Hier vers 10h15, la sonnette retentit et ma cohabitantE toque à ma porte en me disant « c’est la police ». Je saute de mon lit et j’enfile un survet. Pieds nus dans des crocs, je me présente au portail. Cinq flics en uniforme occupent l’espace, leur officier en tête. En arrière plan, un autre flic garde les voitures.
« On a un document à vous remettre »
Après un échange plutôt bref et pas vraiment cordial, je me retrouve avec une interdiction de séjour entre les mains, émise par le préfet du Val de Marne et m’interdisant de me rendre le dimanche 7 mai 2017 entre 20h00 et 02h00 le lendemain sur la commune de Saint Mandé le soir du dimanche 7 mai, c’est à dire là où se réunit le Front National (Chalet des Iles, dans le bois de Vincennes).
Je ris jaune. On se dit que ça ne m’interdit pas de « foutre le zbeul » place du Louvre, où l’autre tâche de Macron va fêter sa victoire dimanche soir.
Ce matin à 9h45, la sonnette retentit à nouveau. Un de mes cohabitantEs répond à l’interphone : « c’est le commissariat ». Je pourrais faire genre que je ne suis pas là, mais je décide d’aller au portail quand même, pour pas qu’ils reviennent m’emmerder toute la journée. Derrière la grille cette fois-ci, deux flics en uniforme. Polis. L’officier me dit qu’il a une « assignation à résidence » à me remettre. Je le reprends : « une interdiction de séjour vous voulez dire... »
Je lui dit que je ne vais pas signer. Il prend 15 minutes pour aller rédiger son PV dans sa voiture et écrire « refuse de signer cet arrêté » sur le papier qu’il revient me tendre entre les barreaux.
Je suis donc interdit le lundi 8 mai 2017 entre 08h00 et 13h00 de la place Charles De Gaulle, dans son intégralité, ainsi que des 29e (Champs-Élysées) et 30e (Faubourg du Roule) quartiers administratifs de Paris et, entre 13h00 et 19h00, des 3e, 4e, 10e, 11e et 12e arrondissements.
Il me dit qu’ils sont désolés.
A peine repartis qu’à 11h25, la sonnette sonne de nouveau. Je retourne à la grille. Trois flics en civil, veste en cuir et sac à dos m’attendent avec un air blasé. L’un d’eux tire sur sa cigarette électronique.
Ils sont de la police judiciaire, mobilisés pour aller distribuer des arrêtés à droite à gauche.
Tout de suite ils me disent qu’ils trouvent que c’est n’importe quoi, disent qu’ils sont désolés, plaisantent en disant que je ne pourrais pas me promener à Vincennes aujourd’hui.
Je suis donc interdit le dimanche 7 mai 2017, entre 18h00 et 24h00 des 1er arrondissement et du bois de vincennes et, entre 16h00 et 02h00 le lendemain, des 10e, 11e, 19e et 20e arrondissement, à l’exception du parc de la Villette et des voies qui l’entourent
Chouette, je peux faire un pique nique au parc de la Villette !
En partant, l’un d’eux lance « J’espère qu’on ne se recroisera pas cet après-midi ». Je réponds que tout est possible.
Je n’ai qu’une question : qu’est-ce qu’on fait de toute cette merde ?
Je propose une réponse : R.E.V.O.L.U.T.I.O.N