Contre les extraditions des exilé.es pour une loi d’amnistie

Fin avril 2021, une dizaine d’exilé.e.s italien.ne.s vivant en France depuis 40 ans étaient interpellées chez eux. Cet événement faisait suite à l’opération « Ombres rouges » lancée en 2018 par l’un des chefs du gouvernement italien Matteo Salvini afin de négocier les extraditions d’exilé.es auprès de la France. Mais de quoi est-il question ?

Contre les extraditions des exilé.es pour une loi d’amnistie

Fin avril2021, une dizaine d’exilé.e.s italien.ne.s vivant en France depuis 40 ans étaient interpellées chez eux. Cet événement faisait suite à l’opération « Ombres rouges » lancée en 2018 par l’un des chefs du gouvernement italien Matteo Salvini afin de négocier les extraditions d’exilé.es auprès de la France.

Mais de quoi est-il question ?

A la fin des années 60 et pendant les années 70, l’Italie connut une longue période d’affrontement politique opposant les mouvements sociaux et l’État. Dans ce contexte, dès la fin du ’’biennio rosso’’1968-69, des massacres à l’aveugle étaient perpétrés par des groupes d’ultra-droite en lien avec des agents de l’État-cette période a été appelée par la vox populi, la « stratégie de la tension ».

En même temps, pour mettre fin à la vaste et parfois violente opposition, l’État italien mit en place un arsenal de lois d’exception altérant les garanties du droit et procéda à des arrestations en masse. Plusieurs centaines de militant.e.s de cette insurgence se sont « exilé.e.s », notamment en France.Ils fuyaient un appareil judiciaire d’exception, qui cachait mal sa nature vindicative et anéantissait de fait les droits formels.

Dès les années 80, la politique d’accueil de la France, dont a bénéficié un nombre important de militant.e.set notamment ceux.elles provenant d’Italie, a été motivée principalement par des considérations de prudence de la part de l’État français dans l’objectif de ne pas importer le ’’phénomène italien’’ et une volonté de tenir compte du caractère partial des procédures judiciaires italiennes. Cette politique unique en Europe a été confirmée par les différents présidents de la République, à l’exception de deux cas particulièrement iniques.

En dépit des fausses certitudes, pour ces exilés, le temps ne s’est pas arrêté aux années 70, des générations d’enfants né.e.s en France en témoignent. Malgré les difficultés de l’exil, elle.il.s ont depuis longtemps construit des vies, tissé des liens de tous types et se sont investi.e.s dans de multiples domaines. Leur installation en France a été reconnue par la délivrance de permis de séjour, créant ainsi une situation d’asile« de fait ».
cf historique ci-joint

Nous ne pouvons pas accepter qu’un tel acharnement politico-judiciaire se poursuive cinquante ans après des faits qui se sont déroulés au siècle dernier dans un contexte historique et politique inédit. Plutôt que pourchasser de vieux activistes exilés, qui sont aussi nos amis et nos voisins, les États qui se prétendent « de droit » et « démocratiques » devraient se regarder en face et cesser cette chasse à l’homme infinie, injustifiable au regard des principes formels du droit.

Afin d’interrompre ce cycle insensé et mortifère, le temps est venu de tourner une page désormais révolue et de laisser enfin la place à l’Histoire. Les actrices et acteurs de la Commune elle-même, qui furent l’objet d’une répression acharnée, purent dix ans après bénéficier d’une amnistie dont Victor Hugo s’était fait le défenseur et Manet l’illustrateur.

Faisons barrage ici, maintenant, aux extraditions des ’’exilé.e.s politiques italien.ne.s’’. Non à la vengeance sans fin de l’État. Amnistie !

Contact : Collectif14etdemi@gmail.com
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Twitter @NoExtraditions

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