Bombasses à retardement

Récit subjectif de la marche nocturne féministe le 8 mars 2019 à Genève.

Vendredi, entre copaines on va à la marche nocturne féministe à Genève, dans l’espoir qu’il y aura du monde, de la solidarité, de la visibilité et surtout de la rage.
Un enchaînement d’événements auquel on ne s’attendait pas vient nous faire une bonne piqûre de rappel : mais quel monde sexiste de merde !!

Sur le chemin une copaine nous raconte qu’elle a pris un autostopeur qui lui a demandé si elle n’avait pas peur de conduire seule (situation qu’elle pensait rencontrer seulement quand elle faisait du stop), qu’elle lui avait retourné la question et qu’il lui avait répondu « Pourquoi ? Ton copain est dangereux ? »

On traverse la rue à pied, une voiture est à l’arrêt sur un passage piéton, le conducteur avance comme pour nous dégager et fait des signes comme quoi on traverse n’importe comment (le feu est vert pour nous). Musique qui sort par les fenêtres ouvertes, un mec nous alpague et chante, sourire dragueur sur la figure.
Au début, on allait presque l’ignorer et puis on s’est rendu.e.s compte qu’ils nous ciblaient en tant que perçues comme meufs. Pas compliqué de s’en rendre compte, ils avancent au ralenti en nous regardant fixement.

On répond deux trois trucs, et puis on veut pas laisser ça passer. Il y a une copaine qui prend une serviette hygiénique et qui la colle sur sa voiture. Au début ils captent pas ce qu’elle fait et puis ils comprennent et commencent à s’véner, à nous insulter en rafale : « ta mère à quatre pattes j’la baise, sales putes... » (et on en passe). Un des passager a sorti son smartphone et nous filme. On lui gueule dessus, on s approche de sa voiture en frappant du poing. Le mec fait genre il descend nous casser la gueule, il ouvre la portière et met un pied à terre mais finalement rerentre direct. A un moment, on est revenu.e.s sur le trottoir. La voiture se rapproche, le mec balance sa boisson sur la copaine qui a collé la serviette et puis la voiture accélère et part direct.

Ce moment a duré super longtemps. Aucune réaction parmi les passant.es.
Pire, on se disait qu’on devait être pris.es pour des hystériques : des personnes perçues comme meufs qui gueulent et s’époumonent dans la rue, ça doit pas être joli à voir...

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Mots-clefs : anti-sexisme | femmes

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