Le 12 mai, soyons tous des casseurs

Un appel à manifester ce jeudi 12 mai, ensemble et solidaires quelles que soient nos pratiques.

Le mardi 10 mai, les débats avaient bel et bien commencé à l’Assemblée nationale mais sur fond d’une vaste mascarade parlementaire puisque les députés ne savaient même pas s’ils aboutiraient à un vote... Et c’est sans grande surprise que Manuel Valls a dégainé une fois de plus le 49.3 (la quatrième utilisation depuis le mandat de Hollande).
Rappelons tout de même que ce sont ces mêmes personnes qui étaient fermement opposé à l’utilisation de cet article dans le temps où ils étaient dans l’opposition... François Hollande, alors premier secrétaire du PS, le qualifiait de « déni de démocratie » pendant que Valls se posait en premier signataire d’une proposition d’abolition pure et simple de l’utilisation de cet article.
Mais ces gens là n’ont aucune parole ! Ils ont été élus sur un programme social où jamais il ne fût question d’attaquer le code du travail et le modèle social français. Ils ont considéré avec le plus grand mépris les opposants à cette loi et à son monde, faisant semblant de la négocier avec des syndicats d’une mollesse jamais atteinte auparavant (une CFDT déjà acquise à la cause patronale et libérale, une CGT qui n’a soutenu le mouvement que par la présence de leurs ballons et de leurs permanents mais le plus souvent sans préavis de grève, une UNEF opportuniste fidèle à elle-même...) et réprimant avec une extrême violence toute autre forme de contestation.

Beaucoup de nos camarades de luttes espèrent encore que la (les) motion(s) de censure déposées à l’Assemblée auront raison de cette loi scélérate et du même coup du gouvernement. Mais ne nous faisons pas trop d’illusions, les calculs sont déjà faits, les failles déjà trouvées et les magouilles politiciennes en cours. Par principe, les « frondeurs » du PS ne voteront pas la motion de la droite (rappelons que ceux-là estiment que cette loi ne va pas « suffisamment loin », allez savoir ce qu’ils vont nous concocter quand ils reviendront au pouvoir...), ne seront pas en mesure d’en proposer une eux-mêmes et que surtout, ils ne vont probablement pas jouer leur place « au soleil ».

Non, c’est sur nous-mêmes qu’il faudra compter, maintenir la pression quoi qu’il se passera chez les oligarques. Car cette mascarade est observée à l’extérieur, l’image que renvoient ces politiques et les évènements de ces dernières heures et la conduite de nos « dirigeants » ces dernières années doivent suffire à expliquer le désintérêt grandissant des Français pour le jeu électoral. Nous sommes conscients que ces gens ne règleront pas nos problèmes, quel que soit leur bord politique, et à côté de ça, nous sommes dans la rue depuis plus de trois mois, nous le peuple, ou du moins une fraction du peuple, celui que ces gens sont censés servir, représenter et qu’au lieu de ça il méprise, manipule et matraque.

La répression a été d’une violence rarement atteinte dans les mouvements sociaux de ces 20 dernières années (même les affrontements connus lors du mouvement CPE passent aujourd’hui en second plan sur l’échelle des violences policières). Et les grands médias s’engouffrent bien évidemment dans la brèche préférant axer leurs reportages sur la violence des « casseurs » et négliger le fond du problème (comme d’habitude). Mais la violence des autonomes est, comme tous les manifestants un peu « attentifs » ont pu s’en rendre compte, la juste réponse aux violences policières et institutionnelles incessantes. Une juste réponse aux attaques d’un monde qui nous précarise toujours plus, qui va toujours dans le sens des mêmes. Une juste réponse à un pouvoir violent qui, incapable de tenir ses promesses au peuple qui a bien voulu l’élire, le méprise et l’insulte. Nous cassons les banques car elles jouent avec nous, elles nous volent et volent même ceux qui n’ont plus rien. Nous cassons les multinationales car elles symbolisent ce monde d’exploitation humaine que nous ne voulons plus. Nous nous en prenons à la police d’abord car elle s’en prend à nous et par ce qu’elle symbolise : des pions ultra-violents entre nous et ceux qui bafouent le fondement même de la démocratie.

Des « casseurs », des « non violents », des organisations syndicales qui ont déjà prévu de collaborer avec la police pour que la manifestation « se passe bien », des hippies adeptes de sit-in, des lycéens, des étudiants, des travailleurs, des chômeurs, des politiques... nous serons tous dans la rue ce jeudi 12 mai. Nos moyens d’action diffèrent mais notre ennemi est commun et nos objectifs (du moins à court terme) sont les mêmes. Ce jeudi 12 mai, nous devons être solidaires, accepter et soutenir tout moyen d’action envisagé. Face à un monde, à un système violent, certains ont choisi la violence en retour et qu’on l’approuve ou pas, on ne doit pas laisser le pouvoir nous désolidariser de camarades ayant choisi cette voie.

Ce jeudi 12 mai, comme le 1er mai, soyons tous des casseurs !!!

Mots-clefs : grève | manifestation
Localisation : Paris

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