Résister, malgré tout

Face à la force d’État, ne pas fléchir.

« Unheimlichkeit » (L’inquiétante étrangeté)
PS : « Du Pouvoir en place ! »

Il n’est pas toujours simple de déterminer les modes d’actions idéaux pour abattre un système inégalitaire.
Le monde où nous vivons est lui-même constitué de disparités économiques qui entravent nos propres rapports à la lutte sociale.
Parmi tout(es) les camarades, certain(es) travaillent, d’autres, plus éprouvé(es) trouvent leur victuailles dans les poubelles, d’autres ont tout perdu jusqu’à ce point d’effondrement qui fait le désespoir, celui qui décourage toute possibilité d’action.
Ce n’est ni affaire de décret subjectif, ni affaire de volonté (ne revenons pas à la psychologie simpliste de Ribot).
Quelque chose néanmoins nous unit : le sentiment de vivre dans un monde infâme.
Le temps n’a pas à être tordu ainsi, contraint à la vitesse des algorithmes.
Là, gît une source de vulgarité. Le capitalisme (nommons-le trivialement ainsi) s’est fait une spécialité de dénaturaliser la Vie.
Or, la lenteur est digne aussi, elle mérite notre respect, la lenteur fait signe vers une aube sans "Usine à bagnards".
Il nous faut réinventer de nouveaux rythmes, discontinus, insaisissables.
Un jour peut-être, les tours de la Défense, celles consacrées à démolir le genre humain, s’effondreront dans un bruit de cristal.
Ce jour attendu, sera fête pour celles et ceux condamné(es) à l’errance.
Certes, les forces contre lesquelles nous luttons sont démesurées, mais il y a en nous, une autre force que celle, impulsive, qui fait nos identifications aux figures légendaires de la pensée libertaire. Sans doute existe-t-il dans nos tréfonds, un mystère qui nous fait avancer. Une puissance de rêve, un indicible élan vers la liberté, si fort, si indestructible que jamais nous ne cesserons de combattre (la mort elle même nous saisirait-elle), peut-être est-ce là ce qui se nomme profondément anarchisme : une envie de ne pas en finir. De ne pas laisser aux monstres du système la joie de l’emporter sur nos fragilités.
Par-delà les tremblements qui nous saisissent meurtris devant les escouades de flics, nous ne lâcherons rien. Mon article n’est d’aucune aide, j’en ai conscience, je constate simplement que quelque chose, en nous, ne meurt pas, quelque chose qui n’est ni témérité, ni lâcheté.
Un noyau de courage, malgré toutes nos blessures, tous nos sacrifices et notre brûlante lucidité.
Alors continuons la lutte, en ce temps présent tellement infect, et si misérable qu’il pourrait nous pousser au suicide.
Mais jamais, jamais nous ne tomberons dans la voie du nihilisme, fût-ce à armes inégales, affrontons les Monarques, jusqu’à nos dernières forces.

Swing

"J’adore servir à table. C’est là qu’on surprend ses maîtres dans toute la saleté, dans toute la bassesse de leur nature intime. Prudents, d’abord, et se surveillant l’un l’autre, ils en arrivent, peu à peu, à se révéler, à s’étaler tels qu’ils sont, sans fard et sans voiles, oubliant qu’il y a autour d’eux quelqu’un qui rôde et qui écoute et qui note leurs tares, leurs bosses morales, les plaies secrètes de leur existence, tout ce que peut contenir d’infamies et de rêves ignobles le cerveau respectable des honnêtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les étiqueter dans notre mémoire, en attendant de s’en faire une arme terrible, au jour des comptes à rendre, c’est une des grandes et fortes joies du métier, et c’est la revanche la plus précieuse de nos humiliations…“

Octave Mirbeau, Journal d’une femme de chambre (juillet 1900)

Note

Cominciamo con Giove (« Commencer par Jupiter ! » ou « Commençons par Jupiter ! »)

Mots-clefs : autonomie | anarchisme

À lire également...