« Aux gilets jaunes partout en France, aux groupes et rond-points locaux, aux assemblées locales ou départementales, aux familles et aux bandes de potes qui enfilent les gilets le week-end, et à toutes celles et ceux qui n’ont pas encore le gilet mais qui ont la rage au ventre.
Cela fait maintenant plus de deux mois que nous nous sommes soulevé-e-s contre la dictature du pouvoir de l’argent sur nos vies. Deux mois que nous sommes sur les ronds-points, dans les rues, dans des assemblées, à bloquer l’économie pour défendre notre droit à vivre et retrouver notre dignité. Les médias n’osent même plus dire que le mouvement s’essouffle : nous nous sommes installés !
Maintenant, il nous faut définitivement enraciner notre mouvement. Il nous faut le doter de lieux de vie et d’organisation durables. Nous devons construire des bases arrières pour alimenter le rapport de force que nous avons engagé contre ceux qui mènent nos vies et la planète à la ruine. C’est pourquoi, nous, gilets jaunes de la Maison du Peuple de Saint-Nazaire réunis à Commercy les 26 et 27 janvier pour la première Assemblée des assemblées des gilets jaunes ; appelons tous les groupes de gilets jaunes à se doter de Maisons du Peuple partout en France !
En plus de la répression des manifestations le gouvernement cherche à saper nos positions locales. Depuis la mi-décembre, il a ordonné l’évacuation de la plupart des ronds-points occupés. Dans de nombreux endroits les gilets jaunes reconstruisent leurs cabanes à chaque destruction, dans des endroits parfois excentrés et peu visibles, dans d’autres la désorganisation persiste car les rond-points ne peuvent pas être réoccupés. Nous devons donc lutter et nous organiser dans des conditions rudes, dans le froid de l’hiver, ou dans des salles prêtées ponctuellement au bon vouloir de telle ou telle mairie.
Nos Maisons du Peuple sont des lieux de vie, de solidarité, où la chaleur du collectif nous fait sentir qu’on n’est plus seuls, où l’on apprend à s’écouter et s’accepter dans nos différences, et dont on ne pourrait plus se passer. Et même si certains de ces lieux sont menacés d’expulsion, quoi qu’il arrive, nous en trouverons d’autres. Une Maison du Peuple n’est pas qu’un bâtiment, elle se déplace avec nous.
En 1789, le peuple insurgé se retrouvait dans des clubs et des cafés ; au début du XXe siècle, les ouvriers renforçaient leur solidarité dans les bourses du travail ; en 1936 et en 1968 les usines en grève étaient le cœur de la lutte. Nos Maisons du Peuple s’inscrivent directement dans cette continuité.
Certains bâtiments vides sont occupés, d’autres nous sont prêtés par des sympathisants. Ces occupations représentent pour nous des réquisitions citoyennes parfaitement légitimes, compte tenu des moyens dérisoires dont nous disposons face à ceux de nos richissimes adversaires. Par leurs dimensions sociales, ces lieux permettent justement de palier aux manquements de l’État.
Alors réapproprions-nous des bâtiments vides, cherchons des personnes qui pourraient nous en prêter, ou cotisons-nous, si nous le pouvons, pour en louer. Profitons de ces murs pour organiser des actions, accueillir de nouvelles personnes, nous reposer, venir en aide à celles et ceux qui sont en galère, mieux nous coordonner, etc.
Il nous faut poursuivre ce qui se passe déjà un peu partout mais qui menace d’être disloqué si nous ne trouvons pas d’espaces durables. Reprenons le pouvoir grâce aux Maisons du Peuple !
Par cet appel, nous souhaitons aussi mettre à disposition nos conseils et nos savoir-faire à des groupes ou personnes qui se sentent orphelin-e-s de leurs ronds-points et souhaiteraient ouvrir des Maisons du Peuple. Nous souhaitons mieux relier, visibiliser et fédérer les Maisons du Peuple existantes ou en projet. Comme d’autres gilets jaunes partout dans le pays, nous voulons construire des bases matérielles capable de s’opposer durablement à un État de plus en plus répressif et autoritaire.
Vive les gilets jaunes ! Vive les Maisons du Peuple ! Que la lutte soit longue !
Contacts (pour demande de conseils, d’informations, pour signaler ce qui se passe par chez vous dans votre Maison du Peuple, pour rejoindre l’initiative) : maisonsdupeuplepartout@riseup.net »