Dans le cadre de la 4e séance du Club des gilets jaunes de Montreuil, il nous a semblé important de décentrer le regard et de chercher ailleurs que dans l’histoire française, des expériences révolutionnaires qui pourraient dialoguer avec le soulèvement en cours. C’est pour cette raison que nous invitons ce vendredi 15 mars 2019 des syriens et syriennes ayant participé à la révolution en Syrie ou en exil.
Il y a huit ans, le peuple syrien s’est soulevé contre le régime d’Assad pour réclamer Liberté et Dignité après plus que 40 ans d’autoritarisme, de corruption et d’injustice sociale. Les syriens et syriennes dès 2011, ont mené une véritable révolution, construite au jour le jour, dans chaque quartier, dans chaque village, repris au régime de Bachar el-Assad. Omar Aziz, inspirateur des premiers comités locaux syriens, ferments de ce mouvement, déclarait déjà en 2012 : « Nous avons fait mieux que la Commune de Paris, qui a résisté 70 jours. Cela fait un an et demi et nous tenons toujours bon. » Le soulèvement populaire a continué malgré la guerre contre-insurrectionnelle totale menée par le régime syrien et ses alliés : stratégie de militarisation forcée, instrumentalisation des antagonismes religieux et communautaires, politique du viol organisé, remplacement des populations, tortures systématiques. Aujourd’hui, la révolution syrienne, abandonnée par la communauté internationale et ignorée par les autres peuples a été noyée dans la sang ou dispersée dans l’exil. (tiré du résumé du livre "Burning Country, au coeur de la révolution syrienne" de Leila Al-Shami et Robin Yassin-Kassab, aux éditions l’échappée).
A l’heure où l’Algérie se soulève pour contester un 5e mandat de Bouteflika, alors que le Soudan depuis de longs mois se révolte contre le régime d’Al-Bashir, 8 ans après le début des printemps arabes (en Tunisie, Egypte, Syrie, Yémen, Bahreïn, Libye) moins d’une décennie après le mouvement des places (aux États Unis, en Espagne, en Grèce, en Turquie…), alors que des peuples luttent en ce moment même au Chiapas ou au Kurdistan, nous pensons qu’il y a un enjeu à discuter avec des personnes ayant connu ces contextes, d’autant plus qu’à Montreuil certains sont investis dans la vie du point fixe.
Le but n’étant pas de comparer ces expériences ou d’essayer d’en calquer les réponses. Nous savons bien que la situation est profondément différente d’un pays à un autre. Pourtant nous pensons qu’il nous faut essayer de comprendre certaines dynamiques que l’on peut retrouver dans des mouvements révolutionnaires. Pour essayer de tirer des apprentissages dans les échecs et dans les succès de ces révoltes aussi bien que dans les stratégies contre-révolutionnaire employées contre elles. Que ce soit du point de vue de l’organisation concrète de la révolte, des menaces internes au soulèvement ou encore des techniques du pouvoir pour les déstabiliser. Des circulations révolutionnaires pour nourrir notre propre mouvement.
Après une première rencontre au rond point, les gilets jaunes de Croix de Chavaux vont rédiger une liste de questions à envoyer aux intervenant.e.s. du 15 mars. Ceux-ci essayeront de répondre à une partie d’entre elles, lors du Club. Ensuite, nous aimerions proposer de faire des petits groupes pour réfléchir aux thématiques abordées, mais cette fois-ci dans le contexte des gilets jaunes.
Voilà un texte de Syriens et Syriennes sur le mouvement des gilets jaunes qui pourrait être une introduction de cette soirée :
https://lundi.am/Les-peuples-veulent-la-chute-des-regimes