Leur grève est initialement une riposte au licenciement de leur collègue syndicaliste, Gaël Quirante. Secrétaire départemental de Sud Poste 92 - syndicat majoritaire dans le département - et militant combatif ayant déjà été en butte à de nombreuses sanctions exercées à son encontre par la direction de La Poste (dix tentatives de licenciement et près d’un an de mises à pied cumulées), Gaël Quirante a été licencié le 25 mars 2018, sur autorisation de la ministre du Travail décidée le 20 mars 2018.
Et il·elle·s sont encore à ce jour déterminé·e·s à poursuivre leur lutte jusqu’à la satisfaction de leurs revendications et en particulier jusqu’à l’obtention d’un report de la réorganisation programmée des bureaux de poste entraînant notamment la suppression d’emplois.
Audacieuse, l’action lancée par les postier·e·s du 92 dès le lendemain du licenciement de leur collègue s’est révélée courageuse et exemplaire de toutes les valeurs de la solidarité ouvrière.
Déployant une activité phénoménale avec un enthousiasme formidable, les postier·e·s du 92 ont ainsi réussi à tenir une grève de plus de 436 jours, menant parallèlement une lutte acharnée sur le terrain (manifestations, campagnes de mobilisation, rassemblements, interpellations de ministres, occupations de sièges de La Poste et de la cour du ministère du Travail, etc.), et ce face aux nombreuses mesures de répression exercées par la direction de La Poste (cessation de paiement des salaires et indemnités aux grévistes, recours aux forces de l’ordre et aux actions judiciaires (convocations de militant·e·s au commissariat, mais aussi au tribunal conduisant notamment à la mise en examen de trois syndicalistes en avril dernier).
Dès le début de leur grève, il·elle·s savaient qu’il·elle·s allaient devoir lutter sur le long terme, comme l’exige tout combat pour l’avenir. Et ces plus de 57 semaines de grève et d’actions de terrain menées par la base sur décisions prises en assemblées générales sont autant de leçons données aux syndicalistes et en particulier aux directions syndicales, montrant notamment comment une lutte peut être menée de façon authentiquement démocratique, comment une lutte peut être à la fois audacieuse et courageuse, comment une lutte est capable de s’inscrire dans la voie de la victoire pour la construction de futurs acquis.
Leur mobilisation a très vite donné naissance à un comité de soutien. Le comité de soutien aux postier·e·s du 92, créé dès juillet 2018, s’applique à recueillir appui matériel et moral à leur lutte. Ce comité participe à toutes les formes d’actions auxquelles appellent les grévistes (tractages, collages, rassemblements, occupations de locaux et d’institutions, etc.) et mène une collecte de fonds au profit de leur caisse de grève lors de manifs et de meetings et en organisant une fête chaque semaine.
Mais si il·elle·s ont été effectivement beaucoup aidé·e·s dans leur lutte par ce comité, si il·elle·s ont eu le soutien de nombreux et nombreuses militant·e·s de diverses organisations, il·elle·s n’ont malheureusement pas eu l’appui dont il·elle·s auraient eu fondamentalement besoin : celui de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et en particulier celui de l’ensemble des centrales syndicales. La plupart des directions syndicales se sont en effet contentées d’observer et d’attendre une issue au conflit, adoptant même une position honteuse en s’abstenant lors d’appels à des grèves de solidarité. De ce fait, les bureaucraties syndicales ont prouvé leur alignement pour un camp qui n’est pas celui de la lutte pour la défense des droits et acquis de tous les travailleurs et travailleuses.
La lutte menée par les postier·e·s du 92 est à l’image d’un militantisme syndical partisan de la ligne lutte des classes, combatif, démocratique, défendant les intérêts réels de la classe ouvrière, en opposition à un syndicalisme bureaucratique et/ou collaboratif qui ne fait que mener les luttes des travailleurs et travailleuses de défaite en défaite.
À travers une accumulation de formes spécifiques d’actions de lutte, les postier·e·s du 92 ont fait montre d’une constance quasiment sans égale. Face à l’intransigeance agressive de la direction de La Poste (à ses tactiques d’usure, à ses manœuvres dilatoires, à ses campagnes d’information fallacieuse, etc.) et face à l’absence de développement d’une solidarité à la hauteur de leurs besoins, le combat de longue haleine mené par les postier·e·s du 92 est des plus révélateurs des réserves potentielles des exploité·e·s et des opprimé·e·s en matière d’énergie militante.
La direction de La Poste a subi des défaites juridiques, avec notamment le maintien de Gaël Quirante dans ses mandats syndicaux et sa possibilité de continuer à intervenir sur les centres postaux. Et, aujourd’hui, du fait de la ténacité des postier·e·s du 92, la balle est dans le camp de la direction de la Poste, et elle est contrainte de céder : elle ne peut plus faire autrement que de proposer une solution de fin de conflit satisfaisante et garantissant les droits et la dignité des grévistes.
Il s’agit certes d’une mobilisation à un niveau départemental et dans un secteur peu stratégique. Mais la résistance des postier·e·s du 92 n’en demeure pas moins porteuse d’un message d’espoir, montrant que la combativité peut exister.
Inutile de rappeler l’importance de la solidarité de classe et le rôle déterminant du soutien financier dans les batailles syndicales.
Afin que les grévistes n’aient pas à supporter les effets des pressions financières de la direction durant les négociations, il faut continuer à les soutenir en donnant à leur caisse de grève
Vous pouvez donner :
- Par virement : sur le compte SUD POSTE HAUTS-DE-SEINE : IBAN FR76 4255 9100 0008 0033 2571 214
- En ligne sur https://www.lepotcommun.fr/pot/kgmfkl66
- Par chèque : à l’ordre de SUD Poste 92 avec mention « solidarité grévistes au dos », à envoyer à SUD Poste 92, 51, rue Jean Bonal, 92250 LA GARENNE-COLOMBES
Et vous pouvez suivre les actus de la grève sur :
- La page Facebook de Sud Poste 92
- La chaîne YouTube de Sud Poste 92
- La page Facebook du comité de soutien
Hassan Aglagal