l’automne, accompagnées d’une communication très intense de la police, parlant toujours des extrémistes terroristes de gauche qui auraient mené Hambourg à la guerre civile. (...)

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