Chez Alvest, balance ton collègue !

Le groupe Alvest, spécialisé dans la fabrication de matériel aéroportuaire, met en place une « plateforme d’alerte professionnelle », qui est en fait une incitation à la délation, et également un module destiné à ficher les salariés par leurs propos. Sous couvert de droit des affaires, de vertus et d’éthique, les entreprises traquent les mauvais salariés, comme Pétain chassait les mauvais Français.

La com d’Alvest

Les salariés du groupe Alvest, qui comprend notamment l’entreprise TLD, dont l’une des usines est située à Sorigny, en Indre-et-Loire, ont été informés par courrier de la création d’une plateforme d’alerte interne, destinée à recueillir les cas de fraude ou de « comportements fautifs » des salariés. Cette plateforme permet de « faire part de [ses] inquiétudes [...] de manière confidentielle et si nécessaire à titre anonyme », en s’appuyant sur les services de l’entreprise People Intouch, qui propose un outil de dénonciation à l’échelle européenne.

Quelques lignes de lacom’ d’Alvest
« Cher(e)s Collègues,

Dans le monde actuel, le comportement fautif d’une seule personne peut avoir des effets négatifs , significatifs sur la réputation et la crédibilité de notre Groupe………….Dans ce contexte s’exprimer/alerter est essentiel pour maintenir notre réputation, notre succès…………..Ainsi à partir d’aujourd’hui une plateforme d’alerte professionnelle est mise à votre disposition, elle permet à tous les employés du Groupe de faire part de leurs préoccupations en cas de fraude ou de comportement fautif présumé, en ligne ou par téléphone...
…………….il se peut que vous préfériez garder l’anonymat, cette plateforme vous donne l’occasion de faire part de vos inquiétudes…de manière confidentielle et si nécessaire à titre anonyme.
Soyez certains que nous ne tolérerons pas de représailles à l’encontre d’une personne qui aurait soulevé une préoccupation de bonne foi…………..
Vous trouverez plus d’information dans notre brochure »speack up policy » (procédure d’alerte professionnelle) ci jointe
Nous vous remercions de votre soutien et de votre action en conformité avec notre Code d’Éthique et de Conduite des Affaires
Jean Marie Fulconis
président du Groupe Alvest

De la loi du secret à la délation

Le 14 juin 2018, les député(e)s macronistes ont assuré la promotion et le vote de la loi sur le secret des affaires. Cette loi, dans le contexte sécuritaire en place depuis 2015 est destinée à clouer le bec à celles et ceux, lanceurs ou lanceuses d’alerte, qui dénoncent les projets crapuleux de certaines entreprises, ou informent de la volonté d’une entreprise de recourir à des licenciements. Aujourd’hui Irène Frachon ne pourrait plus dénoncer les laboratoires Servier et les ravages mortels du Médiator. Secret des affaires ! Silence, on vend de la mort.

Le monde de l’entreprise voulait cette loi, pour ne plus être comptable de ses activités délinquantes, ou peu avouables, mais ça ne suffit pas. Les entreprises veulent aussi étouffer la communication pour la redéfinir.

Aussi, tout comme le Groupe Alvest, les entreprises éditent leur propre code éthique, en fait un code du secret des affaires, : défense de parler de l’entreprise, pour cela il y a des communicants autorisés. Une autre loi, la loi sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique, dite « Sapin 2 », a pour ambition de porter la législation française aux meilleurs standards européens (?) et contribuer à une image positive de la France à l’international. Ce projet de loi a été adopté par le Parlement le 8 novembre 2016.

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