Les voleurs d’âme

| Cerveaux non disponibles

Quartiers populaires, Gilets jaunes, maintenant la musique et la danse ! Cette musique libre détestée par les puissants.
Quels dangers symbolisent-ils ? Que racontent ces abus de pouvoir ?
Nos corps debout et résistants font-ils peur ?
À la phrase méprisante et cynique du préfet « l’usage de la force est toujours proportionné », nous répondons, la seule proportion valable pour la sécurité est que vous n’interveniez pas, vous les tueurs de joie, de lien et d’amour.

La pratique policière dans son expérimentation répressive a emprunté à la géométrie pour avancer dans ses exactions, partir en chasse, toujours de la périphérie du cercle et avancer militairement vers son centre. Semant ainsi une habituation du peuple à la violence !

Réprimer en premier lieu l’autre, l’étranger, celui des quartiers populaires, celui qu’il fallait taire, dont il fallait invisibiliser les luttes, même les morts. Les quartiers en périphéries des villes ont été les premiers terrains de la répression et de l’entrainement à la guérilla urbaine.

Des années après, la stratégie s’est rapprochée des centres, en témoigne l’application de ces exercices mutilants au cœur du soulèvement populaire des Gilets jaunes. Les blessés, les morts, ceux qui n’étaient pas les semblables dans les cités, dans les périphéries, trouvent tristement aujourd’hui des frères et des sœurs mutilés… au cœur de la ville.

La mort de Zineb Redouane ainsi que les blessés pour l’exemple nous apprennent combien la violence d’état par sa pratique policière a atteint un niveau de violence extrême, elle n’est d’ailleurs pas jalousée par la coercition judiciaire qui elle aussi s’applique au jeu de la soumission avec grand talent. Justice et police travaillant main dans la main, volonté ici par la terreur, de rendre muet, immobile et pétrifié.

Ainsi tous ceux qui veulent construire ce monde plus juste, s’opposer à ce récit mortifère voient en face d’eux un ogre politique armé des plus viles armures pour éteindre les soulèvements avides de vie, de justice et de dignité.

Et il ne fait plus secret qu’entre le monde juste et beau que souhaite bâtir le peuple, et le monde actuel asservissant dans lequel nous vivons, il n’y a qu’un obstacle historique : la police. Et en chien de garde de cette immonde institution, en complice fidèle et loyale : il y a la justice !

Réprimer les quartiers, réprimer les manifestations, il n’y a aucune limite à la volonté d’éteindre la vie qui se soulève.

Le 21 juin 2019, c’est autour de la fête de la musique de subir le bâton, à Nantes tout d’abord, où la compagnie départementale d’intervention s’impose pour arrêter un dernier morceau de musique, ce dernier morceau singulier, celui qui conclut les moments partagés. Arrêter la mouvance des corps dansants, stopper le plaisir et la beauté.

Charge, gazage, matraquage, 14 personnes tombent dans la dangereuse Loire et seront ensuite secourues. Une personne est toujours portée disparue, Steve, 24 ans, est activement recherchée depuis, laissant dans l’angoisse insoutenable famille et proches.

Dans cette même ville, en 2006, Taoufik El Amri disparaissait dans l’Erdre, ouvrier tunisien, noyé par la police, l’affaire n’a jamais vraiment été élucidée, et une police uniquement condamnée pour faux témoignage.

Montpellier également sera le théâtre de l’abominable, une voiture de police accélérant au milieu de la foule pour cette même fête de la musique renversant 10 personnes, dont une qui restera à terre de longues minutes.

Quartiers populaires, Gilets jaunes, maintenant la musique et la danse ! Cette musique libre détestée par les puissants.

Quels dangers symbolisent-ils ? Que racontent ces abus de pouvoir ? Nos corps debout et résistants font-ils peur ?

À la phrase méprisante et cynique du préfet « l’usage de la force est toujours proportionné », nous répondons, la seule proportion valable pour la sécurité est que vous n’interveniez pas, vous les tueurs de joie, de lien et d’amour.

Il semblerait que la vivance soit une des principales ennemies de l’État et par ses interventions policières, il abîme sadiquement les carnes, dévore les chairs ! L’esprit de la musique électronique incarne tout ce qu’exècrent les hautes instances, ces instances qui laissent faire la police, carte blanche morbide, qui blesse, qui tue, qui jette la vie dans les fleuves.

Ces forces fascisantes d’État, voleuses de liberté, voleuses d’âmes.

Faire un inévitable pas de côté résistant en dehors des systèmes mortifères qui veulent assigner à domicile est de tout temps réprimé, faire disparaître toute forme de vie, toute forme de lien qui ne rentre pas dans le rang aseptisé des vies de façades, des vies soumises.

L’État est donneur d’ordre par principe, pour asseoir la pensée dans l’obéissance, effacer la singularité, pour surtout que rien ne déborde, soumettre encore et encore !

La résistance n’est pas un corps abstrait, elle n’est pas une vue de l’esprit, elle fait rue, et ses molécules s’agiteront éternellement tant qu’on voudra lisser, javelliser le vivant.

La lutte prendra du terrain encore et encore.

Et nul ne peut arrêter les Désirs des Corps à danser, les Désirs des Cœurs à chanter, la Rage des Ventres à hurler !

Les corps effraient au plus haut sommet de l’état, ils sont meurtris par la matraque, les grenades, les LBD !

Mais les corps se reproduisent et ils ne sont pas tous devant la télévision.

Note

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