C’est quel genre d’amour ça ? Sur le couple hétéro et la domination masculine

Profitez du confinement pour observer vos parents, si vous êtes jeunes et que vous vivez chez eux. Ou pour observer votre couple, mais c’est toujours plus dur de s’observer soi.
Qui fait les courses ? Qui s’occupe des lessives ? Qui fait à manger ? Qui fait le ménage ? Bref qui vous entretient tous ?

Profitez du confinement pour observer vos parents, si vous êtes jeunes et que vous vivez chez eux. Ou pour observer votre couple, mais c’est toujours plus dur de s’observer soi.
Qui fait les courses ? Qui s’occupe des lessives ? Qui fait à manger ? Qui fait le ménage ? Bref qui vous entretient tous ? Chez moi, c’est ma mère. Et qui vous soutient quand vous avez des problèmes émotionnels / psychologiques ?
Qui s’arrange pour régler les embrouilles, calmer les tensions ? Chez moi, c’est aussi ma mère.
Ma mère - nos mères - travaillent au quotidien, d’un travail sans salaire, et à horaires illimitées.
Ca ressemble à de l’esclavagisme, mais ça n’a rien d’institutionnalisé, et ce qui est fou, c’est que cette exploitation invisible a lieu au sein du couple, et même de l’amour.

Donc mon père aime sa victime, son opprimée. Et l’opprimée, ma mère, aime son bourreau. Elle trouve même ça « normal » de tout faire. Pour ce travail gratuit, elle ne reçoit ni reconnaissance ni félicitation.

Ici j’ai décrit une violence « passive », qui consiste à déléguer tout le travail domestique. Mais à cela s’ajoute évidemment une violence active, patriarcale. C’est celle qui opère quand mon père lui coupe la parole en permanence, ou celle qui opère quand il s’énerve, de but en blanc, sur elle, quand il a passé une mauvaise journée.

La charge mentale, c’est l’ensemble des choses anodines que les mères font sans même qu’on s’en rende compte. C’est un travail qui n’est jamais clairement réclamé, que les femmes s’imposent d’elles même comme s’il s’agissait d’un « devoir naturel » - et un norme sociale bien intégrée semble toujours naturelle.
Elles détiennent un milliard d’informations sur le fonctionnement du foyer dont toi et le reste de la famille, vous n’avez même pas idée. Elle sait en combien de temps on mange un paquet de yaourts, quels produits dans le frigo vont bientôt périmer. Toutes ces informations chiantes mais nécessaires, ces préoccupations qui occupent l’esprit.
La charge mentale, c’est le fait que ta mère (ou ta meuf, mais la limite est souvent floue) sache mieux s’occuper de toi que tu ne saurais le faire toi-même. Elle ne peut même pas décider de se barrer en weekend parce qu’elle sait que vous ne vous en sortiriez pas sans elle. Elle se sentirait coupable de vous laisser. Aucune démission possible.

Tout le temps qu’elle passe à s’occuper d’une famille, elle ne le passe pas à s’occuper d’elle. Finalement tout ça forge sa personnalité. Elle a intégré le fait qu’elle était au service des autres et que c’était normal. Elle se fait couper la parole sans s’en plaindre et nettoie nos slips sales en silence.

Chez les gens que je fréquente, la réalité de ma mère est celle de beaucoup d’autres femmes.
Il faudrait donc qu’on se pose tous la question : saurions-nous nous occuper dignement de nous-mêmes (et de nos gosses) si nous étions seul ? Si non, c’est probablement qu’une femme nous entretient gratuitement.

On pourrait bien sûr parler de toute la fiction construite autour des femmes, qui seraient naturellement douces et propres, fanas de leur famille et de leur maison, ou on pourrait évoquer les mini-aspirateurs rose en vente dans les magasins. Mais dans un premier temps, constatons juste l’oppression qui a lieu chez nous, sous nos yeux.

Je serais donc en couple avec une femme ou une lavette, si un vrai mec, c’est quelqu’un capable d’avoir un serviteur à la maison sans même s’en rendre compte.

Et pour les femmes hétéro, il est grand temps de construire un amour qui fasse un peu plus rêver.

Mots-clefs : anti-sexisme | femmes

À lire également...