14 juin. Beaucoup d’entre nous étaient frustré-es de la manif de l’après-midi. Non qu’il ne ce soit rien passé. Le monde était là, les flics aussi. Le tableau final est plutot joli, mais à vivre chacun-e ça n’a pas été forcement un moment les plus libérateurs. Un mot tourne, ce soir on continue l’émeute, et on se déchaîne un peu de la frustration de la journée.
République 21h. une bonne centaine de personne n’est visiblement pas là pour débattre à nuit debout, et zone un peu autour de la place. Peu de flics a l’horizon, c’est plutôt en mode bière. Mais on apprend qu’un camarade se fait contrôler par les GPSR dans le métro. Ni une ni deux, on descend et on libère le camarade des griffes de ces auxiliaires de police, racketteurs de pauvres, nouvellement porte-flingues. Ils sortent du métro, en bon cow-boys mais se font rapidement repousser par des jets de cannettes. L’un d’entre devra se faire calmer par ses collègues pour ne pas finir à l’hôpital. Les poubelles recouvrent la voiture des simili-flics, tags, vitres cassée, fumi à l’intérieur. Spectacle. On commence a être nombreu-ses-x ( peut-être 500) dont pas mal masqué-es, et la nécessité de partir avant que le dispositif policier ait le temps de se mettre en place se fait sentir.
Longs moments, à hésiter, à vouloir rester là voir la voiture se consumer, à penser qu’on est pas assez au vu de cette place gigantesque. Mais tant bien que mal, avec la menace de l’intervention des flics nous partons. Sur le chemin un chantier, chacun-e peut trouver avec quoi s’amuser. Banques, intérim, agences immobilières, darty, dia, autolib, velib tout y passe. Les slogans sont gueulés, « loi, travail, ni l’un ni l’autre », « on va tout péter... », « nous sommes de ceux qui niquent la bac ». Il n’y aucun flic à l’horizon, sauf une voiture qui à notre vue met sa sirène pour partir le plus loin possible. On est speed mais on a prise sur les choses, on peut s’arrêter quand on veut, aller où l’on veut.
À Belleville, après avoir croisé une brigade de 8 baceux casqués, bouclier et télescopique à la main les chosent s’accélèrent. Alors que certain-es semblent avoir envie de s’arrêter là, d’autres tentent de remonter la rue ramponneau pour taper le commissariat. Sur le chemin les gens du quartier les encouragent, mais les baceux, en passe d’être rejoints par leurs collègues, ont pris le groupe déjà bien dégarni en chasse. Panique, dispersion au niveau de la cible, le manque de connaissance réciproque empêche l’écoute et la confiance et le groupe se disperse - à mon avis - un peu tôt. ( ou un peu tard, c’est selon). Durant les deux heures suivantes, les flics tournent dans le quartier. Ils arrêteront au moins 4 personnes.
Solidarité avec les gardé-es à vue de la journée, la préfecture annonce des déferrements au tribunal demain 16 juin.
Continuons le début, détruisons ce qui nous détruit.