Cantine contre l’expulsion du squat Gambetta à Montreuil

On vous appelle nombreux.es à venir à notre cantine du 17 mars au 31 rue Gambetta, Montreuil à partir de 18h. Nous aurons un moment pour discuter, pour réfléchir tous ensemble à ce que nous pouvons faire par rapport à notre situation et partager un bon repas.

Nous sommes le collectif de Gambetta. Notre histoire a commencé il y a deux ans lorsque nous campions dans le parc des Guilands à Montreuil pendant plusieurs semaines en attendant un relogement. Nous avons fini par investir le 30 bis avenue pasteur, un restaurant laissé à l’abandon depuis plus de 6 ans pour nous réchauffer et avoir un lieu un peu plus sûr que la rue. Nous étions 120 personnes à y vivre, la surface était petite, et beaucoup d’entre nous étions enceintes ou avec des enfants en bas âge. Ce restaurant était insalubre : il y avait de l’amiante partout, le toit s’effondrait et la cuisine avait brulé. C’était dangereux pour nous, beaucoup de personnes sont tombées très malades. Nous avons averti la Mairie, leur avons demandé des espaces dignes pour pouvoir vivre sainement et en sécurité. Au lieu de ça, elle nous a affiché un arrêté d’expulsion sur notre façade sans permettre aucun dialogue et en nous laissant encore une fois sans aucune solution de relogement.

Nous n’avons pas attendu que la police nous expulse pour partir. Nous avons pris nos quelques affaires, et nous sommes dirigées au 31 rue Gambetta à Montreuil. Ce lieu est un grand hangar avec des appartement laissés eux aussi à l’abandon depuis plusieurs années. C’est parce que le propriétaire n’avait aucun projet sur cette parcelle qu’au tribunal nous avons pu obtenir des délais de plusieurs mois pour y rester.
Nous sommes attaché.es à Montreuil, où nous avons noué des liens de solidarité et d’amitié. Nous sommes suivi.es par plusieurs associations comme Médecins du Monde, la Cimade et l’Ecole Enchantiée (qui fait des activités avec les enfants). Plusieurs d’entre nous faisons régulièrement des cantines dans des lieux associatifs montreuillois ou pour le marché des producteurs place de la Mairie. Nous suivons aussi des cours de français toutes les semaines, à l’AERI et à la Parole errante. Des enfants sont nés et grandissent ici, les plus grands sont inscrits à l’école, les femmes enceintes sont suivies à la PMI.
En plus de ca nous sommes très soudé.es au sein de notre collectif, certaines personnes ont été relogées ces dernières années, mais elles ont laissé leur chambre à d’autres qui étaient à la rue, et surtout, elles continuent à venir nous voir et à nous aider dans les moments où on en a le plus besoin.
Si on écrit ce texte c’est parce qu’à la fin de la trêve hivernale (le 31 mars), nous sommes expulsables. La police pourra donc arriver à n’importe quel moment nous expulser et nous risquons de perdre toute nos affaires. Mais ce n’est pas parce que c’est la fin de l’hiver que nous pouvons dormir à la rue ! Les dangers restent les mêmes, et nos enfants, scolarisés à Montreuil devront sûrement arrêter l’école. Nous avons peur pour l’avenir de nos enfants et pour nos vies !
Nous sommes actuellement une quarantaine de personnes à vivre ici, dont une vingtaine d’enfants et des femmes enceintes. Certain.es d’entre nous sommes en demande d’asile, d’autres en démarche de régularisation. L’expulsion arriverait dans un contexte où beaucoup de femmes ont accouché, il y a aussi des femmes enceintes et des personnes malades. Pour le moment nous n’avons aucune solution d’hébergement. Pour les expulsions on ne sait pas où déposer les femmes et les enfants. On appelle tous les jours le 115, soit ils ne nous répondent pas, soit ils nous disent qu’ils n’ont pas de places. Quand certaines personnes réussissent enfin à les joindre, ils proposent maximum 1 jour dans la semaine.
Nous voulons aussi partager un message qui concerne beaucoup de personnes en dehors du collectif de Gambetta, mais qui se posent aussi cette question : OU ON VA ? On ne sait pas.
La seule chose qu’on sait c’est que si nous nous faisons expulser nous irons faire des campements dans la rue ou dans les parcs en risquant de se faire chasser par la police. Nous sommes d’autant plus inquiets et inquiètes que la situation des personnes migrant.es et en situation de précarité ne cesse de s’empirer notamment avec la loi Darmanin et la loi Kasbarian Bergé, qui criminalise les squatteurs et personnes précaires et nous empêchant de réouvrir un bâtiment et de nous loger dignement sous un toit. Si on est expulsé.es on ira à la rue et même c’est devenu criminalisé. Mais où va-t-on ? Nous n’allons pas disparaitre !

On vous appelle nombreux.es à venir à notre cantine du 17 mars au 31 rue Gambetta, Montreuil. Nous aurons un moment pour discuter, pour réfléchir tous ensemble à ce que nous pouvons faire par rapport à notre situation et partager un bon repas.
Nous souhaitons aussi que des médias qui voudraient visibiliser notre situation viennent a cette cantine, ce sera l’occasion d’échanger. Les médias avaient été très nombreux lors de notre dernière expulsion et ça nous a aidé et apporté beaucoup de soutiens.
Tout le monde est bienvenu.e, chacun.e peut aider à sa façon !

Pas d’expulsion sans relogement

Localisation : Montreuil

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