Le 31 mai au soir, Foued, 31 ans et père de deux enfants, fête un anniversaire dans la ville de Saint-Ouen l’Aumône, située dans le Val d’Oise. Si la soirée se passe dans la bonne humeur, une de ses amies, suivie pour des troubles psychiatriques a ce soir là du mal à rester calme et devient même de plus en plus agitée. Tard dans la nuit, Foued et quelques amis essayent de la calmer en la faisant marcher dans le parc Le Notre, situé à proximité du lieu de la fête.
Ne voulant pas déranger les riverains (son amie devient de plus en plus bruyante), ils décident de l’amener chez elle à Pontoise, dans le quartier populaire des Louvrais. Ils s’arrêtent un peu avant, au parc dit du Stade, situé dans le quartier des Cordeliers, dans l’espoir de la calmer. Elle est alors très bruyante et agitée.
Père de deux enfants en bas âge (4 mois et 4 ans), Foued appelle sa compagne pour la prévenir, lui explique la situation et lui indique qu’il va rentrer bientôt. Il est alors 4h30 du matin.
Foued décide de partir pour de bon, laissant son amie avec les deux autres personnes présentes. Il salue ses amis et se dirige vers sa moto, garée un peu plus loin. C’est alors que la police, vraisemblablement "alertée" par un riverain, arrive sur les lieux et interpelle l’amie de Foued. Surpris de ne pas avoir entendu le bruit de démarrage de la moto de Foued (qu’ils connaissent bien), ses amis viennent alors à sa rencontre. Est-il resté là ? A-t-il entendu la police arriver ?
Ils tombent alors sur d’autres policiers qui leur barrent la route. Il leur est impossible d’accéder à Foued et aucune information ne leur est donnée. Ils aperçoivent finalement un camion de pompier sur le départ puis des voitures de police : ils comptabilisent au moins 4 véhicules. Et Foued a littéralement disparu...
Au petit matin, la compagne de Foued, n’ayant pas de ses nouvelles et ayant discuté avec les amis qui l’avait accompagné la veille, part à sa recherche. Elle appelle le commissariat et l’hôpital de Pontoise qui nient avoir eu affaire à lui. Elle contacte alors la mère et les sœurs de Foued. La grande sœur de Foued, impliquée dans des associations locales, essaye par tous les moyens d’avoir une réponse satisfaisante.
C’est finalement vers 16h que le commissariat de Pontoise fait savoir que Foued a bien été interpellé vers 5h du matin et qu’il a été hospitalisé par la suite. La famille contacte alors l’hôpital de Pontoise qui confirme à demi-mot la présence de Foued (il semble que la police ait voulu installer une omerta sur le sujet).
Lorsque sa compagne se rend à 16h au commissariat pour avoir plus d’informations, elle reconnaît officiellement Foued sur une photographie présentée sur l’écran de l’agent qui la reçoit. Elle demande alors pourquoi ils avaient nié son interpellation jusque-là mais aucune réponse ne lui est fournie, à part qu’il est accusé d’avoir agressé un agent de police.
À l’hôpital, c’est le choc au moment des retrouvailles, qui se passe dans une chambre sombre gardée par deux policiers postés à l’entrée. Foued a passé 10 heures dans le coma et est littéralement défiguré. Son visage est défoncé, boursouflé, gonflé au point qu’il ne voit pas très bien. Il a des blessures au crâne, sur la front et sur la bouche : il ne parvient d’ailleurs pas à articuler correctement. Frappé d’amnésie partielle, il ne se souvient pas des faits. Ses mains et son corps sont également blessées.
Foued a depuis été placé à la maison d’arrêt d’Osny où il semble vivre dans des conditions inquiétantes. Des détenus ont rapporté que Foued est désorienté, a des vertiges, des nausées et est même tombé dans la cour pendant la promenade. Il se plaint de douleurs vives au dos et à la poitrine. Il commence à peine à retrouver la mémoire et se souvient avoir été entouré par un groupe de personne, puis trou noir.
Sa famille, qui n’a toujours pas pu accéder à son dossier médical et n’est même pas au courant des examens médicaux qu’il a pu subir, réclame son retour d’urgence à l’hôpital. C’est d’ailleurs ce qu’a également exprimé le médecin de l’établissement.
Aujourd’hui, deux amies de Foued, présentes ce soir là, ont littéralement dû « imposer » des dépositions de témoignages au commissariat de Pontoise, qui leur avait refusé ce droit auparavant. Un agent de police en a quand même profité pour leur dire que Foued "avait eu de la chance de ne pas se prendre une balle dans le tête".
Pour elles, il semble techniquement impossible qu’une rixe ait pu éclater entre Foued et les policiers, notamment par ce qu’aucun bruit n’est parvenu jusqu’à eux à ce moment là (il n’avait pas de visibilité mais ils étaient assez proches de la scène). Les soutiens de Foued et sa famille ont même mené une enquête de voisinage mais n’ont pas réussi à récolter des témoignages de l’agression policière.
Suite à un message déposé sur la page facebook de Pontoise par une des sœurs de Foued, les langues se sont déliées au quartier des Cordeliers et de nombreux témoignages, sous couvert d’anonymat, ont été fournis détaillant une hostilité systématique et violente de la part des policiers envers les jeunes du quartier (tabassages réguliers dans les halls d’immeubles, jeunes jetés dans les bennes à ordures, humiliations diverses). Il est à signaler que ce petit quartier est particulièrement touché par la pauvreté et n’a pas de réseaux associatifs/militants actif, à l’inverse du quartier voisin des Louvrais. La famille de Foued veut porter plainte auprès de l’IGPN mais pour cela elle a besoin du dossier médical.
Elle réclame :
- l’accès au dossier médical de Foued.
- son hospitalisation d’urgence.
- que la lumière soit faite sur les conditions de l’interpellation de la nuit du 1er Juin dans le quartier des Cordeliers.
Justice pour Foued !