Le 29 novembre 2015 fut une journée spectaculaire.
Des caméras de télévision du monde entier sont braquées sur Paris : aux images-fétiches du « deuil national » et de la mascarade diplomatique de la COP 21, viennent s’ajouter celles de la répression d’une manifestation interdite.
Cet exhibitionnisme d’État s’est banalisé depuis. La place de la République (désormais surnommée « Place de la REP’ », sous-entendu « de la répression ») a connu depuis ce baptême d’autres étouffements et punitions collectives. On l’a vu pendant le mouvement contre la loi travail et Nuit Debout. Mais, on peut dire que l’usage du monopole de la violence d’État n’a jamais été aussi légitime, pour la dite « opinion », que ce 29 novembre 2015. Parce que les attentats du 13 novembre auraient dû nous imposer une docilité générale et exemplaire.
Le 29 novembre 2015, 5000 personnes, refusant de laisser le sort de l’environnement aux seules mains des dragons industriels et de leurs alliés gouvernementaux, se rendent à République en début d’après-midi le 29 novembre, malgré l’encadrement militarisé de la place. 317 d’entre elles se font arrêter et emmener dans différents commissariats. Du point de vue du spectacle et numériquement : c’est une première dans l’histoire de la répression politique française. Personne ne s’étonne de ce contrôle massif pourtant rare, singulier et de l’ordre du « phénomène ». L’arrestation des 317 est passée sous silence, il n’y aura pas de suite, ni suivi journaliste ni enquête. Le « saccage » du monument deviendra le seul souvenir, la seule trace de l’historicité de la journée. Or, les hélicoptères, les caméras de surveillance, les images d’arrestations annoncent un basculement : celui de l’état d’urgence. L’état d’exception et sa nouvelle nature, ses futures intentions.
Le collectif 317 a recueilli les témoignages des réprimé-e.s, et a traduit les expériences des gardé-e.s à vue en images et en son. Contre-informer, traduire, archiver. Un an plus tard, nous concluons un documentaire portant une attention particulière aux récits des gardes-à-vue du 29 novembre 2015, et une analyse sur le dispositif punitif de la COP21, durant les deux semaines de son déroulement, du 30 novembre au 12 décembre 2015.