Nous annonçons aujourd’hui la création du MIRA Paris-Nord, le Mouvement Indépendant de Riposte Antifasciste.
Si Paris Nord est un espace populaire où les solidarités sont nombreuses et vives, il constitue aussi un lieu de gentrification accélérée, quadrillé par la police raciste qui en fait son terrain de chasse, d’où les pauvres sont de plus en plus rejeté·es. Alors que des groupuscules fascistes intimident et agressent des personnes racisées et queers, que l’antifascisme est criminalisé par l’État républicain et que la situation politique pousse la bourgeoisie raciste, et notamment ses secteurs les plus islamophobes, à considérer que l’extrême-droite constitue une solution de gouvernement, il n’y a pas d’autre réponse à attendre qu’une auto-organisation populaire. Nous voulons mener la lutte depuis nos lieux de vie, nos espaces de travail et d’étude.
S’il s’agit d’une activité essentielle, l’antifascisme ne doit pas se limiter à seulement dégager les fascistes de la rue. Il importe aussi et surtout de s’en prendre directement aux structures et aux dynamiques de la fascisation en cours. Ces dernières ne sont que les manifestations les plus monstrueuses du système capitaliste, raciste et cishétéro-patriarcal, et sont présentées comme une solution radicale à sa crise persistante, afin de maintenir les exploitations, les dominations et les exclusions. Pour les combattre, nous voulons participer, avec de nombreux·ses autres, à la construction de solidarités populaires, de pratiques de partage, de moments de rencontres et d’entraides. Nous savons que, si l’autodéfense antifasciste est une nécessité première, il ne peut y avoir d’offensive et de victoire autrement que dans une perspective révolutionnaire, antiraciste, féministe et queer.
Notre antifascisme est autonome ; il se tient à distance des institutions traditionnelles, de la gauche qui ne trouvent rien à redire à l’ordre du monde, tout en tentant de récupérer la force et l’inventivité de nos luttes. Il est un antifascisme qui part d’en bas. Un antifascisme qui voit en l’État non pas un instrument neutre, encore moins un soutien potentiel, mais le garant des rapports d’exploitation et de domination, à travers sa police qui blesse et tue, ses prisons qui enferment et son armée qui protège les intérêts impérialistes.
Autonome ne veut pas dire isolé : face aux attaques généralisées, notre force viendra de notre détermination mais aussi de notre capacité à agir ensemble, rendant nécessaires des alliances avec d’autres collectifs et organisations, spécifiquement antifascistes ou non. Contre un antifascisme spécialisé, qui serait l’apanage de quelques militant·es, nous voulons au MIRA participer à l’élaboration et à la propagation de réflexes généralisés et de pratique larges.
On ne fait pas de l’antifascisme de la même manière aujourd’hui qu’avant la survenue des ravages d’une pandémie gérée de façon eugéniste et raciste, qui a renforcé encore les tendances fascisantes de la société. De la bourgeoisie libérale qui considère que les prolétaires racisé·es peuvent bien tomber malades et mourir au nom du capital, aux conspirationnistes, antivax et autres idéologues d’extrême droite, en passant par de faux camarades qui tiennent des discours validistes et essentialistes, souvent transphobes et antisémites : nos ennemi·es sont nombreux·ses, nous les traiterons en conséquence. Face à elles et eux, nous réaffirmons que l’autodéfense sanitaire et l’autodéfense antifasciste doivent être menées de concert.
Nous avons donc inauguré la création du MIRA par le biais de deux actions. Depuis plusieurs semaines, nous diffusons des milliers de tracts auprès d’étudiant·es intra- et extra-muros afin d’alerter sur les initiatives des micro-organisations fascistes au sein des universités. Contre leur stratégie confusionniste consistant à avancer couvertes, nous prônons une information antifasciste qui serve à les débusquer et les chasser, soit bien les connaître pour mieux les combattre. Nous avons aussi organisé mi-décembre une cantine populaire antifasciste dans le quartier de Barbès. Ce moment chaleureux a été l’occasion d’échanger directement avec des habitant·es de Paris Nord, en vue de nous organiser pour combattre l’isolement et la violence quotidiens. Nous en avons également fait un lieu d’information sur les moyens de lutte des collectifs des sans-papiers contre la dernière loi raciste de contrôle de l’immigration, et avons appelé à les rejoindre largement lors de la marche du 18 décembre.
L’antifascisme ne demande qu’à être étendu, partagé, approprié collectivement par toutes les personnes, habitant·es, étudiant·es, travailleur·euses qui, au-delà des cercles militants, veulent s’engager contre le pourrissement raciste, lgbtiphobe et eugéniste d’un monde mortifère.
Paris Nord est un espace populaire, où les fascistes n’ont pas et n’auront jamais leur place. Vive la solidarité populaire, vive l’autodéfense antifasciste.