Salut à tous et toutes,
Le 1er mai est une date primordiale dans l’histoire sociale du monde. Pour nous, anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires de la CNT, il ne s’agit pas de la « fête du Travail » mais d’une journée de lutte internationale, à l’origine journée annuelle de grève et de manifestation pour la réduction du temps de travail quotidien à huit heures.
Depuis bientôt un siècle et demi, ce sont les luttes des travailleuses et des travailleurs qui ont permis des avancées considérables vers des conditions de travail décentes. Et ce sont ces droits conquis grâce à la force et à la détermination d’un syndicalisme combatif que, petit à petit, les gouvernements successifs, et aujourd’hui celui de Macron et Philippe, voudraient nous enlever, pour contenter un capital dont les dents sont toujours longues et plus pointues.
L’État n’est autre qu’un architecte dans les projets du patronat, qui construit une société chaque jour plus inégalitaire, où une écrasante majorité produit pendant qu’une infime minorité en tire les bénéfices.
Ainsi on brade le service public pour privatiser à tout-va, et quand nous parlons de service public, ce n’est pas la dimension étatique qui nous intéresse mais bien un système mutualiste qui va vers plus d’équité entre les classes, puisque nous ne les avons pas encore détruites. Sélection à l’école, précarité galopante sous couvert de nouveau management, licenciements sans contrainte pour les employeurs : autant de méfaits qui ont pour objectif de provoquer la division du prolétariat et le repli sur soi, l’individualisme étant le mot d’ordre que veut nous imposer la classe dirigeante, à son plus grand profit.
Le fait de demander à des employés de travailler plus sans aucune augmentation de salaire ni majoration des heures supplémentaires, et donc de travailler gratuitement, montre que le servage et l’exploitation ne sont pas des pratiques désuètes. Le salariat en lui-même est une exploitation, mais il ne suffit pas : mieux vaut réduire la masse salariale et pousser à des formes de paiement sans salaire (honoraires, factures, piges, collaborations extérieures, etc.,), voire plus aucun paiement du tout (stages, travail dissimulé, travail non payé, etc.). Flexibilité, précarité, augmentation de la charge de travail pour certains et chômage pour d’autres, faudrait-il courber l’échine et se taire ?
À cela, le syndicalisme que prône la CNT répond par les pratiques collectives que nous avons élaborées depuis longtemps et qui animent notre projet révolutionnaire : l’autogestion, le refus de la hiérarchie et de la délégation de pouvoir à travers l’action directe, l’entraide, la solidarité, le mutualisme. Ce qui fait l’originalité et l’essence même de notre syndicalisme de classe.
Par ailleurs, la misère sociale et l’absence de perspectives, chez certains, font ressurgir des monstres du passé qui devraient être mis au rebut. Le fascisme, le populisme, le racisme et le nationalisme sauront toujours nous trouver en face d’eux pour combattre avec fermeté leurs idées nauséabondes. Celles-ci, ne l’oublions pas, ont trouvé un terreau favorable dans les politiques précédentes, de gauche comme de droite, qui par souci électoral ont joué à l’apprenti sorcier pour gagner des voix. Le fascisme n’est qu’une conséquence d’un système capitaliste en crise qui cherche à diviser la classe ouvrière.
Or parmi cette classe ouvrière, il ne peut y avoir de division : nous sommes la classe des prolétaires, qui n’avons rien d’autre que notre force de travail pour vivre, que nous ayons un travail ou pas, que nous ayons des papiers ou pas. C’est la même logique qui est mise en place dans les politiques de restructuration des entreprises, de destruction des emplois, de restriction des allocations chômage, de flicage des sans-emploi, de persécution des migrants. Combien de morts devrons-nous compter parmi celles et ceux qui fuient la misère et la guerre avant de réagir et d’instaurer ce dont les patrons et le capital bénéficient déjà : la liberté de circulation et l’abolition des frontières ? Si la solidarité est un délit, alors soyons tous des délinquants et des délinquantes.
Nous ne pouvons accepter que l’être humain soit réduit à un chiffre, à une donnée quantifiable, à un pion. Montrons-leur que les pions peuvent mettre en échec rois et reines. En se syndiquant, en s’organisant, en autogérant la production et la distribution des richesses, en s’émancipant, dans l’égalité et l’entraide, sans État ni patron.
Rendez-vous le 1er Mai, 12h, à la Place des Fêtes, Paris XXe !