La contestation contre la loi travail s’amplifie, la détermination se renforce

Il a fait beau ce jour à Paris. Plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues !
Avant le cortège commun de 14h au départ de République, les lycéens et lycéennes s’étaient donné rendez vous à Nation à 11h. Récit des différentes manifestations de cette journée du 17 mars.

Manif Lycéenne...

On arrive sur la place de la Nation et y’a déjà pas mal de monde. À 11h pétantes des gendarmes mobiles (GM) tentent de bloquer la rue du Faubourg Saint-Antoine, la rue des révolutions des siècles passés.
C’est de cette rue que les révolutionnaires de 1789 ont convergé vers la Bastille. On essaie de descendre nous aussi vers Bastille mais les keufs espèrent nous en empêcher. Sur les trottoirs, des flics en civil sont stressés. Ils courent comme des tarés en gueulant aux commerçants : « Fermez vos magasins ! Rangez les chaises ! »
Le rang de GM est assailli par une pluie de projectiles. Manque de bol pour eux, il y a des travaux sur les trottoirs et donc beaucoup de gravas, pelles, barrières qui finissent sur les flics et leurs camionnettes, mais aussi des œufs remplis de peinture et des pétards.

Explosion d’une grenade de la gendarmerie lors de heurts avec les lycéens le 17 mars 2016, Paris

Les flics sont obligés de reculer sous la pression. On descend comme ça jusqu’à Faidherbe ce qui fait quand même quelques centaines de mètres, les keufs en profitent pour se réorganiser un peu. A ce moment-là, il y a plusieurs milliers de lycéens et lycéennes. Les banques et les assurances sur le trajet se font étoiler leurs vitres et les devantures sont recouvertes de slogans anticapitalistes. Il y a une bonne ambiance une certaine rage et malgré la nervosité une grande détermination. Les slogans sont nombreux et repris. Comme « à bas les flics, l’État et les patrons », « la nuit, c’est fait pour baiser, pas pour travailler », toute une série de variation autour de « El Khomri, la connerie » et enfin de nombreux tags très explicites comme « Leur futur n’a pas d’avenir », « Pas de révolte sans feu », « 1917-2017, on est chauds », etc.

Manifestation contre la loi travail le 17 mars 2016, Paris
Manifestation contre la loi travail le 17 mars 2016, Paris
Trop de banques... Manifestation contre la loi travail le 17 mars 2016, Paris

A Faidherbe, le face-à-face se prolonge un peu, puis les gendarmes utilisent un peu les lacrymos et chargent. Le cortège reflue en direction de Nation. Tranquillement la tension redescend car la manif qui a tourné rue des Boulets se retrouve sans baqueux (membre de la Brigade Anti Criminalité) ni CRS.
Nous voilà boulevard Voltaire. Ça stagne une peu, on essaye de se retrouver entre ceux et celles qui ont tracé jusqu’à Nation, les autres qui sont déjà sur le boulevard Voltaire et le cortège qui arrive par la rue des Boulets. On avance avec l’idée de rejoindre la place de la République d’où doit partir la grosse manif de la journée à 14h.
Les flics tentent de nous en empêcher mais se font pas mal bousculer. Un Franprix est victime d’une belle auto réduction et les banques et autres assurances se font copieusement peindre et finissent par voir leur vitrines tomber.

Des flics arrivent par derrière, des baqueux se mettent à occuper les trottoirs sans que personne ne réagisse dans un premier temps. L’avant de la manif essaye toujours d’avancer. Puis il y a une série de charges. La BAC en civil intervient en groupe à l’intérieur des cortèges et arrête une personne, malgré quelques résistances puis 2 autres un peu plus loin. D’autres arrestations ont lieu dans les petites rues autour du Boulevard (à priori, avec libération après fouilles). Les flics cognent vraiment avec leur matraque mais se font aussi pas mal encercler. Des personnes qui se sont fait arrêter de manière hyper violentes ont été relâchées quelques minutes plus tard. Plusieurs personnes blessées par les coups des flics sont emmenées à l’hôpital. Il semble qu’il fallait faire peur aux lycéens et lycéennes aujourd’hui.

Finalement, après un peu de flottement et en se réorganisant un peu les manifestant’es ont pu continuer jusqu’à République. Deux heures pour faire un Nation-République en repoussant la police de nombreuses fois, il aura fallu pas mal de détermination pour ce résultat. À partir de Voltaire la manif est différemment festive. Une sono improvisée fait tourner de la teck, plus loin c’est du rap. La présence policière est forte mais plus discrète maintenant. On arrive à République vers 13h. Il est temps de manger et de reprendre des force avant le début de la manif de 14h.
Ça zone un peu sur la place. Les gens mangent, boivent un coup. Y a des derboukas, un cortège fait un tour de chauffe de la place.

