Ce 6 juin, la rencontre numérique des facs et labos en lutte a réuni jusqu’à 150 personnes, représentant 41 établissements de toute la France. Si le confinement a brutalement interrompu notre mobilisation menée depuis décembre contre la précarité, la réforme des retraites et le projet de Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), quelques jours après que nous avons été des dizaines de milliers en grève et dans les rues en France le 5 mars, notre action a néanmoins perduré et pris d’autres formes.
La crise sanitaire a en effet fait exploser les inégalités et précarités préexistantes, qui étaient les axes principaux de nos luttes avant le confinement et a fait émerger des problèmes spécifiques auxquels nous avons dû répondre en urgence.
Nationalement et localement, et en dépit des nombreuses difficultés, nous avons continué à nous battre pour imposer des modes de validation des examens qui évitent aux étudiant·e·s de payer le prix de la crise, contre la spoliation des congés des travailleur·euse·s, pour des conditions sûres de reprise du travail, pour le paiement des vacataires, etc. Partout, nous avons dû faire face à l’aggravation dramatique des situations de précarité des étudiant·e·s – particulièrement violentes pour les étranger·ère·s – et des travailleur·euse·s, et avons organisé des caisses de solidarité, des distributions alimentaires, etc.
Depuis les dernières semaines, c’est l’annonce que la rentrée universitaire pourrait s’effectuer à distance qui a focalisé toutes nos inquiétudes. Le ministère refuse de tirer un bilan de ce passage catastrophique au tout à distance sans préparation et sans moyens spécifiques dédiés, alors que les études menées par les collègues durant le confinement ont toutes souligné l’accentuation dramatique des inégalités entre les étudiant·e·s et les taux élevés de décrochage.
Dans ce contexte, la mise à l’ordre du jour de la LPPR lors de plusieurs instances nationales (CNESER le 12 juin et CTMESR le 17 juin) et du Conseil des ministres du 8 juillet est un réel scandale : comment oser poursuivre un agenda politique qui a été contesté durant tout l’hiver par l’ensemble de la communauté universitaire alors même que les Universités et laboratoires sont fermés depuis 4 mois ?!
Alors que la crise sanitaire a montré dans les facs et les labos, comme à l’hôpital public, les effets délétères des politiques de casse du service public menées par les derniers gouvernements, notre ministre veut nous imposer une loi qui nous promet encore une plus grande précarisation et le développement de la recherche sur projet. Or, ce dernier dispositif – en entravant la recherche sur le long terme – est l’une des causes de notre impossibilité à fournir des solutions face à l’épidémie.
Alors qu’il est désormais possible de se rendre au Puy du Fou ou de s’entasser à 100 dans un avion, nos facs sont maintenues fermées depuis la mi-mars, nous empêchant de nous rencontrer et de nous mobiliser, ce qui permet à notre ministre de tenter ce passage en force, contre la volonté de celles et ceux qui font l’université et la recherche publiques, étudiant·e·s et travailleur·euse·s.
Nous réaffirmons donc que seules les revendications votées lors de notre dernière coordination nationale, exigeant une hausse drastique des financements pérennes et un plan massif de titularisation au sein de nos facs et de nos labos, permettront de développer un enseignement supérieur et une recherche de qualité pour toutes et tous.
Nous exigeons le retrait du projet de loi de la LPPR et nous refusons la généralisation de l’enseignement à distance.
À l’hôpital, dès la fin du confinement, des soignant·e·s ont manifesté pour dénoncer le manque de moyens. De même, plusieurs milliers de personnes ont bravé l’interdiction édictée par Didier Lallement et ont manifesté contre les violences policières et le racisme systémique le mardi 2 et le samedi 6 juin. Beaucoup parmi nous étaient présent·e·s à ces rendez-vous et nous participons pleinement, individuellement et collectivement, à ces luttes.
Nous, les facs et labos en lutte, appelons également à des mobilisations partout en France (dont les formes seront déterminées dès le mardi 9 juin) les 12 et 17 juin, dates des examens de la LPPR par le CNESER et le CTMESR. Nous appelons aussi à rejoindre la manifestation pour le service public de la santé le 16 juin, dans un cortège des facs et labos en lutte.