Face à la persistance de la violence qui leur est faite, malgré les nombreuses condamnations, nationales et internationales, les habitants des bidonvilles et squats s’organisent au sein de ce mouvement pour combattre le racisme dont ils sont l’objet et défendre efficacement leurs droits.
Le soir du 16 mai 1944, l’ambiance du Zigueuner familienlager à Auschwitz-Birkenau était tendue. Ayant été informés par le réseau interne de résistance du plan de leur extermination dans la nuit, les « tsiganes » se sont armés de pioches, de pieds de biche et autres outils de travail et ont refusé de sortir de leurs baraques. Face à cette résistance organisée, les SS ont reculé. Fidèle à sa tradition, La voix des Rroms et ses partenaires placent à nouveau cet épisode ignoré de résistance au centre de la Fête l’insurrection gitane. Elle se déroule ce dimanche 15 mai sur le parvis de la Basilique de Saint-Denis, ce lieu qui en 1427 vit les premières « compagnies bohémiennes » arriver aux portes de Paris.
Au regard de l’actualité marquée notamment par les expulsions sans solutions d’habitants de bidonvilles et de la fermeture de l’Europe aux réfugiés, le thème transversal de cette troisième édition de la Fête de l’Insurrection Gitane sera l’exil. Trois tables rondes sont programmées lors de cette journée : « Art martial et culture populaire », « Femmes et résistance » et « Rroms, réfugiés ». Aussi, un programme artistique très riche animera la place à partir de 11 heures. Messages politiques et expressions artistiques s’articuleront ainsi harmonieusement tout au long de la journée jusqu’au-delà de minuit. La grâce et la puissance seront incarnées tant dans la parole que dans la musique, depuis le flamenco jusqu’au rap, en passant par des chants et danses traditionnelles d’Europe centrale et orientale. Cinéma voyageur, forum associatif, expositions, tout magnifiera la résistance dans ce jour de fête rendant hommage à celles et ceux qui, le 16 mai 1944 repoussèrent les SS. Par leur acte, ils leur ont montré qu’ils n’étaient pas des victimes faciles, mais des résistants courageux dont l’amour de la vie pouvait avoir raison de la violence mortifère.
Dans le contexte actuel, où toute une série d’acteurs des droits de l’Homme (Défenseur des droits, ONU, Conseil de l’Europe et diverses organisations de la société civile) dénoncent les violences faites aux Rroms et aux migrants, la célébration de la résistance prend une importance toute particulière en tant que source d’inspiration. Le mouvement du 16 mai, dont le lancement sera annoncé lors de la Fête de l’insurrection gitane, se veut un mouvement de ceux qui, jetés aux marges de la société, dans des bidonvilles et squats, ont décidé de reprendre leur destin en main et d’affirmer avec force leur dignité.
Programme complet sur le site www.insurrection-gitane.com