... Manif de convergence...

Manifestation contre la loi travail le 17 mars 2016, Paris

Vers 14h il est difficile de se faire une idée du nombre de participant-es. La place semble pas trop pleine mais de nombreuses personnes se sont déjà engagées Boulevard du Temple. Il y a pas mal de salarié’es grévistes. On remonte le cortège de la CNT. Mélanchon se fait chahuter par cette jeunesse qu’il aimerait récupérer... Finalement la manifestation est quand même pas ridicule, loin de là. Il y a des dizaines de milliers de personnes, peut être un peu moins que la semaine dernière mais les cortèges des étudiant’es et des lyceéen’nes étaient bien plus fournis. Et on sent aussi vibrer une nouvelle détermination dans l’air. La manif est très dense et les banderoles nombreuses. Il y a les syndicats comme la CGT, FO, suivant leurs habituels camions publicitaires, leurs sonos crachotant leurs habituels slogans auxquels eux-même ne croient pas (« ... ou sinon ça va péter ») et les partis de gauche en statique sur les côtés regroupant peu de monde mais surtout en plus des syndicats étudiants et lycéens une grande majorité d’anonymes ou de non encarté’es que ce soit du coté des salarié’es ou des étudiant’es. Contrairement à ce qui est dit dans les médias il ne s’agissait pas que d’une manif de « jeunes » ou « d’étudiants ». Toutes les classes d’ages étaient représentées et, si les moins de 25 ans étaient majoritaire en tête de cortège, il y avait aussi un nombre non négligeable de salariés aux cotés des lycées et étudiants.
Quand la manif arrive à Bastille, des gens sont encore à République. C’est vraiment impressionnant le nombre de manifestant’es qui remonte le boulevard de l’Hôpital. C’est noir de monde.
Sur le boulevard, le commissariat du 13° arrondissement se fait joyeusement saluer à coups de bouteilles vides par une partie du cortège. Ça excite un peu les flics en civils qui en profitent pour arrêter et exfiltrer un lycéen rue Fagon. On ne sait pas si il a été relâché.
Autour de 16h30, les cortèges arrivent enfin place d’Italie, bouclée pour l’occasion, un imposant troupeau de la BAC protégeant le centre commercial. Ça se disperse lentement. L’entrée du métro est blindée de flics mais les transports sont gratuits.

... Assaut brutale de la police contre une AG à Tolbiac

Expusion violente de la fac Tolbiac le 17 mars 2016 Paris. Photo : Doc du Réel
Doc du Réel

Une AG interluttes est annoncée à Tolbiac pour 18h. A l’heure dite, il y a près de 150 personnes à l’intérieur de l’amphi N, malgré la fermeture administrative de la fac ! Les portes dérobées n’ont pas de secret pour beaucoup d’étudiant-e-s habitué-e-s des lieux. Alors que des grappes d’individus continuent à affluer autour du site de Tolbiac, les forces de l’ordre arrivent en trombe. Les CRS rentrent dans l’université et dégagent avec violence les occupant’es. Les coups de matraque pleuvent, plusieurs blessés (au bras et à la tête principalement) sont à déplorer, dont trois personnes hospitalisées. Un groupe est par ailleurs nassé à la sortie de la fac. Par la suite, une série de tabassage en règle a lieu rue de Tolbiac et rue Nationale. Les forces de l’ordre s’en donnent à cœur joie. Sous les huées des habitants du quartier et des badauds, une équipe de flics en civil fait une charge (ridicule) sur la dalle d’Olympiades.

Arrestation et tabassage à Tolbiac le 17 mars 2016, Paris

Des arrestations ont lieu mais il est difficile de donner un chiffre précis tant la répression s’active de tous les côtés de la fac. Une partie des gens nassés parvient cependant à s’enfuir en défonçant le cordon des forces de l’ordre, ce qui a le don d’agacer les policiers en civils lancés à leur poursuite et usant plaquages et croche-patte en tout genre. Après une demi-heure de grande tension et l’assurance de la dislocation entière de la nasse policière, la situation se calme et se fige. Face aux casques et boucliers froids, les chants résonnent et les groupes discutent sur la chaussée. Le constat semble être partagé par tout le monde : une journée dont les jambes et la tête ressentent la « bonne fatigue » et une journée remplie d’émotions (une pensée pour les personnes dans les commissariats et les divers blessés). Oui, ce 17 mars fut trépidant et plein d’espérances. Continuons le début !

Le printemps arrive, les mauvais jours finiront !


Sur l’évacuation extrêmement violente de l’université de Tolbiac

Note

Les photos on été tapées sur twitter.

Mots-clefs : manifestation
Localisation : région parisienne

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