En novembre, au café-librairie Michèle Firk

| Café-librairie Michèle Firk | La Sellette

Programme des événements du café librairie Michèle Firk à la Parole Errante, lieu autogéré de discussions, d’organisations, d’événements solidaires politiques, artistiques, sociaux, à l’avenir incertain depuis 2016 suspendu aux décisions du Conseil Départemental du 93, propriétaire des locaux.

L’automne est chaud. Malheureusement pas au sens où nous aurions voulu l’entendre. Littéralement chaud.

Alors que cette année parachève l’évidence quotidienne du ravage climatique en cours, ce mois de novembre à Michèle Firk sera l’occasion d’explorer des acceptions habitables de l’écologie. Bien loin de l’écologie du capital qui ne vise qu’à rentabiliser les désastres, ces écologies se veulent interrompre dès maintenant l’œuvre destructrice de l’économie et composer les mondes dans lesquels nous voulons vivre. Nous irons défendre des montagnes avec Nunatak, imaginer des futurs désirables sur les ruines des métropoles avec Echelle Inconnue et approfondir les articulations fécondes entres féminismes et écologies avec Myriam Bahaffou, Maria Kakogianni & Marie Rouzin.

Ce mois de novembre sera aussi la reprise de nos cycles habituels : celui des Desaxé.e.s qui nous présentera les luttes des personnes autistes et nous permettra de réfléchir comment s’articuler avec elles, celui sur la Répression qui se penchera sur l’infamie ordinaire des comparutions immédiates et celui sur l’autonomie italienne avec les éditions Entremonde qui accueillera Fortunati et Federici pour penser les formes du féminisme marxiste.

Nous continuons de faire attention aux uns, aux unes et aux autres en préservant la présence de courants d’air contre la contagion par particules aérosol interposées et en tenant nos événements, autant que faire se peut, en extérieur, mais comme il fait froid, la Grande Salle de la Parole nous héberge quand elle est libre.

Dans le détail :

Vendredi 4 novembre après midi - Présentation Des paillettes sur le compost. Ecoféminsimes au quotidien de Myriam Bahaffou en présence de Voix Déterres et Désobéissance écolo Paris

À l’occasion de la parution du livre « Des paillettes sur le compost », nous organisons une journée à la Parole errante en présence de l’autrice Myriam Bahaffou, Désobéissance écolo Paris et Voix Déterres.

Tout à la fois récit, essai, mais aussi témoignage d’une époque et d’un engagement, Des paillettes sur le compost est une exploration sensible et politique du quotidien. Dans un style enlevé – parfois cru, souvent cri – Myriam Bahaffou montre que c’est dans les replis de situations ordinaires (un rendez-vous chez l’esthéticienne, un déjeuner en terrasse…) que se déploie la puissance des écoféminismes.

Elle dynamite les codes et jongle avec les concepts, comme elle navigue dans la vie entre recherche et militantisme. Elle explore, dissèque, raconte des histoires décoloniales, antispécistes, queer et magiques. Loin d’être une philosophie désincarnée, un label marketing ou un argument électoral, l’écoféminisme se révèle en prise directe avec la réalité et la chair. Les mots de Donna Haraway, Audre Lorde, Jacques Derrida et bell hooks se mêlent aux cris des guerrières du Rojava et aux incantations des fées et des sorcières… dans ce livre qui, dans la pure tradition écoféministe, laisse joyeusement s’entrelacer les voix et les formes narratives.

Voir les bonnes feuilles de Terrestres : https://www.terrestres.org/.../goui...

Au programme :

14h30 : projection du film « Ce monde n’est pas fait pour nous » en présence de Voix Déterres
16h30 : Présentation du livre « Des paillettes sur le compost »
18h : Écoute du podcast « Avis de tempête » et arpentage du livre
19h30 : Cantine végane

Jeudi 10 novembre à 19h - présentation et lectures de Nunatak n°7, revue d’histoires, cultures et luttes des montagnes

Dans une langue Inuits, le terme nunatak désigne une montagne s’élevant au dessus des étendues gelées, où se réfugie la vie pour perdurer pendant l’ère glaciaire.
La revue Nunatak se veut un support pour développer et partager nos critiques, depuis les régions montagneuses que nous habitons. Nous désirons aussi chercher des moyens de concrétiser notre opposition au monde tel qu il se présente à nous, dévier du sentier balisé des flux de la marchandise et de l’autorité, nous attaquer à ce qui nous sépare les uns des autres, nous plonger dans les histoires que racontent les ruisseaux, les êtres, les arbres ou les rochers…

Après moultes reports pour cause de conditions défavorables à une telle ascension, Michèle Firk accueille enfin et avec joie la fameuse revue des hauteurs, pour un moment de lectures et de discussion autour de la touristification des sommets, entre industrie de masse et challenges pour milliardaires, du « travail détaché », forme moderne de l’exploitation du sous-prolétariat ouvrier agricole international, martialement promu pendant le confinement, ou encore de l’arrivée de téléphérique dans un village des Alpes autrichiennes avant guerre.

