- Samedi 24 novembre 2018 plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sur les Champs-Élysées pour s’approcher au plus près du palais de l’Élysée. Beaucoup de personnes venaient de loin. La préfecture avait proposé le Champ-de-Mars mais personne n’a voulu de ce simulacre de manifestation et c’est sur un lieu symbolique et de pouvoir que la foule voulait être. Un vaste périmètre autour du palais et de la place de la Concorde était hermétiquement tenu par la police. Le haut des Champs restait accessible. A la mi-journée la préfecture annonçait 8000 personnes à Paris dont 5000 sur les Champs-Élysées. Ce chiffre est probablement minoré.
- Dès le matin les affrontements avec la police commencent alors que des cortèges spontanés déboulent sur les Champs. Il y a à ce moment des groupes d’extrême-droite présents, mais d’après des témoignages ils sont plutôt marginaux dans la foule. La présence de la gauche radicale semblait plus diffuse. De l’avis de beaucoup de présent.e.s la police a gazé « gratuitement » des participant.e.s qui ne connaissent pas toutes et tous les « règles du jeu » des manifestations. [1]
- Une première puis de nombreuses barricades, pour certaines enflammées, sont montées sur la-plus-belle-avenue-du-monde. Une partie de la chaussée a été dépavée. La police a tenté de reprendre l’avenue mais elle n’y parviendra qu’en début de soirée. Ce qui veut dire que les affrontements ont duré presque 10 heures !
- 5 policiers ont été blessés dont un par sa propre grenade. [2]
- Les magasins des Champs ont du fermer tout un samedi quelques semaines avant Noël, le coup économique sera énorme. Plus tard dans l’après midi et la soirée environ 30 magasins ont été attaqués et certains pillés dans les rues autours dont le magasin Dior qui déclare s’être fait voler pour 1,5 millions d’euros de marchandises. [3]
- Contrairement à ce qu’ont pu dire les chaînes d’infos en continu, les affrontements ne se sont pas limités aux seules Champs-Élysées. Il y a eu des affrontements Avenue de la Grande-Armée, Avenue Foch, du coté de Madeleine et aussi autour de Saint Phillipe-du-Roule, bref c’est une bonne partie des quartiers chics et de pouvoirs qui ont été plongés dans une atmosphère émeutière habituellement réservée à l’est parisien. La police a été plusieurs fois débordée. [4]
- La police a largement réprimé cette manifestation. Elle a tiré plus de 5000 grenades lacrymogènes, plusieurs dizaines de grenades explosives (GLI F4), plusieurs centaines de grenades de désencerclement, un nombre indéterminé de flash-ball. Par ailleurs plus de 100 000 litres d’eau ont été tirés par les canons à eau. [5]
- Il y a plusieurs blessé.e.s dont au moins trois graves. Une personne venue manifester en famille a perdu une main, [6] probablement à cause d’une grenade GLI F4. Un autre a pris un éclat de grenade dans le pied. Une autre personne encore a été éborgnée. [7] La question d’un tir de flash-ball est sur toutes les lèvres. Les blessé.e.s plus légers sont innombrables.
- Une centaine de personnes ont été interpellées à Paris. 45 ont été déférées ; certaines passent déjà en comparution immédiate.
- Que cela nous plaise ou non et contrairement à ce que dit Castaner, ce gigantesque affront au pouvoir n’est pas le fait de « séditieux » ou de la « peste brune » mais bien celui des gilets jaunes dans leur diversité. On ne peut à quelques centaines défier les flics pendants des heures. [8] Si l’émeute a été si longue c’est à minima que les manifestant.e.s l’ont soutenu par leur présence voir qu’ils ont alimenté le feu. De l’avis de tou.te.s la colère est énorme.
On aura beau minimiser ou en faire des tonnes, de part sa localisation, sa longueur et son intensité rarement, à Paris, une émeute n’aura été aussi marquante.