Nous appelons à marcher pour dénoncer l’inaction de l’État et l’absence de réponse sociale face aux féminicides.
À travers cette marche nous cherchons à alerter sur le manque de solutions efficaces pour protéger les possibles victimes de féminicides et leur proches.
Le 25 juin, nous marcherons car nous voulons arrêter de compter nos mort.e.s. En 2021, le Collectif Féminicides par compagnons ou ex qui recense plusieurs types de féminicides a déjà recensé 55 meurtre de femmes par leurs (ex)compagnons, 42 d’entre elles ont été tuées chez elles dont 29 en contexte de séparation et/ou de violences connues par la police et la justice. Si chaque année à partir du 1er janvier, le décompte des victimes de féminicides repart à zéro, le nombre de victimes s’accumule.
En 2020, 97 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex conjoint, 11 travailleur-euse-s du sexe et 2 personnes transgenre ont également été assassiné-e-s.
En 2019, 154 féminicides par conjoint ou ex-conjoint ont été recensés (auxquels s’ajoutent 13 féminicides non conjugaux).
En 2018, le nombre de féminicides par conjoint ou ex-conjoint s’élevait à 125 [1]. Loin d’être seulement des chiffres, ce sont des femmes, avec des noms et des histoires, dont les vies ont été arrachées par des hommes cisgenres avec la complicité de la justice et de l’État. Elle s’appelaient Jocelyne, Angélique, Julie, Chahinez, Doris, Odile, Germaine, Gloria. Nous ne les oublions pas.
Alors qu’Emmanuel Macron avait annoncé que l’égalité femmes-hommes serait une des grandes causes du quinquennat, le nombre de féminicides depuis la prise de fonction du président s’élève à plus de 600 [2].
En 2019, un rapport du ministère de la justice souligne que dans 65% des cas où des violences existaient avant le meurtre, la police et la justice avait été informée. Les dispositifs mis en place par le gouvernement actuel sont non seulement insuffisants mais également inefficaces contre les féminicides. La politique de lutte contre les violences faites aux femmes portée par l’ancienne Secrétaire d’État à l’Égalité Femmes-Hommes Marlène Schiappa n’a apporté aucune aide concrète aux victimes.
Une campagne de communication massive pour donner l’illusion d’une action gouvernementale mais pas de mesures ou de moyens supplémentaires pour protéger les victimes. Le budget, en plus d’être insuffisant, a été trafiqué et épinglé par le Sénat lui-même. Les mesures décidées s’avèrent en réalité dangereuses pour les femmes et personnes victimes de violences (par exemple, la levée du secret médical sur décision du médecin en cas de suspicion de violence). Il n’y a eu aucune planification forte pour favoriser l’accompagnement des femmes et personnes victimes de violence, ce qui est demandé depuis des années par les structures spécialisées (par exemple, former la police sur l’accueil et l’écoute des femmes victimes de violences conjugales).
Le 25 juin, nous marcherons pour dénoncer toues les féminicides, qu’ils soient la conséquence de violences conjugales ou commis sur des femmes et personnes perçues comme femmes hors de la sphère intime, les féminicides contre des travailleur-euse-s du sexe, des femmes transgenre et de personnes non binaires, ou commis suite à des agressions sexuelles. Ils sont nombreuse et souvent invisibilisés.
Nous marcherons aussi pour apporter notre soutien aux familles des victimes, pour leur rappeler qu’elles ne sont pas seules et que nous nous battrons pour être entendu.e.s. Nous marcherons pour qu’enfin l’État agisse et prenne ses responsabilités face aux violences subies chaque année par des centaines de milliers de femmes et minorité de genre, qui, dans de trop nombreux cas, connaissent une issue fatale, et ce, dans le silence assourdissant des pouvoirs publics et des médias.
Les féminicides ne sont pas des faits divers et ne sont pas des cas isolés.
Ils sont le résultat d’une société patriarcale qui laisse les hommes cisgenre violenter, agresser, violer et assassiner des femmes et minorités de genre en toute impunité.
Quand l’un.e d’entre nous meurt sous les coups d’un homme cisgenre, nous ressentons de la tristesse, de la peur et de la colère de savoir que nous ne pouvons pas compter sur le système judiciaire pour nous protéger et mettre fin à l’impunité des agresseurs.
Le 25 juin, nous prendrons les rues et nous vous invitons à nous rejoindre. Car les féminicides ne sont pas des affaires intimes mais bien des crimes politiques. Car il est impensable pour nous, féministes, souvent survivant.e.es ou proches de victimes, de continuer à dénoncer ce fléau sans être écouté.e.s. Dorénavant, vous ne pourrez plus détourner le regard de la réalité de notre condition. Dorénavant, si vous touchez l’un.e d’entre nous, nous prenons les rues. Si vous agressez l’un.e d’entre nous, nous prenons les rues. Si vous tuez l’un.e d’entre nous, nous prenons les rues.
Face aux violences misogynes, riposte féministe.
Pour nous et pour tous.te.s nos camarades, on se voit le 25 juin dans les rues.
Vendredi 25 juin à 19h
Départ Square Tour Saint Jacques (Hôtel de ville)