« Parmi ces escaladeurs qui, chaque année, pendant la belle saison, tentent de graver quelque cime haute et difficile, il en est, paraît-il, qui montent par amour de la gloriole. Ils cherchent, dit-on, un moyen pénible, mais sûr, de faire répéter leur nom de journal en journal, comme si, par une simple ascension, ils avaient fait oeuvre utile à l’humanité. Arrivés sur la cime, ils rédigent, de leurs mains raidies par le froid, un procès-verbal de leur gloire, débouchent avec fracas des bouteilles de champagne, tirent des coups de pistolet comme de vrais conquérants et secouent des drapeaux avec frénésie.. » Elisée Reclus, Histoire d’une montagne, 1880

Mardi 15 novembre à 19h - c’est la rentrée (tardive) de l’atelier des Désaxé.e.s !

Nous accueillerons des membres de CLE-Autistes, une association par et pour les personnes autistes qui lutte pour leurs droits, leur émancipation et leur qualité de vie. Nous échangerons à partir de leurs pratiques et luttes actuelles, ainsi que leur inscription dans le champ très controversé de l’autisme en France.
Au plaisir de vous retrouver !

Nous, la CLE-Autistes, nous inscrivons dans une vision politique du handicap, inspirée par la neurodiversité et les disability studies. Par conséquent, notre collectif se veut systémique, intersectionnel, mixte mais géré par les concerné.e.s et indépendant de l’État et des structures associatives et médico-sociales, qui défendent une vision apolitique, aliénante et validiste du handicap.

Nous luttons pour :
L’auto-défense et la représentation de toutes les personnes autistes dans tout ce qui les concerne.
L’acceptation des personnes autistes et de toutes les neurodiversités sans conditions.
Les droits, l’égalité et l’émancipation des personnes autistes.
L’abolition du capacitisme, de la psychophobie et de toutes les oppressions.
La vie autonome, l’auto-détermination et l’accès à la vie ordinaire avec le soutien nécessaire.
La valorisation de la culture autiste comme autre socialisation et autre communication.
[Extrait du site https://asso.cle-autistes.fr

Mercredi 16 novembre à 19h - Présentation de la revue #11 d’Echelle Inconnue  : « Écrire sur les ruines du futur »

Les métropoles se construisent aujourd’hui autant avec des parpaings et du béton qu’avec des mots et des images. Les récits prolifèrent : projets, célébration et culture comme soutien du régime d’action de la gouvernance métropolitaine, résilience, marketing territorial, labels, communication politique, prospectives et perspectives narratives, futurologie, science-fiction… Voilà peut-être une raison suffisante de faire encore de l’art, à l’heure du bruit constant des récits marketing qui font et défont nos vies. C’est pourquoi, Echelle Inconnue a décidé de veiller sur vos futurs…

Emmené par l’architecte Stany Cambot, Echelle Inconnue réclame une autre manière de penser et faire la ville. Echelle Inconnue n’est pas un collectif mais un groupe, comme un groupe de rock, qui voudrait être à l’architecture ce qu’Elvis Presley fut à Tino Rossi !

Mercredi 23 novembre à 19h - De la critique du Capital à la critique de la famille, et inversement : discussion entre Leopoldina Fortunati et Silvia Federici pour la sortie de L’Arcane de la reproduction et de Réenchanter le monde aux éditions Entremondes

Le mercredi 23 novembre à 19h, nous aurons ensuite la chance de recevoir Leopoldina Fortunati, théoricienne et militante féministe marxiste italienne pour nous présenter son livre L’Arcane de la reproduction (1981) dont la traduction française inédite a paru en octobre 2022. Fortunati sera en discussion avec Silvia Federici, qui présentera Réenchanter le monde, paru en printemps 2022. Ce sera l’occasion de revenir sur l’émergence d’une théorie féministe opéraïste dans l’Italie des années 1970, à la fois dans et contre les catégories marxiennes. Une théorie « indissociable des besoins de la lutte » menée par Lotta Feminista, groupe féministe italien né sous l’impulsion de militantes de Potere Operaio. Les travaux de Silvia Federici et Leopoldina Fortunati sont mus par le projet de systématiser l’analyse des rapports réels que le capital entretient en secret avec les pourvoyeuses de soins, de sourires et de sexe. Caliban et la sorcière , Réenchanter le monde et L’Arcane de la reproduction font apparaître dans toute sa complexité le processus de (re)production de la marchandise force de travail qui est en jeu derrière la subordination des femmes dans le capitalisme.
Leurs travaux audacieux ont proposé un changement de paradigme dans le féminisme marxiste et sont à l’origine du féminisme de la reproduction sociale.

