Certaines unités comme « La Nueve » (9e compagnie de marche du Tchad, composée d’anarcho-syndicalistes espagnols), après avoir rejoint les « Forces Françaises Libres » participent à la libération de Paris.
À 20h41, les premiers half-tracks de la 2e Division Blindée de Leclerc (commandés par le capitaine Raymond Dronne) entrent dans la capitale insurgée, par la porte d’Italie.
Ils sont conduits par les anarchistes espagnols de la « Nueve », et portent les noms des batailles livrées en Espagne contre le franquisme (Guadalajara, Teruel, Brunete, Belchite, Ebro, Madrid, etc).
A 21h22, c’est le blindé « Guadalajara » qui le premier se présente devant l’Hôtel-de-Ville. Les Espagnols y sont accueillis en libérateurs.
« Nous avons été les premiers à entrer dans Paris. Le premier canon installé place de l’Hôtel de Ville, c’est moi qui en étais responsable, nous l’avions appelé »El Abuelo« (Le Grand-Père). » Jésus Abenza.
Anarchiste espagnol ! Je suis l’un des seize survivants de ceux qui sont entrés les premiers dans Paris. J’étais le plus jeune et j’avais une guitare. Le capitaine Dronne m’a dit : « Rico, ce n’est pas un régiment de mandolines ». J’ai caché ma guitare sur le tank.
Il n’était pas commode, nous non plus. C’est le seul qui a voulu de nous et nous de lui. Il parlait l’espagnol, nous on se débrouillait en français, mais le cœur y était.
Si bien qu’à la porte d’Italie, quand nous sommes arrivés et qu’une femme a crié : « Vive les Américains ! », un de mes camarades a répondu : « Non Señora Madame, yo soy un Français ». "Juan Rico"/Victor Baro.
Le 25 août, ils prennent part aux combats, comme sur la place de la République.
Après avoir défilé triomphalement sur les Champs-Élysées le 26 août devant le Général De Gaulle, ils poursuivront leur progression en Lorraine et en Alsace, libérant Strasbourg le 23 septembre. Ils prendront part également aux derniers combats en Allemagne notamment au QG d’Hitler à Berchtesgaden (Alpes bavaroises) où ce sont également les Espagnols qui entreront les premiers.
Par la suite, l’espoir de retourner en Espagne poursuivre la besogne restera vain, et De Gaulle ira jusqu’à interdire la presse antifranquiste dans les années soixante et à emprisonner des militants anarcho-syndicalistes espagnols.