14 juin – Naissance de notre force

En ce quatrième mois de mouvement social cristallisé autour du retrait de la loi travail, de par la présence d’un million de personnes dans la rue à la manifestation nationale centralisée à Paris et de 300 000 personnes en province, le 14 juin 2016 marque la journée de la plus forte mobilisation : dans la rue, dans la grève, dans la solidarité internationale. Ce jour a été celui de l’affrontement.

Ce jour a été celui de l’affrontement. Un affrontement général. Avec la police, avec l’État, avec la justice de classe, avec la répression médiatique et judiciaire, avec la vindicte patronale, avec le mépris de classe, avec la fatalité et la résignation, avec notre condition prolétaire, avec notre atomisation sociale, avec nos difficultés à maintenir la bataille dans nos boîtes.

Notre force et notre courage collectifs se sont vus déployés. Nous nous sommes démontrés notre capacité à défier la logique de l’histoire et de la temporalité capitaliste que la bourgeoisie veut nous imposer. Car le 14 juin n’est pas un « baroud d’honneur », il n’est pas « l’ultime pic » de mobilisation sociale, il est simultanément une menace pour la bourgeoisie et une promesse pour l’émancipation sociale de tou.te.s : une dernière sommation, notre dernière sommation. Et simultanément un début, notre propre début. Le 14 juin est l’aboutissement de quatre mois de mouvement social qui a connu différentes phases spécifiques : le mouvement de jeunesse étudiant.e et lycéen.ne, la tentative « Nuit Debout », les grèves intermittentes jusqu’à la grève reconductible et la paralysie de secteurs entiers, hautement stratégiques, les actions de blocage tactique de l’économie, les manifestations mensuelles nationales-interpros et les manifestations hebdomadaires des précaires de tout horizon souvent suivies par de nombreuses fédérations syndicales locales, et à présent la manifestation nationale dans la capitale. Il n’y a pas de raison de s’arrêter, il n’y a que des raisons d’intensifier encore notre force en marche. C’est ce que le gouvernement a compris, et c’est pour cela qu’il ose appeler la CGT à ne plus organiser de manifestations dans Paris et de menacer d’interdire toute manifestation sur l’ensemble du territoire. Après les interdictions individuelles de manifester pour le 14 juin, ayant ciblé au moins 130 personnes en France, l’État se voit désormais contraint de menacer d’une interdiction générale et stricte. Voilà sa sommation. Car les fanions et paillettes de l’Euro 2016 de football, avec son énorme dispositif spectaculaire-marchand, n’auront pas suffi à enrayer la combativité des grèves et des luttes. C’est en cela que le 14 juin sonne et résonne comme notre dernière sommation et notre propre naissance.

Mots-clefs : luttes des classes

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