Jeudi 24 novembre à 19h - Présentation de Sur la sellette, chroniques des comparutions immédiates, aux éditions du bout de la ville

Durant l’Ancien Régime, la sellette était un petit siège de bois réservé aux prévenu⋅es. Ce tabouret, très bas, était taillé pour humilier l’accusé⋅e face à ses juges, littéralement en position d’infériorité alors qu’on l’interrogeait.

Dans la continuité du cycle de présentations autour de la police et ses violences ordinaires, Michèle Firk et ses invitées abordent aujourd’hui les violences judiciaires ordinaires.
Depuis 2020, Jonathan Delisle et Marie Laigle s’assoient dans la salle 4 du tribunal de Toulouse pour rendre compte sur le blog lasellette.org, des « comparutions immédiates. » Cette procédure, aujourd’hui généralisée à tous les délits, permet de juger une personne en à peine vingt minutes et de l’envoyer en prison le soir même. Ces chroniques racontent la violence de ces peines qui s’abattent chaque jour sur des pauvres.

« La présidente :
" Arrêtez de faire ce bruit avec votre bouche ! "
Interloqué, le garçon s’arrête, explique :
" C’est un tic…
— Oui, eh bien c’est un tic qu’on ne retrouve pas n’importe où ! Tout le monde n’a pas de tics. C’est très désagréable et surtout c’est un manque de respect ! Bon, les policiers estiment que vous êtes le vendeur – vos cheveux sont assez reconnaissables – et que vous vous livrez à du trafic… "
La procureure profite de l’occasion pour reprendre quelques éléments de langage de la « guerre à la drogue » et fait dans l’organigramme : " Pour tenir un trafic, il faut de tout, un guetteur, un revendeur, etc. Monsieur n’est certes qu’un petit rouage de ce trafic, néanmoins il en est tout de même un échelon. " Mais ce qu’elle n’encaisse définitivement pas, c’est son attitude : " J’aurais imaginé un autre comportement pour quelqu’un qui n’a pas encore de casier. Je n’avais pas prévu ça initialement, mais je vais requérir de la prison ferme et une interdiction de paraître au quartier Bagatelle. " »
(Toulouse, chambre des comparutions immédiates, avril 2022)

Dimanche 27 novembre à 15h - présentation de Surgeon et autres pouces de Maria Kakogianni & Marie Rouzin aux éditions Exces

Noues sommes le travail féminisé, précaire, non-déclaré. Vies jetables, malformées, épuisées, parasites, noues sommes les restes de leurs indices de performance. Noues sommes les questions à toutes leurs réponses. Noues sommes le sol glissant d’une grammaire où la police assassine. Noues sommes les herbes folles dans les pelouses patrimoniales.
Ce qui n’était que pollen devient fruits épineux. Puisse-t-il en être de même de nos créations et de nos pousses. Qu’elles dansent et dérangent, qu’elles sèment le trouble et la colère, Et se dégustent avec attention sans essuyer les pieds avant de passer à table.
Surgeons-nous.

Balades botaniques et féminisme poétique dont un extrait chantant est disponible ici : https://lundi.am/Bananes

Note

Le café librairie Michèle Firk est une librairie et un café.
Au 9 rue François Debergue à Montreuil, métro croix de Chavaux, il est ouvert du mercredi au samedi, de 14h à 19h.
On y trouve des romans, des tracts, des revues, des essais et des bandes dessinées. L’occasion se mélange au neuf et les petits éditeurs y ont une bonne place. On n’y trouve pas tout ce qui sort, mais un peu de tout ce qui nous intéresse. « Nous », c’est la dizaine de cafetiers-libraires organisée en association pour créer un lieu hybride ouvert sur la ville. On y vient pour farfouiller, bouquiner, boire un café ou une bière, participer à une discussion autour d’un livre ou d’une lutte.
On est aussi sur Facebook, Twitter et Insta.

Mots-clefs : livre | débat - discussion
Localisation : Montreuil

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