L’exemple des moutons, passerelle entre le monde et le spectacle de sa fin

De la pratique au savoir en passant par la critique : l’exemple des moutons, passerelle entre le monde et le spectacle de sa fin (Paris 8)

De la pratique au savoir en passant par la critique : l’exemple des moutons, passerelle entre le monde et le spectacle de sa fin

Rien ne va plus, le ton est donné. À l’université Paris 8, les professeur·e·s sont les plus clairs qui soient. À la simple auto-organisation, un couperet vient mener le rappel à l’ordre : nous organisons, vous suivez. La violence est là. Dans leurs mots et leurs attitudes. Rien ne va plus. Le ton est donné.

La validation des profs de l’auto-organisation se fait dans le cadre de l’université ouverte où une fois par semaine, si iel n’a pas cours l’étudiant·e peut venir présenter son atelier/projet devant 3 professeur·e·s et réaliser une fiche descriptive de l’atelier. On est loin de la subversion. Lorsque ça ne rentre pas de ce cadre, ça n’a pas lieu d’être, merci de bouger et de laisser vos événements dans votre tête, ils n’auront pas lieu, nous mettrons un autre événement sur ce créneau, vous comprenez, votre attitude dépasse les bornes, c’est nous les professeur·e·s.

L’exemple c’est cet événement étudiant qui est prévu cette semaine, sans passer par la fameuse validation, il est juste mis sur une page Facebook étudiante, une professeure est donc prévenue par mail que la salle n’est pas disponible, voici la réponse : « Franchement, je ne trouve pas très correct de vous approprier ainsi la salle sans même nous prévenir. FB est loin d’être le seul canal de communication en interne à p8. » Donc 1) les professeur·e·s ne regardent pas les événements prévus sur les pages étudiantes et s’autolégitimisent dans leur action. Et 2) La fameuse grève n’est pas une ouverture, mais bien un repli, et les salles du département de science politique ne sont pas accessible à tou·te·s, vous comprenez c’est nous les professeur·e·s. Plutôt que de mettre leur événement dans une autre salle (par exemple les salles de sociologie), les professeur·e·s préfèrent s’agripper au peu de pouvoir qu’iels ont et rentrer dans une bataille absurde. On frise le ridicule. Iels maintiennent et sortent le calendrier avec leur événement, à la salle et à l’heure de l’événement étudiant.

Ce que ça traduit, c’est la non-volonté d’un travail de politisation des étudiant·e·s, mais une marche au pas d’un protocole bureaucratique. La grève qui se révèle être en tous lieux et en tout temps la façade à une politisation des concernés, ici se révèle juste vide. Elle est inutile. Et puisqu’elle est inutile, elle ne mènera à rien. Personne ne se soucie de jeunes de banlieues qui n’ont pas de cours. L’État s’en fout, le ministère s’en fout, la présidence s’en fout, et même les professeur·e·s s’en foutent. Alors à quoi bon ? Ce qui les intéresses donc c’est la mise au pas.

Le flou persiste, décrit comme une bonne chose par une professeure de sociologie lors d’une AG, il s’atténue, mais persiste.
Le flou c’est l’état dans lequel les professeur·e·s tendent à mettre les étudiants. L’idée c’est de leur faire croire à un court terme persistant pour les amener jusqu’à la fin du semestre dans leurs bottes. Cette grève qui n’existe que dans la tête de certaines personnes est le prétexte au n’importe quoi. Très concrètement, l’université Paris 8 n’est pas en grève. Sont en grève les professeur·e·s des départements de sociologie et de science politique, celleux de l’UFR d’art et certain·e·s membres du personnel.
Alors que c’est clair pour beaucoup d’étudiant·e·s que les professeur·e·s se foutent de notre gueule (iels sont absent·e·s, des événements comme des AG), les profs quand même misent tout sur le 5 mars (« L’université et la recherche s’arrêtent »), sans que nous les voyions pour autant. Avec la création de cet engouement, iels tentent de faire de nous leurs petit·e·s soldat·e·s une fois de plus, de leur grève ratée.

Elle est ratée encore une fois par ce que « les étudiant·e·s ne savent pas et que nous professeur·e·s on sait », la mise à le pas des étudiant·e·s sans considération de leur savoir ne fait pas de la grève un simple spectacle, mais le spectacle de sa fin.

Localisation : Saint-Denis

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