Lundi 2 juin 2014, les employés de la Société Française d’Énergie Nucléaire (SFEN) ont eu la surprise de découvrir la façade de leurs bureaux au 5 rue Morillons (Paris 15e) rehaussée de peinture vive revendiquant le début de la campagne d’action « Bure 365 » [1].
Les objectifs principaux de cette campagne sont de faire connaître la lutte contre l’enfouissement des déchets radioactifs, le projet CIGEO (Centre Industriel de stockage GEOlogique des déchets nucléaires), et plus généralement le nucléaire et son monde.
L’enfouissement, par son caractère irréversible, revient à confisquer toute possibilité à la communauté humaine de demain de se saisir de ce problème. Qui peut prétendre pouvoir gérer des déchets dont les radiations sont mortelles pour une durée égale à dix fois l’Histoire de l’humanité ?
Cette campagne d’action, prévue pour durer un an, a pour ambition de mobiliser les consciences au niveau national et international en encourageant des actions spontanées, régulières et complémentaires : désobéissance civile, actions publiques, actions directes, actions juridiques…
Pourquoi la SFEN à Paris ?
En juillet 2013, la SFEN a participé au « débat public » organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) et présentant le projet CIGEO comme « nécessaire, durable et citoyen », une ouverture qui laissait déjà peu de place au « débat ».
Dans son cahier d’acteur, la SFEN présente en quatre pages les raisons de son dixit à priori positif sur le projet CIGEO.
Sans s’encombrer d’étayer ses affirmations de la moindre sources ou références scientifiques, la SFEN reconnaît que le projet n’est pas « complètement finalisé » mais ne trouve pas pertinent de prendre le temps de terminer sa conception avant d’en lancer la réalisation [2].
Pourtant, la débandade du modèle américain WIPP (Waste Isolation Pilot Plan, centre de stockage de déchets radioactifs militaires) est éloquente. Avec un protocole de conditionnement clair et établi depuis de nombreuses années, dans le même mois, plusieurs accidents : un incendie grave se déclare, des ouvriers sont contaminés, un fût explose, et des centaines attendent leur heure pour le faire. Le site est fermé dans l’urgence. [3]
La SFEN note également que des nuisances se concrétiseraient dans la livraison des déchets par l’arrivée de nombreux transports ferroviaires. Elle précise toutefois que ces transports de déchets radioactifs sont selon elle « parfaitement sécurisés », et n’auraient « causés aucun incident notable depuis des dizaines d’années ». C’est faire peu de cas des incidents classés niveau 1 et 2 (sur 7) relevés par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) sur son site.
Face à son engagement partial et à ses arguments fallacieux, on ne s’étonne pas que la SFEN fut la cible de cette première action parisienne.
Au delà du projet CIGEO, et de l’idée d’enfouissement des déchets radioactifs sous un tapis d’argile, la campagne Bure 365 se veut une étape dans la réflexion pour un monde sans nucléaire. La seule gestion responsable des déchets radioactifs aujourd’hui, c’est l’arrêt immédiat de leur production.
Bure 365, c’est parti !
La Mandragore
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