Pour une ouverture de squat qualifiée par la justice de tentative de cambriolage, A. a été condamné le 25 octobre à un an de prison ferme avec mandat de dépôt, car c’est ainsi que l’État traite ceux qui n’ont pas de logement, de travail déclaré, ou autres « garanties de représentation ». Il faisait partie d’un petit groupe de migrants tchadiens à la rue qui s’étaient organisés pour trouver un toit par eux-mêmes, l’État préférant détruire les campements les uns après les autres que de proposer des solutions aux réfugiés qui peuplent les trottoirs de la Chapelle.
Emprisonné à Fresnes, comme tous les détenus, A. subit en plus de son enfermement des conditions de détention déplorables (fuite dans sa cellule, pas d’accès au soin, privation de parloir, violence physique des matons…). Il s’apprête à subir une double peine, frappé d’une OQTF et une IRTF qu’il n’a pu contester, parce qu’il était en garde à vue pendant le délai de recours. Autrement dit, à son emprisonnement viennent s’ajouter un isolement aggravé par la justice ainsi que la menace de se voir expulser vers le Tchad, où il risque la mort.
C’est dans ces conditions encore dégradées par la grève des matons (distribution aléatoire des repas, annulation des parloirs, suppression ou raccourcissement des promenades…) qu’A. est passé en commission disciplinaire le lundi 22 janvier pour tentative d’évasion et a pris 20 jours de mitard (sanction maximale).
Le 6 février, au 17e de jour de mitard, il a été de nouveau placé en garde à vue, et déféré le lendemain en comparution immédiate pour tentative d’évasion. Il est passé avec son codétenu devant le tribunal de Créteil. Les accusations relatées par le juge sont les suivantes : A. et son codétenu auraient descellé les barreaux de la fenêtre de leur cellule. Le mur était apparemment complètement pourri à cause d’une fuite d’eau. A. serait sorti par la fenêtre de la cellule à l’aide d’une corde, aurait circulé dans la taule pendant quelques heures, avant de se faire repérer par le mirador qui l’aurait mis en joue. Le codétenu est accusé de complicité pour « dégradation, et préparation de la tentative », et A. de tentative d’évasion. Pendant l’audience, il a également été rapporté par le proc qu’à son codétenu demandant à un flic de leur escorte : « Et si je prends ton flingue tu fais quoi ? » A. aurait répondu « Police partout justice nulle part »…
A. a demandé le renvoi pour préparer sa défense, son procès aura lieu le 7 mars. Contre toute attente, le juge les a placés sous contrôle judiciaire en attente du procès. Il y a donc un double enjeu à être à ses côtés à l’audience du 15, qu’il soit relaxé pour la tentative d’ouverture de squat et qu’il comparaisse libre pour la tentative d’évasion.
Nous invitons tou.te.s celles et ceux qui refusent la criminalisation du squat, qui se battent contre la répression violente dont sont victimes les migrant.e.s et contre toute forme d’enfermement à venir soutenir A. le 15 février devant la Cour d’appel de Paris.
RDV le 15 février, à 9 h, pôle 4, chambre 11, Cour d’appel de Paris, métro Cité.
Nous appelons également à rejoindre la manifestation contre les prisons et la répression des squats qui aura lieu le lendemain à Montreuil à 19 h.
Fermons les prisons, ouvrons des squats !
Collectif de soutien à A.