Le premier occupant arrêté, M., participe à l’occupation du bâtiment A de l’Université Paris 8 depuis le début. Il est aussi membre du collectif des vendeur.se.s de la Gare Saint Denis et leurs soutiens, qui lutte contre les rafles policières des vendeur.se.s sans-papiers sur le parvis de la gare de Saint Denis. Sans-papiers et sans logement, il a pleinement sa place parmi les habitant.e.s du bâtiment de Paris 8. Cette occupation commencée le 30 Janvier, a pour objectif principal la régularisation des personnes exilées et sans papiers, leur accès au logement, à l’éducation et au travail ainsi que d’alerter sur la cruauté et l’absurdité des politiques migratoires européennes et du règlement de Dublin. Elle vise aussi à dénoncer les violences policières infligées chaque jour aux exilé.e.s qui dorment à la rue et sous les ponts, les contrôles d’identité au faciès, les rafles et les nombreuses interpellations dans l’espace public. M., comme l’extrême majorité des occupant.e.s de Paris 8, est familier de cette violence.
Hier, il en fait à nouveau l’expérience dans le cadre d’une interpellation policière au métro Saint-Denis-Université.
Vers 14h, M. entre dans le métro, il n’a pas de titre de transport. Trois agents de la RATP Sûreté le repèrent et l’arrêtent. M. explique sa situation, montre la photocopie de son permis. Il a perdu son père la veille et est en pleines démarches consulaires pour rejoindre sa famille au Maroc. Il est dans un état de grande fragilité émotionnelle. Les agents le poussent.
D’autres agents RATP arrivent en renfort, très vite ils le menottent et le plaquent au sol avec violence, les deux genoux sur le thorax. Un petit groupe d’occupant.e.s de Paris 8 se forme autour de l’interpellation, en soutien à M., et explique le contexte et la situation aux agents, notamment l’extrême fragilité dans laquelle se trouve M. depuis deux jours. Ils n’entendent pas, s’équipent de gazeuses et menacent les soutiens de les gazer. Ils continuent de maintenir M. au sol et appellent plus de renforts. Ils confisquent son téléphone et le privent ainsi de son droit d’entrer en contact avec son avocat.e. Ils prennent la décision d’appeler la police. Malgré l’insistance des soutiens, malgré les rappels quant aux violations de ses droits, les agents de la RATP gardent son téléphone, l’emmènent dans les locaux de la station de métro et l’isolent en attendant l’arrivée de la police. Il subit à ce moment-là des coups de la part des agents dont un au visage.
Pendant ce temps, un groupe plus important de personnes se constitue autour du métro, occupant.e.s de Paris 8 et autres passant.e.s solidaires. Quatre voitures, deux camionnettes, des motos et une trentaine d’agents de police, tel est le dispositif envoyé pour interpeller M.. La police tente de le faire sortir loin de regards, par une porte éloignée du groupe de soutiens. Ces derniers s’aperçoivent rapidement que la police est en train de faire sortir M. et s’opposent verbalement, notamment en criant des slogans. La police réagit immédiatement en sortant les matraques et en chargeant les personnes de part et d’autre de la station de métro avec des gazeuses, utilisées parfois à quelques centimètres du visage. Plusieurs soutiens dont des étudiant.e.s de Paris 8 sont matraqué.e.s. Plusieurs policiers sont équipés de flashball et menacent les soutiens parfois à moins d’un mètre de distance. Une scène particulièrement choquante se produit lorsqu’un policier braque son tazer directement sur la poitrine d’un soutien et qu’un autre est menacé de prendre un coup de tazer à la gorge à bout portant, ce qui peut être mortel. Plusieurs soutiens sont mis de côté pour vérification de leur identité puis relâchés.
Alors que les soutiens tentent de s’opposer à l’arrestation de M. sans violence, simplement en suivant le groupe de policiers et en criant, un autre occupant de Paris 8 est attrapé par plusieurs policiers et menotté. De grosse quantité des grenades lacrymogènes sont lancées pour masquer la scène et disperser le groupe. M. est emmené au commissariat de Saint Denis dans une première camionnette. L’autre occupant de Paris 8 toujours menotté, part dans une deuxième camionnette, alors que la police continue de pointer des flashball sur le groupe et de se montrer menaçants avec leurs matraques. Ils sont tous deux amenés au commissariat de Saint-Denis. M. est relâché après quelques heures avec une convocation, et le second occupant est placé en garde à vue, où il se trouve toujours actuellement.
Nous appelons à un soutien massif de la communauté universitaire, notamment de Paris 8, et demandons à tout.e.s de relayer ce témoignage de violences policières scandaleuses.
Les exilé.e.s du bâtiment A et leurs soutiens