D’Anonymous au G20 de Hambourg - Appel à soutenir Loïc Citation

Mardi 25 septembre, Loïc Citation comparaîtra devant la cour d’appel de Paris pour sa participation au mouvement Anonymous en 2014. Ses proches nous ont transmis un appel à le soutenir. Nous en avons profité pour revenir sur le parcours judiciaire incroyable du jeune militant antinucléaire actuellement incarcéré dans l’attente d’une extradition vers l’Allemagne pour sa supposée participation aux manifestations contre le G20 en juillet 2017.

Tout le monde se souvient du sommet du G20 qui se tint à Hambourg début juillet 2017. Pas moins de 20 000 policiers, 3000 véhicules, 11 hélicoptères, 185 chiens, 70 chevaux et une dizaine de canons à eau étaient censés assurer la tranquillité de cette réunion des représentants des 20 pays les plus riches. Pourtant, la manifestation tourna au vinaigre et après deux jours d’émeutes les forces de police durent reconnaître leur échec, tant stratégique que politique. Le ministre fédéral de la justice allemande concluait alors qu’« Il n’y aura plus de G20 dans une grande ville allemande ». Cela aurait pu en rester là mais c’était sans compter sur l’amertume et la rancœur de la police allemande qui a depuis lors déclenché des opérations répressives inédites tant par les moyens mis en œuvre que par leur étalement dans le temps.

En juillet, le site d’information Dijoncter.info publiait une longue interview avec un membre de l’équipe légale des manifestations anti G20 qui donnait la mesure et l’étendue des opérations. Quelques jours après le sommet, le principal site d’informations alternatives, Indymedialinksunten, était fermé sur décision administrative, au mois de décembre la police lance une traque publique en publiant dans la presse plus d’une centaine de photographies de manifestants en appelant la population à la délation. Comme l’explique Orel de la legal team hambourgeoise :

Cette traque est une grande première en Allemagne. Dans les années 70, la police allemande traquait des groupes armés, et on parlait de 20 ou 30 personnes recherchées publiquement pour des actions politiques armées, avec des attentats politiques à la bombe. Là on parle de gens qui auraient peut-être, à un moment, jeté un caillou ou une bouteille.

Un an après les évènements, plus d’une soixantaine de perquisitions avaient eu lieu en Allemagne. Sans surprise la justice prolonge l’acharnement policier et les peines sont elles aussi inédites : 2 à 3 ans de prison ferme pour des jets de canettes n’ayant blessé personne. La police évoque plus de 3500 procédures en cours dont certaines pour "éloge du crime" à l’encontre de personnes ayant soutenu publiquement les débordements. Au mois de mai, le « SoKo Black Block », la commission spéciale de la police de Hambourg en charge de la traque des manifestants publie une centaine de nouveaux clichés et annonce qu’elle va désormais se pencher sur les militants internationaux. Le 29 mai ce sont 9 perquisitions qui ont lieu simultanément en France, Espagne, Italie et Suisse.

Cette offensive s’est accompagnée de la diffusion d’une émission d’investigation sur la première chaîne allemande, qui s’intitule "la violence noire" et qui enquête sur l’activité du méchant black bloc qui aurait brûlé la moitié de la ville de Hambourg. Dans ce documentaire, on voit la police du "SoKo black block" qui retrace les activités des manifestant·es le matin du 7 juillet, dans le quartier d’Altona où plusieurs voitures ont brûlé et où des magasins ont été attaqués. La police y met en scène cette coordination internationale policière ainsi que ses innovations techniques en matière de biométrie. Le reportage évoque des programmes informatiques capables de reconnaissance faciale à partir de certains points des visages. Cette propagande est évidemment psychologique et a pour but de susciter la peur. Leur message : "On vous retrouvera tous".

En France, Loïc Citation, un jeune militant « connu des services de police » est ciblé. Le domicile de ses parents est pris d’assaut mais les policiers français et allemands qui ont fait le déplacement font chou blanc. La commission rogatoire allemande voit large : « Dégradations par incendie – participation à un attroupement armé – port d’arme de catégorie A par assimilation : engin explosif – violences sans ITT sur agents dépositaires de la force publique » mais le jeune homme est absent et se fend quelques jours plus tard d’un communiqué dans lequel il explique ne pas avoir particulièrement envie de se rendre aux autorités et justifie sa décision de partir en « cavale » par le harcèlement policier qu’il subirait et l’inanité de condamnations antérieures.

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