Surveillance : enquête sur Qosmos, le fournisseur de sondes à la Syrie d’al-Assad

Mediapart et le site Reflets.info s’associent pour une enquête en trois volets sur Qosmos, société française spécialisée dans la technologie de surveillance de masse (DPI), visée par une information judiciaire pour « complicité d’actes de torture » Qosmos est soupçonnée d’avoir participé, en 2011, à un projet de surveillance global du net syrien.

Bachar-Al-Assad

En novembre 2011, Bloomberg révèle que la société Qosmos, l’un des leaders français du Deep Packet Inspection (DPI), la technologie d’interception de flux Internet la plus en pointe, travaille comme sous-traitant de l’allemand Utimaco, lui-même sous-traitant de l’italien Area Spa, pour la livraison à Bachar al-Assad d’un système de surveillance global de la population. L’image de Qosmos commence à se dégrader nettement, d’autant que la révolution dans le pays a démarré neuf mois plus tôt et a déjà fait 3000 morts.

Pour contrer les effets de cette publication, Qosmos annonce alors avoir décidé de se retirer du projet et clame que ses matériels n’ont pas été « opérationnels » dans ce pays. Cette défense tiendra-t-elle devant les trois juges d’instruction du pôle génocides et crimes contre l’humanité chargés d’instruire une plainte initiée par la LDH et la FIDH ?

Quoi qu’il en soit, son produit d’interception massive a été développé par Qosmos grâce au contrat avec la Syrie. L’argent des dictateurs n’a pas d’odeur dans le milieu français de la surveillance. Le contrat passé par l’autre acteur, Amesys, avec le colonel Kadhafi avait lui aussi permis de développer la solution Eagle ayant conduit à des tortures en Libye.

Selon les informations recueillies par Mediapart et Reflets.info, même sous une forme « dégradée », les outils de Qosmos ont bien été installés en Syrie et ont très bien pu être utilisés par les autorités, quand bien même Qosmos se serait retirée du projet. En outre, Qosmos a continué à travailler avec Utimaco au moins jusqu’en novembre 2012. Peut-être sur des projets n’étant pas liés à la Syrie, mais pour autant, Utimaco avait un accès aux nouvelles versions des produits Qosmos bien après la fin annoncée du projet Asfador et l’allemand aurait pu affiner la solution syrienne de son côté.

Il est par ailleurs difficile d’imaginer que Qosmos, qui a des relations très étroites avec les services de renseignements intérieurs et extérieurs français, au point que ses activités sont « confidentiel défense », ait pu travailler sur ce projet sans que les plus hautes autorités françaises n’en aient été averties.

Lire la suite sur Reflets.info

À lire également...