Les salarié·e·s de la RATP font partie de ces premières lignes qui ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire, avec neuf agent·e·s qui sont décédé·e·s du Covid-19. Il faut dire que début mars, la direction allait même jusqu’à interdire et sanctionner le port du masque aux machinistes ! Ahmed et Alexandre se sont battus sans relâche dès la fin février pour dénoncer comment la RATP et le gouvernement exposaient salarié·e·s et usager·ère·s impunément dans les transports en ne prenant aucune mesure de protection. Les dénonciations publiques et en CSSCT ont permis que le 13 mai la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, service dépendant directement du ministère du Travail) mette la direction de la RATP en demeure de prendre sous 8 jours des dispositions pour assurer la sécurité à bord de ses bus, constatant « qu’il existe une situation dangereuse liée au risque de contamination ».
Comme le dit Ahmed, « la crise sanitaire l’a montré aux yeux de tous : si nous laissons nos vies aux mains des capitalistes et des dirigeants soucieux de préserver leurs intérêts, nous sommes cuits. Même face à un virus meurtrier, on a bien vu à quel point leurs choix suivaient la seule logique du profit, au détriment de la santé et de la vie des ouvriers. » En effet, les vies de millions d’entre nous ont été confinées et précarisées, exposées sans protection pour des problèmes de logistique mal gérés et des choix économiques irresponsables. Plusieurs milliers de personnes sont mortes parce que l’état de nos
hôpitaux ne permettait pas de les soigner ou parce que, dans les EPAHD le manque de personnel et de matériel ne permet pas de respecter des mesures d’hygiène, d’attention et de soin.
Alors que France Info vient d’annoncer que des proches d’Emmanuel Macron claironnent qu’il souhaite relancer pour partie le projet de réforme des retraites, cette commission disciplinaire qui risque d’aboutir à une révocation a également une dimension symbolique. En effet, cette réforme nous l’avons combattue aux côtés d’Ahmed et Alexandre cet hiver, nous les avons côtoyés ou croisés sur les piquets devant les dépôts de bus dès 4h du matin comme dans les manifs malgré les lacrymos et les grenades de désencerclement ou dans les fêtes de soutien pour remplir les caisses de grève. Être nombreux et nombreuses présent·e·s devant le siège de la RATP le mercredi 10 juin c’est donc apporter notre soutien à des camarades qui se battent pour les droits des travailleurs et des travailleuses, dans un contexte où ces droits sont globalement attaqués dans tous les secteurs. Mais c’est aussi continuer la lutte contre une réforme qui nous contraindra à travailler plus et plus longtemps pour au final finir notre vie dans des conditions encore plus précaires que celles que nous aurions actuellement.
Travailleurs et travailleuses de l’éducation, de la santé, des transports, retraité·e·s, précaires, chômeurs et chômeuses, RSAste, habitant·e·s des banlieues ou des quartiers dits populaires, étrangers et étrangères ou étiquetté·e·s comme tel·le·s… L’État et les patrons nous ont montré que nos vies ne valaient que vraiment peu de chose à leurs yeux, même pas le prix d’un masque !
Ne ratons pas une occasion de leur montrer que nous saurons nous en rappeler, soyons solidaires les un·e·s des autres quand l’un·e de nous est attaqué·e, soyons nombreux et nombreuses le mercredi 10 juin à partir de 13h au 19, place Lachambeaudie, 75012, métro Cour Saint-Émilion.
Sud éducation Paris, Paris le 7 juin 2020