Fahrenheit 451 : les écoles et les universités de Gaza systématiquement détruites

« Farhrenheit 451 : température à laquelle le papier s’enflamme et se consume […] réduis-les en cendres, et puis brûle les cendres. C’est notre slogan officiel. »
À l’école, nous sommes nombreux à avoir lu ces mots tirés du roman « Farhrenheit 451 », de Ray Bradbury. Paru après la seconde guerre mondiale, ce récit dystopique dénonçait le totalitarisme et le culte de la bêtise, incarné par la destruction des livres par l’État. Une référence au fascisme, que l’on pensait alors avoir enterré. Article de Contre-attaque

Jeudi 23 mai 2024, des soldats israéliens ont incendié la bibliothèque de l’Université Al-Aqsa dans la ville de Gaza, l’une des plus grandes de l’enclave palestiniennes. Les incendiaires ont pris des photos d’eux-même, en uniformes, devant les livres en flamme, fiers d’eux. Cette image a ensuite été diffusée sur un canal Telegram de sionistes d’extrême droite avec la mention : « un homme juste étudie la Torah à la lueur des bougies ».

Impossible de ne pas penser à la symbolique des années 1930, lorsque les groupes nazis brûlaient dans la rue les livres non conforme et les œuvres qualifiées d’art « dégénéré », ni à la phrase célèbre attribuée à Goering : « quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver ».

L’idéologie d’extrême droite repose sur le culte de la force brute, de la violence, de la domination, et la destruction de la culture. En septembre dernier dans le Missouri, des élus Républicains incendiaient au lance-flamme un tas représentant des livres « wokes ». Cette symbolique mortifère n’est donc plus taboue chez les obscurantistes et les nationalistes de tous les pays.

Revenons à l’incendie scandaleux de cette bibliothèque à Gaza. Il s’inscrit dans une campagne de destruction systématique des lieux de savoir palestiniens. Il y a quelques jours, une école de l’ONU était soufflée par une explosion à Rafah. En janvier, le ministère palestinien de l’Éducation recensait que 280 écoles publiques et 65 écoles gérées par l’UNRWA avaient été détruites ou endommagées par l’armée israélienne.

L’État colonial ne se contente pas de commettre un massacre, d’affamer les palestiniens et de rendre la bande de Gaza inhabitable : il tente d’anéantir la culture et la mémoire de ses habitants.

Les centres d’enseignement supérieur, y compris les universités, sont aussi visés. L’agence de presse palestinienne Wafa a répertorié 12 établissements d’enseignement supérieur de Gaza endommagés ou détruits. L’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme, organisme indépendant basé à Genève, estime qu’Israël a méthodiquement détruit, par étapes, toutes les universités du territoire.

Ces destructions visent aussi le patrimoine : les mosquées, les églises, les vestiges archéologiques et même les cimetières sont pilonnés et désagrégés à tout jamais. Plus de 100 sites patrimoniaux de Gaza ont été soit détériorés, soit entièrement rasés. Parmi eux, un cimetière romain vieux de plus de 2000 ans ou la mosquée al-Omari, construite au VIIe siècle, mais aussi des bâtiments administratifs avec des archives de plusieurs décennies documentant l’histoire et la population de Gaza, entre autres.

Au delà de cette photo sidérante, c’est la culture d’un peuple que l’armée de la “seule démocratie du Proche Orient”, soutenue par nos gouvernants, tente d’effacer.

Article publié initialement par Contre-attaque

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