À Paris des collégiens préparés à une nouvelle menace :« L’intrusion de manifestants potentiellement violents »

Une lectrice de lundimatin dont les enfants sont scolarisés dans un collège parisien, leur a fait parvenir un échange de mails avec la direction de l’établissement. On y découvre que d’ici la fin de la semaine un PPMS « alerte intrusion » sera déclenché dans le collège. Le thème choisi est pour le moins étonnant : « intrusion de manifestants potentiellement violents ».

Toute personne ayant déjà été scolarisée se souvient du rituel annuel de la simulation d’incendie. L’alarme se déclenche, les professeurs demandent aux élèves de se lever dans le calme, de suivre les consignes et de se rassembler sur le terrain de football. On informe alors les enfants ou adolescents que non, il n’y avait pas réellement le feu et que c’était seulement un exercice, « au cas où ».

Depuis 2002, cet exercice banal et de bon sens s’est étendu à d’autres risques que les incendies, notamment les accidents majeurs, qu’ils soient d’origine naturelle (tempête, inondation, submersion marine, séisme, mouvement de terrain...), technologique (nuage toxique, explosion, radioactivité...). Dans le jargon de la sécurité et des rectorats on parle de PPMS : plan particulier de mise en sûreté.

Après la vague d’attentats qui a touché la France en 2015 et 2016, les risques d’ « attentat-intrusion » sont intégrés au dispositif et dès la maternelle, on prépare les enfants à réagir adéquatement au cas où des hommes armés pénètreraient dans leur établissement. Ces simulations sont encadrées par le personnel éducatif ainsi que différentes forces de police selon le type d’établissement. Une circulaire de 2017 parue au bulletin officiel fait le point sur ce dispositif national plutôt complexe.

Une lectrice de lundimatin dont les enfants sont scolarisés dans un collège parisien, nous a fait parvenir un échange de mails avec la direction de l’établissement. On y découvre que d’ici la fin de la semaine un PPMS « alerte intrusion » sera déclenché dans le collège. Le thème choisi est pour le moins étonnant : « intrusion de manifestants potentiellement violents ».

Notre rédaction a passé plusieurs heures à éplucher la documentation officielle afin de savoir si ce nouveau « risque » rentrait dans le cadre des décrets encadrant ces exercices de mise en sûreté ou s’il s’agissait d’une nouvelle initiative sans réel cadre légal.
N’ayant trouvé aucune occurrence de cette nouvelle "menace" nous avons sollicité le rectorat de Paris ainsi que la préfecture de police, aucun n’a répondu à nos questions pour le moment.

A la veille de plusieurs procès faisant suite à l’occupation du lycée Arago lors de laquelle des dizaines de policiers s’étaient violemment introduits dans l’établissement [avant de mettre 101 élèves en garde à vue (voir ici et ici), la thématique de ce PPMS a de quoi interpeler.

Initialement publié sur LundiMatin
Localisation : Paris 11e

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