« Le Sacré-Coeur est une verrue versaillaise qui insulte la mémoire de La Commune de Paris. Le projet consiste en la démolition totale de la basilique lors d’une grande fête populaire. »
Le texte de la proposition n’y va pas par quatre chemins. Enregistré dans la catégorie « Culture et patrimoine », ce projet débarrasserait Paris de la basilique érigée entre 1875 et 1923. Pour beaucoup d’habitant-es de la ville, ce monument est le symbole hideux de la répression de la Commune de Paris. Ce qui expliquerait qu’il soit actuellement le deuxième projet le mieux classé sur le site de la Ville consacré à son budget participatif.
Ce « sanctuaire de l’adoration eucharistique et de la miséricorde divine » a en effet été érigé sur la butte Montmartre, là où a démarré l’insurrection populaire le 18 mars 1871. L’un des initiateurs du projet ne cachait pas sa haine du peuple et des communard-es. Quelques jours après la cérémonie de pose de la première pierre, Hubert Rohault de Fleury déclarait :
« Oui, c’est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément-Thomas et Lecomte, que s’élèvera l’église du Sacré-Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l’Église semblait surtout animer. » [1]
Dans Spinoza encule Hegel, Jean-Bernard Pouy imaginait la basilique repeinte grâce à l’emploi d’un Canadair. La proposition consistant à la raser est encore plus sympathique, même si elle a peu de chance de passer le processus de sélection (drastique) mis en place par la mairie de Paris pour verrouiller son dispositif « participatif ».
Illustration par Miquel González Page